RELANCE. Un plan dans lequel n'apparait pas une seule fois le mot "architecture", des rénovations thermiques qui risquent de se faire "au rabais"... Christine Leconte, présidente de l'Ordre francilien des architectes (Croaif), pointe les défauts du plan de relance annoncé ces dernières semaines.

Christine Leconte, présidente de l'Ordre des architectes en Ile-de-France, juge qu'il "manque une dimension" au plan de relance annoncé par le Gouvernement. Elle l'a fait savoir à l'occasion du point de rentrée du Croaif, le 23 septembre. Ce plan a, en effet "une forte dimension financière", mais pas de "dimension sociale ou écologique forte ancrée dans notre culture". Elle en veut pour preuve que "le mot architecture n'apparaît pas dans ce plan. Le mot urbanisme, je ne sais pas".

 

Or, pour la présidente du Croaif, "la période particulière qu'a été le confinement a montré de manière criante les besoins" en matière de logement : "avoir une vraie cuisine, que les enfants puissent travailler dans leur chambre, avoir un espace extérieur…". Et l'architecte de rappeler qu'"à coût égal du logement, on a perdu dix mètres carrés, soit une pièce, en dix ans".

 

Comment éviter les "rénovations au rabais" ?

 

Le plan de relance, qui consacre, ces deux prochaines années, 7 milliards d'euros à la rénovation des Bâtiments, dont 2 milliards pour le logement via MaPrimeRénov, est-il susceptible d'apporter une solution au problème ? "Barbara Pompili [ministre de la Transition écologique] a dit que la rénovation des bâtiments serait écologique et pas seulement énergétique, mais on ne sait pas comment ça va être possible vu les faibles moyens consacrés, dans les faits, à la rénovation d'un logement".

 

Il faudrait mettre "de l'ingénierie en amont" des rénovations, estime l'architecte, pour que ce soit plus qu'une question thermique. "Si on ne profite pas des travaux pour ajouter une pièce dans les maisons, ou un local vélo, par exemple, dans les copropriétés, on se dirige vers des rénovations tous les 20 ans, sans répondre aux besoins". Et d'ajouter qu'il faudrait faire les rénovations "à l'ilot plutôt qu'à l'immeuble, pour intégrer l'indispensable végétalisation, ou encore les usages".

 

Par ailleurs, si le Croaif est "satisfait" de l'ouverture de MaPrimeRénov aux copropriétés, comme il le demandait dans un document paru en février, l'Ordre fait part de son "inquiétude, car sans accompagnement, le dispositif ne sera probablement pas opérant", vu la complexité des processus de décision dans les copropriétés. Les architectes demandent que les professionnels, architectes et bureaux d'études, et surtout les acteurs des copropriétés (syndics, conseils syndicaux), puissent être formés.

 

Bâtiments publics : éviter le "critère prix", qui favorisera les moins-disant

 

En ce qui concerne les équipements de l'Etat et des collectivités, auxquels sont consacrés 4 milliards d'euros, Christine Leconte demande "des rénovations exemplaires" et alerte sur le risque que les candidats soient choisis sur le critère prix. En effet, le code des marchés publics n'impose pas de passer par concours pour les rénovations. Ce critère favorisera les projets moins-disant, alors que le choix doit dépendre "des compétences environnementales des candidats, de la qualité et des moyens alloués au diagnostic, ou encore de la connaissance du patrimoine en question".

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