Le programme d'aide financière de l'Union européenne "Urban", qui a permis des centaines de projets dans des quartiers sensibles en Europe (construction de squares, de centres sociaux, etc), pourrait être remis en cause par l'élargissement à dix pays.

"La vie au quotidien a vraiment changé: les mamans peuvent promener leurs enfants, l'été les habitants s'y retrouvent, la délinquance a diminué", assure Olivier Corbineau, chargé de mission à la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS), en expliquant in situ la métamorphose d'une cité du quartier du Neuhof, après la démolition d'un immeuble de 8 étages l'an dernier.

A la place de l'immeuble, surnommé l'"autogrill" en raison des nombreuses voitures régulièrement brûlés au pied de l'édifice, est né un square doté d'un petit terrain de sport, d'une aire de jeux pour "les petits" et d'un lieu de rencontre pour "les grands".
Coût de ce nouvel "espace public": 750.000 euros, dont 35% financés par "Urban", précise M. Corbineau devant la centaine de participants à un séminaire sur l'avenir de l'aide européenne aux zones urbaines en difficulté, en visite jeudi dans les quatre quartiers strasbourgeois en ayant bénéficié.

Venus de dix pays, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne, ces acteurs de l'application du programme Urban, réunis pour la première fois au niveau "transnational", se sont retrouvés cette semaine durant trois jours, de mercredi à vendredi, au Parlement européen à Strasbourg, pour échanger leurs expériences et surtout exprimer leurs craintes.
"Quelles seront les conséquences de l'élargissement de l'Union européenne sur la répartition des fonds structurels ? Quelles seront les choix de la Commission européenne ?", s'interrogent-ils.
"Sur les documents dont nous avons pu disposer, rien n'est mentionné précisément à ce sujet, pas même dans le projet de constitution qui fait référence à l'objectif de cohésion et à la promotion du développement dans les zones rurales, mais pas dans les zones urbaines", s'inquiète Olivier Bagarri, chargé de mission à la CUS.
"Sans intervention politique, le fossé social déjà très important va continuer à se creuser", pronostique-t-il, indiquant que "80% de la population de l'Union européenne vit en ville".

Ces inquiétudes ont été formulées de vive voix mercredi soir au commissiare européen chargé de la politique régionale, Michel Barnier, qui a fait une apparition éclair au séminaire, mais dont le discours n'a pas forcément rassuré.
"Vous n'avez pas besoin de me convaincre du succès d'Urban", a-t-il affirmé. Mais concernant son maintien, "je n'ai pas achevé ma réflexion", a-t-il ajouté, s'engageant toutefois à "utiliser les acquis du programme".

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