SANTE. Chargée d'évaluer les effets sanitaires de la 5G, l'Agence nationale de sécurité sanitaire a confirmé dans un rapport l'absence de risques liés à la santé. D'autres recherches devront être réalisées pour la bande de fréquence 26 GHz.

La controverse autour de la 5G va-t-elle cesser ? Les risques concernant cette technologie de téléphonie mobile, suspectée pendant longtemps d'avoir des répercussions sur la santé et l'environnement, viennent d'être écartés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Dans un rapport rendu public ce mardi 20 avril, l'agence a affirmé que cette génération de réseaux mobiles ne représente "pas de risques nouveaux" pour la santé.

 

Vers plus de campagnes de mesures d'exposition

 

Ces premières analyses montrent qu'il est "peu vraisemblable" que la 5G constitue un risque supplémentaire pour la santé. Celle-ci est déployée sur le territoire français uniquement sur les bandes de fréquences allant de 700 Mhz à 3,5 GHz. Pour ce qui concerne les bandes de fréquences déjà utilisées par les opérateurs de téléphonie mobile depuis plusieurs années (700 Mhz à 2,1 GHz), l'Anses juge que "la situation en matière de lien entre exposition aux radiofréquences et effets sanitaires pour les fréquences d'intérêt pour le déploiement de la 5G est, en l'état des connaissances, comparable aux bandes utilisées pour les générations précédentes".

 

Le comité d'experts a affirmé que les campagnes de mesures d'exposition restent importantes. Une recommandation que le gouvernement dit soutenir, avec son plan de renforcement des contrôles d'exposition aux ondes, annoncé le 12 octobre dernier. 4.800 mesures spécifiques de la puissance d'émission des antennes, avant et après le déploiement de la 5G, vont être réalisées.

 

Des recherches encore à mener

 

L'Anses appelle également à mobiliser les efforts de recherches sur les effets de la 5G dans des bandes de fréquences 26GHz. L'agence ajoute en effet que "les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires liés à l'exposition aux champs électromagnétiques". Bien qu'elles ne soient pas encore ouvertes, elles pourraient bientôt être utilisées pour atteindre de très hauts débits.

 

"Ce rapport est évidemment une bonne nouvelle pour les industriels que je représente, qui déploient la 5G pour le compte des opérateurs. Cet avis va rassurer la population et les élus qui sont à la manœuvre pour délivrer des autorisations de sites nouveaux", a attesté Etienne Dugas, président d'Infranum (Fédération des entreprises partenaires des territoires connectés), contacté par Batiactu.

 

Lutter contre la fracture numérique

 

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, s'est, quant à elle, réjouie dans un communiqué : "Tout déploiement d'une nouvelle technologie, pour être accepté, nécessite d'être soutenu par la réalisation d'études sanitaires et environnementales documentées. C'est le travail que nous avons engagé d'une part avec l'Anses sur les bandes 700 Mhz et 3,5 GHz et que nous allons poursuivre avec la bande 26 GHz, non utilisée à ce jour."

 

Le déploiement de ces réseaux mobiles est considéré comme "capital {...] pour assurer la compétitivité des entreprises françaises" et "lutter contre la fracture numérique qui isole nombre de nos concitoyens ", selon le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

 

Bientôt des voitures autonomes grâce à la 5G ?

 

 

"La différence majeure affichée entre la 5G et les réseaux mobiles de générations précédentes est la quantité beaucoup plus importante de données qui devrait pouvoir être échangée sans engorgement des réseaux", a expliqué l'Anses, dans un communiqué. À l'heure de la massification du télétravail, de la télémédecine et de l'éducation en ligne, cette technologie permet notamment de transmettre et télécharger de grandes quantités de données en un temps beaucoup plus court. Elle permet aussi le développement de technologies telles que les objets connectés, la voiture autonome ou encore l'usine automatisée.

 

Le déploiement de la 5G n'a cessé de faire des remous en France. Deux organisations non-gouvernementales avaient, en janvier 2020, déposé un recours en justice contre l'appel à candidature lancé en décembre 2019 pour l'attribution des fréquences 5G. Elles avaient également pointé la hausse de la consommation énergétique survenue par le déploiement de ce réseau mobile, qui pourrait représenter une augmentation de 2% de la consommation d'électricité de France.

 

Rattraper le retard de la France

 

Certaines villes s'étaient également érigées contre le déploiement de cette technologie, à l'instar de la municipalité de Lille qui avait adopté en octobre 2020 un moratoire, qui prévoyait de surseoir à "toute autorisation" d'antennes jusqu'à la publication en 2021 du rapport de l'Anses. Le président d'Infranum, Etienne Dugas, confirme qu'il était "compliqué" de déployer ces réseaux, suite aux multiples mobilisations de collectifs, d'ONG et d'élus.

 

Un déploiement qu'il juge pourtant "inévitable. La 5G va désaturer les antennes 4G. C'est un changement de paradigme." S'il observe une accélération de l'installation de la 5G, le défi "reste d'obtenir les autorisations pour les nouveaux sites, bien que quelques collectivités aient levé leur moratoire. C'est capital que l'industrie française rattrape son retard par rapport à ses concurrents américains et chinois. La 5G arrive au bon moment pour que les industriels déploient les effectifs présents sur la fibre pour la 5G."

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