CONJONCTURE. Ralentissement de la croissance, moral des Français en berne et érosion des dispositifs publics en faveur de l'accession...voici le cocktail de l'année immobilière 2018, marquée par le repli après une année 2017 prometteuse.

Lors de la présentation de son baromètre annuel, l'association LPI a synthétisé l'état d'esprit au sortir de cette année 2018, où l'environnement du marché immobilier s'est nettement dégradé. En cause, un contexte macroéconomique de ralentissement de la croissance, et un chômage important qui inquiète les ménages français dont le moral a nettement baissé.

 

Dans cette morosité ambiante, "il y a tout de même quelques rayons de soleil", a assuré ce mardi le porte-parole de LPI Michel Mouillart. Fait paradoxal aux réticences à l'accession : les taux de crédits n'ont cessé de baisser, de 1,51 % en 2017 à 1,45% à l'automne 2018. Mais l'effet d'aubaine n'a toujours pas eu l'effet escompté, puisque l'année 2018 a vu un recul de 6% des demandes de crédit.

 

Cette tendance baissière traverse également les prix des logements anciens à l'échelle nationale, quoi que contenue depuis janvier 2015. Alors que la courbe des prix a connu une hausse rapide au cours de l'année 2016, elle est finalement redescendue au cours de l'année 2017 pour atteindre aujourd'hui un taux d'évolution de +2,8%.

 

Durant cette même période, le marché de l'immobilier neuf a connu une relative stabilité des prix, plafonnée entre +2% et 3,2% fin 2017. L'année 2018 est marquée quant à elle par un ralentissement de la hausse des prix, atteignant +2,3% au dernier trimestre.

Rennes et Bordeaux surfent sur l'effet LGV

Mais en déplaçant la loupe, région par région, la réalité des prix se montre plus contrastée et révèle "une France coupée en 2". Si le cas francilien n'est plus à discuter (avec une hausse de 2% pour 5126 euros du m² en moyenne), les marchés bretons et aquitains tirent leur épingle du jeu, et affichent des prix immobiliers qui côtoient presque ceux de la région-capitale.

 

Pour Michel Mouillart, citant Rennes et Bordeaux, "la façade ouest a gagné en attractivité et bénéficie indéniablement d'un effet LGV". Desservie en moins d'1h30 par la ligne Bretagne - Pays de la Loire, Rennes témoigne d'une hausse soutenue des prix et d'une croissance à deux chiffres. Cela reflète aussi "un fort développement économique, l'arrivée de nouvelles activités sur le territoire qui ne sont plus de petites activités industrielles mais des services et de la haute technologie", développe le porte-parole de la LPI.

 

Constat similaire à Bordeaux, dont la distance depuis Paris a également été nettement raccourcie. L'expert immobilier Neil Narbonne en veut pour preuve que "cette année, nous avons énormément vendu nos biens par mails, et sommes arrivés au point où il y a plus d'acheteurs que de biens". Paris n'aurait bientôt plus grand-chose à envier à Bordeaux : "dans la capitale, on connaît la colocation en centre-ville dans 40 m² à quatre. On y vient à Bordeaux", illustre Neil Narbonne. Ce constat d'une ville rendue presque inaccessible se déporte ainsi sur sa voisine Pessac, qui se situe cette année en tête du podium des plus fortes hausses des prix avec +20%.

 

Prévisions maussades pour 2019

 

Face à ces deux métropoles qui ont connu une explosion des prix, le bilan annuel de LPI se veut nuancé en rappelant qu'un quart des villes de plus de 100.000 habitants affichent au contraire un recul des coûts d'acquisition. Parmi lesquelles figurent Perpignan, Mulhouse, ou Brest, "où les biens ne sont pas d'une extrême qualité, et les centres-villes en attente de revitalisation ", explicite Michel Mouillart.

 

Après cette année 2018 au ralenti pour les propriétaires de biens comme les candidats à l'accession, qu'attendre de l'échéance 2019 ? Selon de premières prévisions, le baromètre LPI-Se Loger envisage "une hausse probable des prix, à un rythme modéré, de 2 à 2,5% dans l'ancien". Une estimation qui n'est pas à graver dans le marbre, car comme le rappelle Michel Mouillart, "tout dépend de l'évolution des conditions d'octroi des crédits". Sur le maintien de taux avantageux, "ma boule de cristal est un peu terne", concède-t-il.

 


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