Le 23ème Congrès de l'UNSFA, qui se tenait du 17 au 19 octobre, se voulait fédérateur et prospectif. Le pari semble réussi : face aux problèmes que posent l'avenir, les architectes ont parlé d'une seule voix pour défendre leur profession.

Il y a tout juste un an, le programme d'action formulé par l'UNSFA, Union nationale des syndicats français d'architectes, commençait ainsi : " L'UNSFA entend valoriser le rôle social, culturel et économique de l'architecte et a la ferme intention de ramener le débat à son juste niveau : l'enjeu n'est pas le bonheur de telle ou telle profession mais celui du citoyen au travers de la qualité du cadre de vie qu'on lui propose et cela pose donc la questions des moyens que la société se donne pour produire cette qualité ".

Déjà, tout était dit, mais tout restait à faire. C'était le rôle de ce Congrès, dont le thème était " Des bonheurs d'architecture pour tous ", entendons pour l'ensemble de la société. En fond de décor se lit la grande idée de la loi de 1977 à savoir la reconnaissance de l'architecture comme d' " utilité publique ". Et cette reconnaissance semble aujourd'hui oubliée.

A l'origine des craintes des architectes, la relance par le gouvernement de programmes d'urgence avec le recours aux " concours conception-construction ", dans le cadre des lois de programmation pour la justice ou pour la sécurité intérieure. Ce principe vient à l'encontre de la loi MOP, qui fixe les règles de la maîtrise d'œuvre publique. Ce type de concours retire à l'architecte son indépendance vis à vis des autres agents de la construction, comme le maître d'ouvrage ou le promoteur. C'est aussi laisser le champs libre aux grosses entreprises qui concentrent tous les acteurs de la construction, comme Bouygues Construction, Vinci ou Eiffage. Enfin, si les très gros chantiers sont retirés aux architectes " indépendants ", alors que le seuil de recours à un architecte, bloque l'accès aux petits, les architectes craignent pour leur profession.

Les interrogations se suivent à partir du constat de la remise en cause de la loi MOP. " Quelle confiance accorder à un gouvernement qui abandonne la qualité architecturale au profit des intérêts des investisseurs privés ? Faut-il laisser brader l'urbanisme de nos villes et villages ? ", pouvait-on entendre à Dijon.
L'urbanisme est un problème pris très au sérieux par la profession. Actuellement, la gestion du paysage et de l'environnement revient à des urbanistes professionnels, qui sont issus d'un concours national, ouverts à des universitaires ou à des ingénieurs. Les architectes en sont généralement exclus, la notion même d'architecte n'existant pas dans la nomenclature officielle. Or les architectes se sentent concernés au premier chef par cette notion, en tant que constructeur, et tout à fait capables, par leurs études comme par leur expérience, de chapoter ces études d'urbanisme. Le Congrès de Dijon a aussi permis de nouer une conversation entre les représentants publics et les architectes sur cet épineux problème, et en particulier sur la nécessité de former davantage les étudiants à l'urbanisme, tout en cessant de se reposer exclusivement sur les ingénieurs.

Pas de surcoût architectural
" Faut-il accepter que les concepts de développement durable et coût global soient réduits aux intérêts des grands groupes ? Faut-il accepter la concurrence déloyale des services publics de maîtrise d'œuvre ( loi MURCEF) ? " On pourrait multiplier encore le nombre de questions soulevées en trois jours. Mais ce qu'il restait à dire, pour les architectes, était bien que leur profession souffrait d'un déficit de confiance et d'intérêt. " Lorsque notre voiture est en panne, on va voir le garagiste, lorsque l'on est malade, on va voir le médecin, mais lorsque l'on veut construire, on ne va pas voir l'architecte. Pourquoi ? " Ainsi a commencé le discours de François Pélegrin, président de l'UNSFA. " Il faut mettre les jeunes générations en appétit d'architecture ", a-t-il proposé comme solution, ce qui passe à la fois par un enseignement, par un recours systématique à l'architecte pour toutes questions en matières de construction et d'urbanisme et par la suppression de l'idée de " surcoût architectural ". " Il n'y a pas de surcoût architectural, si l'on considère la construction en tant que cadre de vie, pour soi et pour les autres, si l'on prend en compte l'entretien, la restauration et la déconstruction, le développement durable et le respect de l'environnement ", a-t-il ajouté.

Venue représenter le gouvernement, et plus précisément le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, Wanda Diebolt, directrice de l'Architecture et du Patrimoine, s'est voulue rassurante et démonstrative de l'écoute du ministère de tutelle des architectes. Elle a voulu apporter un " message d'espoir : le ministre est disposé à se battre pour que l'architecture ne soit pas un service marchand comme les autres. Notre fils directeur est la spécificité de l'acte architectural ", a-t-elle ainsi annoncé. Au fil de la journée de vendredi, où Wanda Diebolt était présente, les annonces se sont faites plus rares, mais plus précises. Ainsi, après une intervention de Gilbert Ramus, président de la Commission juridique de l'UNSFA, qui demandait " au gouvernement que pour l'avenir, la programmation et les procédures normales soient utilisées ", François Pélegrin a pris la parole pour annoncer que Wanda Diebolt allait " demander à ce que soit faite une évaluation des procédures anciennes pour éclairer le politique et le citoyen sur la pertinence de ces solutions ".
En d'autres termes, une remise à plat qui indique assez la confusion ambiante.

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