TECHNOLOGIE. Deux organisations non-gouvernementales ont annoncé ce 24 janvier 2020 vouloir déposer un recours en justice contre l'appel à candidature lancé en décembre 2019 pour l'attribution des fréquences 5G. Une pétition contre le déploiement de cette technologie controversée a aussi été lancée.

Friture sur la ligne. Ce 24 janvier 2020, deux organisations non-gouvernementales (ONG), Agir pour l'environnement et Priartem-Electrosensibles de France, ont annoncé vouloir déposer un recours en justice contre l'appel à candidatures lancé en décembre 2019 pour l'attribution des fréquences 5G. Une pétition contre le déploiement programmé de cette technologie de téléphonie mobile controversée a aussi été lancée le même jour. Bien qu'elle doive permettre de transmettre de très grandes quantités de données en un temps beaucoup plus court, et ainsi ouvrir la voie à d'autres technologies comme la voiture autonome, l'usine automatisée ou encore les objets connectés, elle est aussi suspectée d'avoir des répercussions sur la santé et l'environnement. "On inverse les choses : on prend la décision et on réfléchit après (...). On ne dispose quasiment d'aucun élément sur les évaluations sanitaires et environnementales", a affirmé le délégué général de l'association Agir pour l'environnement, Stephen Kerckhove, à l'AFP.

 

 

Les deux ONG ciblent donc l'arrêté publié au Journal officiel du 31 décembre dernier, qui a permis à l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) de lancer la procédure d'attribution des fréquences radio comprises entre 3,4 gigahertz et 3,8 GHz. Le recours serait déposé devant le Conseil d'Etat d'ici la mi-février, ou dans tous les cas avant le 25 février, date jusqu'à laquelle les opérateurs peuvent candidater aux enchères.

 

Pas d'évaluation environnementale ni de principe de précaution

 

 

Les deux associations déplorent l'absence d'évaluation environnementale et exigent l'application du principe de précaution s'agissant de l'exposition aux ondes. Mais, plus largement, elles mettent aussi en cause les conséquences sociétales : "La 5G, c'est l'hyperconnectivité de tout et de tous, c'est une bascule de la société. Et l'Homme dans tout ça ?", s'interroge la présidente de Priartem, Sophie Pelletier. La pétition intitulée "Stop à la 5G", mise en ligne par ces deux ONG, pointe notamment la hausse de la consommation énergétique induite par le déploiement de ce nouveau réseau mobile. "La consommation d'énergie des opérateurs mobiles serait multipliée par 2,5 à 3 dans les cinq ans à venir", ce qui représenterait "une augmentation de 2% de la consommation d'électricité du pays", avaient d'ailleurs estimé deux membres du groupe de réflexion The Shift Project, Jean-Marc Jancovici et Hugues Ferreboeuf, dans une tribune publiée dans Le Monde début janvier. La fabrication des terminaux, serveurs et autres objets connectés compatibles nécessitera également une certaine quantité d'énergie.

 

De son côté, l'Arcep a reconnu qu'un débat sur les "enjeux de société" soulevés par ces "réseaux du futur" était nécessaire. Des consultations avec les parties prenantes ont été annoncées, avant une journée d'échanges prévue début juin. "C'est le bon timing pour un débat de société sur les questions d'environnement, de souveraineté ou d'exposition aux ondes", a déclaré son président, Sébastien Soriano, à l'AFP. Quoi qu'il en soit, la technologie va se développer "petit à petit" et les nouvelles fonctionnalités induites ne devraient pas arriver dans l'Hexagone avant 2022, voire 2023. "Usuellement, quand il y a une nouvelle technologie, l'Arcep est plutôt dans le camp des techno-enthousiastes (...), là bien sûr il ne s'agit pas de passer dans le camp des techno-sceptiques mais on recule d'un cran, notre volonté c'est d'entrer dans ce débat de manière vraiment neutre", a-t-il également assuré.

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