PLAN D'ACTION. Les trajets routiers pour rejoindre son lieu de travail et ceux réalisés en journée entre différents sites génèrent encore beaucoup d'accidents. Près d'une trentaine de professionnels du BTP y laissent leur vie chaque année. L'OPPBTP rappelle les mesures à prendre pour diminuer la première cause de décès devant les accidents liés à la hauteur.

Dans son plan stratégique Horizon 2020, l'OPPBTP, organisme de conseil en prévention, s'est fixé comme objectif cinq priorités dont "Diminuer les accidents graves et mortels". A ce titre, après s'être penché sur les risques liés aux travaux en hauteur, il s'intéresse aujourd'hui au risque routier. Ce dernier couvre l'ensemble des déplacements en véhicule, qu'il s'agisse de trajets entre le domicile et le travail, ou de déplacements de mission, réalisés dans la journée. Et il est source de très nombreux accidents.

 

Risque sociétal majeur en France, l'emploi de la route génère une forte mortalité, de l'ordre de 3.500 décès chaque année, ainsi que plus de 75.000 blessés. Pour le secteur du BTP en particulier, il constitue la première cause d'accidents graves et mortels si l'on inclue les trajets domicile-travail qui totalisent les trois-quarts des accidents, et la quatrième cause d'arrêt de travail. La situation s'est légèrement améliorée en 2015, avec une fréquence en recul de 11 % par rapport à 2014, mais Christophe Catheline, directeur adjoint des opérations à l'OPPBTP rappelle : "Il y a eu 26 décès suite à des accidents de trajet contre 30 en 2014, et 4.727 accidents entraînant un arrêt de travail contre 5.313 l'année précédente. Toutefois, il y a toujours un mort toutes les deux semaines, et nous avons donc encore du travail à faire". Car au-delà du bilan humain, les conséquences sont également financières pour les entreprises avec des coûts directs (franchise, réparation du véhicule, hausse de la prime d'assurance, cotisation des arrêts de travail) et indirects (immobilisation/remplacement du véhicule, désorganisation de l'activité, retard, perte de productivité).

 

Agir concrètement sur le terrain

 

Bien que le secteur du BTP soit mieux sensibilisé que les autres secteurs économiques sur la gestion des risques professionnels (ce qui se traduit par un indice de fréquence légèrement inférieur), les comportements individuels restent encore parfois dangereux : téléphone au volant, vitesse inadaptée, mauvais arrimage d'un chargement, consommation d'alcool ou de cannabis, etc. L'OPPBTP a donc identifié des leviers à actionner afin d'améliorer la situation des entreprises, notamment en leur faisant évaluer ce risque routier dans le cadre du Document Unique. "A l'heure actuelle 23 % des entreprises l'ont fait et seuls 10 % citent le risque routier comme étant à prendre en compte dans leur plan d'action", déplore Christophe Catheline. Plusieurs thématiques doivent être abordées : les aspects organisationnels en premier lieu, en optimisant les déplacements afin de les limiter en nombre, en durée ou en distance, en faisant livrer des matériaux par des professionnels qualifiés et équipés ou en organisant des services de co-voiturage voire de ramassage par minibus. Concernant les matériels, l'OPPBTP rappelle qu'il faut veiller au bon entretien du parc de véhicules, qu'il faut choisir un véhicule adapté et respecter les recommandations techniques du constructeur quant aux charges. Pour des questions liées à l'humain enfin, il est nécessaire que les entreprises s'assurent de l'aptitude à la conduite de ses employés et qu'ils respectent le code de la route, avec la possibilité de contrôler l'alcoolémie ou la prise de stupéfiants.

 

 

L'organisme annonce qu'il est disposé à accompagner toutes les entreprises le souhaitant en élaborant des plans d'actions et en organisant des sessions de sensibilisation ou de formation. Outre la mise à disposition d'outils spécifiques, un espace Internet propose d'intégrer le risque routier au Document unique des entreprises en quelques clics. Et l'OPPBTP propose des formations intitulées "Maîtriser le risque routier" et "Prév'action Risques routiers" de 2 à 4 heures, à destination des encadrants ou des opérateurs. Un dispositif qui a prouvé son efficacité comme le rappelle Christophe Catheline : "Une entreprise des Pays-de-la-Loire qui dispose d'un parc de 80 véhicules a été accompagnée et nous avons observé une baisse de 50 % du nombre d'infractions et une amélioration significative de la sinistralité matérielle". Les accidents ne sont donc pas une fatalité.

 

Les dix actions de prévention contre le risque routier :
- Limiter ses déplacements (optimisation entre le chantier, l'atelier, le bureau, le chantier et le lieu de restauration à midi)
- Rouler avec un véhicule en bon état (révisions et contrôles techniques effectués, vérification du fonctionnement des feux et du niveau des liquides)
- Vérifier l'état des pneumatiques (faire la pression au moins une fois par mois)
- Organiser le chargement (utilisation d'un véhicule adapté avec cloison rigide séparant la cabine du matériel, respect du PTAC, répartition des charges)
- Arrimer les charges (respecter les gabarits et limites de longueur, arrimer solidement aux points d'ancrages prévus, dans les quatre directions)
- Gérer sa fatigue (faire des pauses toutes les 2 heures, s'arrêter faire un somme de 15 minutes si nécessaire)
- Eviter les substances psychoactives (ne pas boire d'alcool, ne pas fumer de cannabis, ne pas conduire en cas de médication diminuant la vigilance)
- Respecter le code de la route (limitations de vitesse, respect de la signalisation)
- Garder une distance de sécurité (ne pas téléphoner au volant, rester concentré)
- Gérer les situations d'accident (ne pas provoquer de sur-accident, baliser la zone, porter le gilet de sécurité, appeler le numéro d'urgence 15, 18 ou 112)

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