Le président de l'association était hier soir à l'Ecole d'architecture de Versailles. Aux étudiants, il a déclaré : " Vous êtes les architectes de l'urgence de demain ".

Moins de deux ans après sa création, l'association Les Architectes de l'urgence peut se vanter d'un beau succès. A l'origine de cette aventure, qui " redore le blason de la profession ", selon les propres termes de Patrick Coulombel, le président de l'association, au dernier Congrès de l'UNSFA, le pari de deux amis architectes.

Après avoir visité plusieurs pays et rencontré, notamment à l'UIA à Berlin, des centaines de confrères du monde entier, le président de l'association tire une première conclusion : " Il existe une volonté dans le monde entier, mais la mise en place d'un réseau pérenne n'avait jamais réussi avant nous ".

Pour autant, Patrick Coulombel ne tire aucun satisfecit de son engagement. Cet homme d'approche difficile mesure assez l'étendu de la tâche qu'il reste à faire et du chemin qu'il reste à parcourir. Les traits tirés par la fatigue, ce directeur d'agence, à Amiens, n'a pas pu prendre de vacances l'été dernier, comme il le souhaitait.

" Les inondations qui ont ravagé toute l'Europe ne nous ont pas laissé le choix. Nous sommes partis sur le champ et nous avons fait ce que nous avions à faire. Aujourd'hui, je me permet de prendre un peu plus de temps pour mon agence, et aussi pour moi ", a-t-il avoué aux étudiants pour ne pas leur cacher ce qui pourrait les attendre s'ils acceptaient de le rejoindre.

L'amphithéâtre de l'Ecole d'architecture de Versailles était plein et le silence aurait laissé entendre le vol d'une mouche. Patrick Coulombel a capté l'attention des élèves et les a maintenu en haleine pendant une heure et demi. Après quoi, il a répondu aux nombreuses questions qu'ils lui ont posé sans reculer devant la franchise.

" Je ne veux pas vous cacher la vérité. Je vous considère comme des architectes, et surtout, comme les architectes de l'urgence de demain. Le monde ne pourra pas faire l'économie de la mise en place à l'échelle internationale d'une structure comme la notre ". L'accueil qui a été réservé à cette association dans les différents pays (Afghanistan, Turquie, Hongrie, Allemagne, Roumanie, République Tchèque etc) où elle s'est rendue en atteste.

" Il y a beaucoup de travail, et plus encore. Arriver deux jours après une catastrophe, c'est déjà bien. Mais avoir mis en place à l'avance une structure, sur place, c'est mieux. Et puis, il y a tout ce dont on ne parle pas, comme les bidonvilles, les camps de réfugiés, officiellement temporaires, mais qui s'installent dans la durée ".

L'objectif de Patrick Coulombel, désormais reconnu par les gouvernements internationaux comme par l'Ordre des Architectes, l'UIA ou l'UNSFA, est la mise sur pied d'un réseau mondial d'architectes de d'urgence.

" Nous sommes en train de mettre en place une formation. La sécurité civile française est déjà demandeuse, mais nous allons l'offrir aux architectes, ingénieurs, psychologues de tous les pays qui en feront la demande. Car être architecte est une chose, savoir parer au plus pressé, prendre la bonne décision quand une habitation menace de s'effondrer ou diriger plusieurs centaines de bénévoles sur un site de plusieurs hectares, c'est autre chose ".

En guise de conclusion, l'architecte a souligné quelque belle victoire, comme la gestion de la catastrophe AZF. " Bien sûr, les autorités locales sont parfois désagréables quand on arrive avec des chiffres exacts qu'elles n'ont pas, ou quand l'on réussi ce qu'elles ne savent pas faire. Mais ce qui compte, c'est de réussir notre pari et d'aider les gens tout en faisant de la prévention. Je pense aux règles d'urbanisme par exemple ", a-t-il lancé sur un ton mi-amusé, mi-attristé.

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