La Fédération nationale des travaux publics (FNTP), dont l'activité dépend à 70% de la commande publique, a tablé ce mercredi sur une augmentation en 2016 de +3%. L'occasion pour elle d'interpeller les futurs candidats à l'élection présidentielle sur leur programme d'investissement public.

Enfin des bonnes nouvelles de conjoncture pour le secteur des travaux publics. "Le chiffre d'affaires en 2016 des entreprises de Travaux Publics a cessé de dévisser grâce à la reprise du bâtiment et à la hausse des commandes des grands opérateurs comme les autoroutes, le Grand Paris, le plan fibre", a commenté d'emblée Bruno Cavagné, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), mercredi 9 novembre 2016.

 

 

En détails, le secteur des travaux publics, dont l'activité dépend à 70% de la commande publique, table sur une augmentation en 2016 de +3%, avec un chiffre d'affaires de 37 milliards d'euros.

 

"La fragilité de nos entreprises est encore manifeste"

 

Mais cette "meilleure année 2016 est en fait celle où la fragilité de nos entreprises est encore manifeste : 187 entreprises disparues depuis 12 mois, ce qui fait plus de 1.800 entreprises depuis 2008 soit plus de 20 % de notre tissu d'entreprise ; 5.600 postes d'ouvriers permanents perdus sur 12 mois glissants", a détaillé Bruno Cavagné, très alarmiste sur le sujet de la conjoncture.

 

Un "frémissement qui est loin d'être convaincant pour ce secteur qui a perdu 35.000 emplois entre 2008 et 2015. Et notre chiffre d'affaires est passé de 47 milliards d'euros à 38 milliards d'euros en 9 ans", nous glisse l'entourage de la FNTP.

 

Avant d'ajouter sur la "reprise" prévue pour l'année prochaine : "Nos entreprises hésitent d'autant plus à y croire qu'elles n'ont aucune visibilité, a-t-il poursuivi. Un exemple ? Les appels d'offres TP, qui nous donnent la tendance pour les prochains mois, restent en baisse de -0,3% sur 12 mois."

 

"Résultat du niveau faible d'activité et de cette absence de visibilité, les entreprises utilisent l'intérim pour répondre au surcroît de commandes et continuent à pratiquer des prix très insuffisants pour rétablir leurs marges", a observé également la fédération.

 

Un message adressé aux candidats à la présidentielle

 

Par ailleurs, la FNTP a profité de cette présentation de conjoncture pour interpeller les futurs candidats "de droite et de gauche" à l'élection présidentielle sur les conséquences désastreuses qu'aurait une réduction des dépenses publiques de 100 milliards d'euros sur le prochain quinquennat, envisagée, en l'occurrence par Nicolas Sarkozy (LR), l'un des sept candidats au primaire de la droite.

 

"Nous voulons dire aux candidats: ne faites pas une baisse des dépenses publiques purement comptable, ne sacrifiez pas l'investissement. Notre secteur est capable de recréer de l'emploi dès 2017: il nous faut cinq ans de visibilité, de calme", a-t-il affirmé.

 

Et de poursuivre : "Une nouvelle baisse généralisée des dotations aux collectivités locales aurait un impact redoutable sur leur capacité à investir", dit-elle, tandis que le secteur privé, subirait "l'impact macro-économique de la baisse de l'investissement public".

 

 

Les conséquences d'une baisse des investissements sur les grands projets

 

En anticipant un "scénario noir", le chiffre d'affaires du secteur qui compte 8.000 entreprises, chuterait de 13%, sous les 33 milliards d'euros, et 34.000 emplois supplémentaires seraient perdus, note la Fédération des TP.

 

Une nouvelle contraction de la dépense publique aboutirait à une "détérioration de la qualité des infrastructures" et à "l'incapacité à mener dans les délais les grands projets, du plan fibre au Grand Paris en passant par (le canal) Seine Nord ou (la ligne ferroviaire à grande vitesse) Lyon-Turin", avance-t-elle.

 

A l'inverse, un niveau d'investissement dans les infrastructures et la transition écologique "supérieur de 8 à 10 milliards d'euros à ce qu'il est actuellement", générerait 33.000 emplois, pronostique Bruno Cavagné.

 

Cela impliquerait donc selon lui que "l'Agence de financement des infrastructures de transport (AFITF) voie son budget atteindre 2,8 milliards en 2021 et que l'investissement des grands opérateurs - Grand Paris, grands projets européens, investissements des concessionnaires autoroutiers monte en puissance".

 

Faire signer aux candidats à l'élection présidentielle une charte en sept points

 

Enfin, la FNTP organisera le 23 février au Carrousel du Louvre, une rencontre sur le thème des infrastructures et proposera aux candidats à la présidentielle, de signer une charte les engageant à lancer un plan d'investissement dans les réseaux et les infrastructures. L'objectif est clair pour Bruno Cavagné : "On leur fera signer une charte en sept points basée sur une colonne vertébrale".

 

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