CHAUFFAGE. Lors d'un point presse ce 27 juin 2019, l'Association française pour les pompes à chaleur (Afpac) a dressé un état des lieux du marché, tout en esquissant ses perspectives économiques et en revenant sur les offres commerciales liées aux installations à 1 euro promues par le Gouvernement. Détails.

Ce 27 juin 2019, l'Association française pour les pompes à chaleur (Afpac) organisait un point presse pour dresser un état des lieux du marché français et revenir sur les principales tendances qui se dessinent pour le secteur. En premier lieu, les membres de l'organisation ont rappelé les objectifs de l'opération de prime à la conversion lancée par le Gouvernement : impulser un processus de remplacement de 600.000 chaudières en deux ans, ce qui correspondrait à un rythme mensuel de 25.000 travaux de chauffage. A l'heure actuelle, 60.000 travaux de changement de chaudières ont déjà été engagés, dont 27.000 pompes à chaleur (PAC), soit 45%. Sur le segment spécifique des installations au fioul, l'Afpac précise que ce sont 22.000 conversions qui ont été lancées, dont 19.000 PAC, soit 86%. Pour rappel, 3,5 millions de foyers français se chauffent au fioul, ce qui représente 12% du parc total. Le rythme moyen de renouvellement s'élève pour sa part à 3,5% chaque année, soit environ 122.000 chaudières par an.

 

 

L'année 2018 a totalisé 45.000 commercialisations de chaudières au fioul, ou corps de chaudières sans brûleurs, ce qui représente à peu près 37% des générateurs au fioul remplacés ; les 63% restants se répartissent entre les installations au gaz, les PAC et la biomasse. Après l'annonce par le Premier ministre Edouard Philippe, le 14 novembre 2018, de la conversion accélérée du parc fioul d'ici 10 ans, le secteur table sur un rythme de remplacement oscillant entre 200.000 et 300.000 chaudières chaque année, avec une forte part de marché détenue par les PAC. D'après l'Afpac, ces dernières pourraient même se substituer à hauteur de 150.000 unités aux équipements classiques, contre 30.000 unités à l'heure actuelle. "Il y a une croissance du marché des PAC grâce aux opérations 'coup de pouce'", confirme le président de l'Afpac, Eric Bataille.

 

Offres à 1€ : "le risque de décalage entre la promesse économique et le résultat quant au reste à charge"

 

Mais pour atteindre les 600.000 chaudières remplacées - un objectif que l'association juge "ambitieux" -, les professionnels doivent promouvoir davantage la qualité de la mise en oeuvre car le nombre d'entreprises qualifiées demeure faible - environ 8.400 étaient comptabilisées au 1er juin 2019 - en regard des chiffres avancés. Mais la tendance semble positive : "Quelque chose de vraiment significatif est en train de se produire, avec un rythme moyen de 200 à 300 entreprises qualifiées chaque mois", souligne Eric Bataille. Dans le même registre, le secteur met en garde contre les offres "très commerciales" et donc un peu trop alléchantes, en soulignant "le risque de décalage entre la promesse économique et le résultat quant au reste à charge". Parallèlement, il a été constaté une recrudescence du démarchage, notamment téléphonique, et des ventes sur foires. L'Afpac rappelle donc qu'un devis doit toujours s'accompagner d'une étude thermique préalable et que les achats de PAC sur les salons et les foires ne donnent pas droit à un délai de rétractation de l'acheteur. L'association souhaite d'ailleurs supprimer ce délai juridique dans toutes les circonstances, pour garantir une égalité de traitement.

 

Quant au fameux slogan des chaudières à 1 euro, les professionnels préfèrent "remettre la solution technique au centre de la demande", en prenant en compte les besoins du client et sa demande en termes de confort. "Il ne faut pas duper le consommateur et (il faut) lui proposer une installation adaptée à ses besoins", affirme le président de l'Afpac. D'autant que beaucoup d'aides à la rénovation/transition énergétique du logement sont soumises au niveau de revenus du particulier. Entre autres recommandations, les membres de l'Afpac soulignent que seulement 30 à 50% du montant des chantiers peut être réalisé en sous-traitance, afin de respecter le label RGE. Et de rappeler que la pérennité des installations est aussi fonction de leur maintenance préventive : du désembouage à la visite annuelle d'entretien - certes non obligatoire mais fortement recommandée -, les particuliers disposent de plusieurs leviers pour s'assurer de la durabilité de leurs équipements. C'est aussi dans cette optique que l'Afpac cherche à mobiliser l'ensemble des acteurs de la filière afin de les fédérer autour d'une problématique centrale : la qualité des installations, pour in fine établir une charte commune au secteur. "Cela va être notre croisade dans les mois qui viennent", insiste Eric Bataille.

 

 

"En l'état actuel des choses, ce n'est pas tant la technologie qui va bloquer, que le coût des travaux lourds"

 

S'agissant des perspectives de croissance du secteur, les professionnels font montre d'optimisme, même si certains points noirs persistent : "Nous avons encore un challenge à relever dans le segment du collectif. Mais en l'état actuel des choses, ce n'est pas tant la technologie qui va bloquer, que le coût des travaux lourds", conclut le président de l'Afpac. D'une manière générale, celui-estime aussi que "la production devrait suivre, les rythmes d'usine peuvent encore être augmentés car tous les composants et matières premières sont en stock". Et d'avancer un chiffre symbolique : "La situation est très favorable mais à risques aussi, donc il faut rester prudent. Mais on pourrait bien dépasser le million de PAC vendues en 2019 si les bonnes conditions sont réunies." Affaire à suivre.

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