La Maison des Associations du 18ème arrondissement de Paris a ouvert ses portes cette semaine. La parole associative, à la fois singulière et plurielle, se reflète dans l'accumulation d'espaces différenciés.

Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, s'est engagé dans son contrat de mandature à soutenir le développement de la vie associative, notamment en ouvrant une Maison des Associations par arrondissement (cinq sont déjà ouvertes, deux autres le seront avant la fin de l'année). Ces lieux sont destinés à faciliter la vie quotidienne de centaines d'associations dans des espaces de réunions conviviaux.

Le 18ème arrondissement de Paris recense 600 associations. Une centaine d'entre elles vient d'emménager dans ce qui est désormais leur «maison». Son auteur, l'architecte Richard Scoffier, explique que le projet s'inscrit dans le programme de réhabilitation d'un îlot assez dense, aux constructions atypiques. Pour sortir cet ancien bâtiment industriel de cet amas hétérogène, l'architecte a créé une enveloppe externe simple et anguleuse, facilement identifiable depuis le croisement de la rue Marcadet et du passage Ramey.

Les façades sont traitées avec dynamisme : sur rue - le côté des bureaux - le retrait des fenêtres verticales crée une aspiration centrifuge tandis que sur cour - le côté des salles de réunions - les fenêtres horizontales disposées sur le nu extérieur du mur donnent plutôt une sensation d'ouverture centripète. L'ensemble est unifié et protégé par un bardage de panneaux lisses et blancs de Trespa (mélange de bois et de résine), dont le calepinage rappelle l'assemblage de pierres monolithiques. L'accueil au rez-de-chaussée est clairement conçu comme un soubassement avec un système d'ailettes en aluminium, rappelant les joints creux horizontaux des socles classiques en pierre.

Les espaces internes sont plus complexes et plus organiques. Des volumes de formes différentes contenant les circulations, les salles de réunion et les bureaux s'intercalent dans la trame constructive existante, comme autant d'organes dans leur squelette. Ils dissimulent l'ancienne structure industrielle (poteaux, poutres béton et charpentes, début du XXème siècle). Conçues comme des coquilles vides, l'architecte a voulu que «les volumes restent lisses, plafond et sol s'affirmant comme deux grandes mains protectrices, l'une absorbante et éclairante, l'autre réfléchissante et chauffante». En effet, les luminaires et les absorbants phoniques sont encastrés dans les plafonds, quant aux câbles chauffants, ils sont intégrés dans les chapes en béton des sols.

Finalement précise l'architecte, «le bâtiment cherche à s'affirmer exclusivement comme un lieu de la parole ; non le lieu unique d'une parole universelle, eucharistique, mais comme l'accumulation d'espaces différenciés répondant à une parole à la fois singulière et plurielle». La Maison des Associations peut donc être assimilée à une «agora», à un ensemble de forums démocratiques condensés dans un volume unique. L'ampleur des surfaces vitrées suggère un déroulement des débats en plein air, suivant ainsi la tradition antique. Les grandes volées du magistral escalier métallique qui vient occuper la presque totalité de la cour aurait pu servir de tribune, il n'est en fait que l'escalier de secours.

Répartition des espaces de la Maison des Associations du 18ème arrondissement (700 m2, trois niveaux plus un sous-sol) :
- quatre salles de réunion de près de 40 m2 chacune, modulables par l'ouverture d'une cloison mobile en deux salles de près de 80 m2,
- cinq bureaux d'accueil et de travail pour les associations, avec téléphones,
-un accueil et un espace convivialité,
- une vaste salle de documentation et espace informatique équipé de cinq ordinateurs reliés à Internet,
- un local de reprographie,
- des boîtes aux lettres, des casiers de rangement, des panneaux d'affichage.

Biographie de Richard Scoffier :
Né à Nice en 1955, Richard Scoffier obtient son diplôme d'architecte à UP6 en 1980, et un DEA de philosophie à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) en 1984. Il collabore à l'agence de Christian de Portzamparc de 1985 à 1989 et participe ensuite à de nombreux concours (Maison du Japon, Europan III, Una Porta per Venezia...) avant d'obtenir, en 1991, les Albums de la Jeune Architecture et de réaliser, de 1997 à 2002, le Centre Musical d'Etouvie à Amiens. Maître assistant depuis 1992, il enseigne actuellement le projet et la théorie à l'Ecole d'Architecture de Versailles.

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