L'Académie des Beaux-arts a remis ses prix d'architecture à trois professionnels de moins de 35 ans. Le concours, qui se réclame «en phase avec son temps», avait choisi pour thème cette année celui du développement durable. Les candidats étaient amenés à travailler à un «nouvel établissement humain : le trait d'union architectural».

Imaginez un trait d'union architectural, pour relier un nouveau territoire à une ville existante. C'est le défi qu'a relevé Vincent Champier, Grand prix d'architecture de l'Académie des Beaux-arts. La démarche de l'Académie «se propose d'apporter des réponses sur le devenir des villes contemporaines en posant d'abord la question des nouveaux territoires, puis celle de la greffe de l'existant, avant d'élargir la réflexion à l'échelle de la ville. Ces suggestions de programmes sont en phase avec les préoccupations actuelles de la maîtrise d'ouvrage la plus pertinente, qui tendent à ne plus dissocier la composante urbaine de la synthèse architecturale».

«J'ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur ce projet», indique Vincent Champier, qui a par ailleurs reçu le troisième prix de ce concours en 2007. «Je connais ce concours depuis que je suis entré à l'école d'architecture, j'ai grandi avec. C'est un plaisir que de pouvoir travailler comme chef de projet sur une de ses idées, on se pose nous-mêmes nos propres contraintes». Le thème choisi pour cette édition, «nouvel établissement humain : le trait d'union architectural» s'inscrit dans un cycle de trois ans entamé l'année dernière, consacré à l'approche d'un nouveau mode de vie durable. Il s'agissait de concevoir un territoire dans le cadre du développement durable, en tenant compte des économies sur les surfaces d'implantation, sur les énergies, sur la viabilité, avec une nouvelle répartition des espaces verts, des équipements sociaux et techniques, de la santé et des loisirs, etc.

Liberté
Le concours, sous la présidence de Michel Folliasson et de Claude Parent, est ouvert aux architectes de moins de 35 ans et comprend trois épreuves. «La plus grande liberté est laissée aux concurrents pour leur permettre d'inventer un nouveau territoire, fortement densifié et basé sur des économies aujourd'hui vitales», expliquent-ils.

C'est justement cette absence de contrainte économique et de lieu qui a séduit Fabrizio Esposito, troisième prix cette année. «En concours d'idées, c'est celui qui laisse le plus d'espace à la liberté d'expression. Mais du coup, c'est cette liberté qui est devenue une contrainte ! C'était l'occasion de se détacher du tout rentable pour rêver d'un monde meilleur», explique t-il. Le deuxième prix a été décerné à Solweig Doat, diplômée l'année dernière de l'école d'architecture Paris-Val de Seine. «Je souhaite voir un jour une femme gagner le Grand prix !», a commenté Claude Parent. «En architecture, de plus en plus de femmes sortent du troupeau de ces masculins pétris d'orgueil. La proportion monte, on aura bientôt un équilibre». Quant aux questions autour de l'aspect solitaire des architectes de ce concours, à une époque où de nombreux projets sont issus de travaux d'équipe, Claude Parent estime qu'en architecture, «la réponse est dans l'exaltation de la solitude».

Voir les projets lauréats

Les projets lauréats ainsi que les finalistes sont exposés du 3 au 9 octobre au Palais de l'Institut de France à Paris, de 10h à 17h du lundi au samedi

actionclactionfp