QUALITÉ DES LOGEMENTS. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a rendu hommage au travail des architectes, ce 14 octobre 2021, à la Cité de l'architecture et du patrimoine. Elle lançait, avec Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, un appel à manifestation d'intérêt sur la qualité du logement de demain.

"Nous n'avons jamais eu autant besoin d'architecture et d'architectes" : c'est la conviction partagée par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture. Elle s'est exprimée, ce 14 octobre 2021, en ouverture des Journées nationales de l'architecture, à la Cité de l'architecture et du patrimoine (Paris). La crise sanitaire a fait émerger des préoccupations telles que la recherche d'une meilleure qualité de vie et l'exigence de respect de l'environnement. Le travail des architectes se trouve au "croisement" de ces évolutions, a-t-elle rappelé. Nombre d'entre eux en sont conscients depuis des années, et n'ont pas attendu la crise pour l'intégrer dans leur manière de pratiquer leur métier. "J'ai été impressionnée de constater à quel point les architectes avaient anticipé ces changements et revu leurs façons de voir et de faire", a continué Roselyne Bachelot. "Un nouveau paradigme de l'architecture est en train de se constituer, pleinement en phase avec les attentes de la société." Prenant comme exemple l'obtention du prix Pritzker par Lacaton et Vassal, "chantres de de l'économie de moyens", elle assure que "l'architecture française est décidément sur la bonne voie". Quoi qu'il en soit, force est de constater que les multiples alertes sur la diminution de la qualité des logements, lancées par des architectes, notamment au moment des débats autour de la loi Elan en 2017-2018, résonnent particulièrement aujourd'hui. Au point que la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, a annoncé ce 14 octobre un conditionnement du dispositif Pinel à taux plein à des critères précis de qualité d'usage des logements.

 

"A présent, nous attendons des actes forts", Christine Leconte (Cnoa)

 

Il y a déjà plusieurs années que les architectes, dont Christine Leconte lorsqu'elle était présidente du conseil régional de l'ordre des architectes d'Île-de-France (Croaif), alertent sur la baisse de la qualité d'usage des logements et les surfaces diminuées des pièces de vie. Une préoccupation qui, aujourd'hui, est au cœur de l'actualité, puisqu'elle modèle une partie du projet "Habiter la France de demain", présenté par Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. "Cela a été un long parcours, depuis la loi Elan jusqu'à ces annonces", réagit Christine Leconte, aujourd'hui présidente du conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), questionnée par Batiactu. "C'est la première fois, dans un programme d'innovation qui concerne la qualité des habitations des Français, que les ministères du Logement et de la Culture agissent de concert. Nous attendons à présent des actes forts. Les attentes des architectes sont importantes, car pour beaucoup ils innovent déjà, sans avoir attendu pour cela le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt. Quoi qu'il en soit, voir le gouvernement aller dans cette direction nous ravit." La présidente du Cnoa espère également que le logement prenne toute sa place dans la campagne présidentielle.

 

Un appel à manifestation d'intérêt lancé

 

Au sujet de la qualité des logements, le gouvernement a souhaité suivre l'une des préconisations du rapport Lemas, en lançant un appel à manifestation d'intérêt (AMI) baptisé "Engagés pour la qualité du logement de demain". "Cet AMI retiendra 100 projets qui bénéficieront d'un sceau d'excellence. Vingt d'entre eux feront l'objet d'un accompagnement au sein d'un incubateur. Une des innovations du programme réside dans sa capacité à interroger l'ensemble de la chaîne de la production du logement", a expliqué Roselyne Bachelot. Un label spécifique sera attribué aux opérations retenues.

"La lutte contre les passoires thermiques ne peut pas se faire sans la prise en compte de la dimension patrimoniale et de la qualité du bâti", Roselyne Bachelot

 

La ministre s'est également exprimée sur l'évolution du métier d'architecte dans un tel contexte. Le 'programme' semble être le suivant : économie de matériaux, respect de l'environnement, intérêt pour la rénovation et la réhabilitation plutôt que pour la démolition/reconstruction. Sans conserver 100% du patrimoine bâti ancien, dont une grande partie est frappée d'obsolescence, il faudra trouver des moyens, collectivement, pour donner une "nouvelle vie" à un maximum d'édifices. Le tout en se formant davantage, lorsque c'est nécessaire, à l'emploi des matériaux biosourcés et au réemploi. C'est également en tant que prescripteur de travaux de rénovation thermique, rôle qui ne lui est pas habituellement attribué aujourd'hui, que l'architecte pourra aussi développer son activité. "La lutte contre les passoires thermiques ne peut pas se faire sans la prise en compte de la dimension patrimoniale et de la qualité du bâti", observe la ministre.

 

Charge aux établissements d'enseignements de l'architecture de prendre la mesure de ces enjeux et d'adapter leurs formations en fonction. Pour les soutenir dans cette tâche, ils pourront notamment s'appuyer sur l'observatoire de l'économie de l'architecture, qui sera mis sur pied le 15 novembre prochain. "Cette structure, dont la création avait été préconisée dans le rapport 'Valeur de l'architecture', permettra d'adapter la formation dispensée par les Ensa à la réalité du marché du travail de l'architecture, tout en apportant des données et connaissances précises sur cette filière", a détaillé Roselyne Bachelot. Un point d'autant plus significatif que la profession a beaucoup souffert de la crise sanitaire.

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