Idées sur le mix énergétique, avis sur la rénovation du parc immobilier ou sur la future réglementation… Découvrez les propositions de l'association Coénove qui rassemble GRDF, deux unions professionnelles de la FFB (UECF et UNCP) ainsi que différents fabricants de chaudières à gaz et pompes à chaleur.

A l'instar de la filière nucléaire et du Syndicat des énergies renouvelables, qui viennent de sortir des Livres Blancs rassemblant des propositions à destination des candidats de l'élection présidentielle, la filière gaz vient de formuler ses désidératas. Elles sont rassemblées dans un fascicule intitulé "Politique énergétique dans le bâtiment : quelles priorités ?" qui les classe en plusieurs catégories, dont le mix énergétique, la rénovation du parc existant ou l'innovation des produits.

 

 

Le premier souci de l'association Coénove sera de "préserver un mix énergétique diversifié", face à la montée en puissance des renouvelables qui produisent de l'électricité (photovoltaïque ou éolien). Elle rappelle donc l'intermittence de ces sources d'énergie tout en soulignant que le nucléaire souffre "d'une disponibilité aléatoire" et que, ni les EnR ni l'atome ne peuvent répondre à des besoins de puissances soudains. La gestion des pics de consommation devrait donc être confiée au gaz, "aujourd'hui l'énergie fossile la moins carbonée" et même "de plus en plus renouvelable". Rappelons toutefois que la production française de gaz renouvelable ne couvre, pour l'heure que 0,05 % de la consommation énergétique nationale. Une certaine marge de progrès existe donc. Les professionnels du gaz insistent toutefois sur la puissance de cette source d'énergie et surtout sur sa capacité à être stockée, contrairement à d'autres vecteurs. Coénove milite donc pour la complémentarité entre toutes ces énergies et sur les promesses du gaz renouvelable. Ils souhaitent que la production locale soit favorisée dans une logique d'économie circulaire et que les politiques tarifaires et d'accès au réseau soient revues.

 

Pousser la méthanisation et les avancées technologiques

 

L'association met en avant la méthanisation, qui valorisera toute une catégorie de déchets et produira un amendement de sol qui se substituera en partie aux engrais azotés issus de l'industrie chimique. D'autant que la solution permet d'éviter le relâchement de méthane dans l'atmosphère et qu'elle apporte un revenu complémentaire aux agriculteurs. Les spécialistes avancent également d'autres pistes comme la méthanation qui soutiendra le développement des énergies renouvelables par transformation d'eau et de CO2 en méthane grâce à l'électricité. Afin d'y parvenir, ils estiment nécessaire la mise en place d'une Stratégie Nationale Gaz Renouvelable. Ils réclament une simplification des autorisations administratives des projets, et que l'injection de gaz renouvelable dans le réseau soit privilégiée, chaque fois que cela est possible. Coénove propose aussi que la cogénération soit soutenue.

 

Concernant le bâtiment, l'association fait valoir que la rénovation de l'existant doit être la priorité des priorités. Ses membres souhaitent que les travaux d'isolation soient, dans une logique de bouquets de travaux, accompagnés d'une modernisation des systèmes de chauffage et d'une généralisation des chaudières haute performance, qui ne représentent aujourd'hui que 20 % du parc. Grâce au maintien des aides (Eco-PTZ, TVA à taux réduit et CITE), ils estiment que la totalité pourrait être remplacée à l'horizon de 2030. Ils militent toutefois pour une évolution du CITE "vers un mécanisme limitant pour le contribuable le décalage entre le paiement des travaux et le versement du crédit d'impôt". Ils recommandent également la conservation du dispositif des Certificats d'économies d'énergie. Pour lutter contre les passoires thermiques, Coénove soutient l'idée d'obligation de travaux lors des transactions immobilières (vente ou mise en location), "comme cela se fait dans le secteur de l'assainissement autonome". L'objectif sera d'atteindre le niveau BBC Rénovation pour tous les bâtiments d'ici à 2050, en cohérence avec la stratégie nationale bas carbone.

 

Prendre son temps avant toute future réglementation

 

 

Quant à la construction neuve, ils s'inquiètent de la future Réglementation 2020 et de l'intérêt qui sera désormais apporté à l'empreinte carbone. L'association pro-gaz note : "Il convient également de s'intéresser au poids croissant des consommations d'électricité spécifiques (non pris en compte dans la RT 2012) aujourd'hui majoritaires dans la consommation d'un logement neuf". Ils plaident pour le maintien "des équilibres introduits par la RT 2012" et avancent encore une fois l'argument de la future décarbonation du gaz. Concernant l'expérimentation du label E+C-, ils recommandent de temporiser avant d'en tirer un bilan et d'écrire les nouvelles exigences réglementaires : "3 ans paraît raisonnable".

 

Les industriels jugent nécessaire de bénéficier d'aides pour pousser le développement de produits de chauffage et de production d'eau chaude innovants. Ils souhaitent que la réglementation reste stable pour leur permettre de se lancer dans la R&D avec la visibilité adéquate et mettre au point des solutions hybrides avec couplage EnR, des pompes à chaleur gaz de nouvelle génération ou des systèmes avec pile à combustible. Cette dernière mériterait même, selon eux, une valorisation spécifique dans la future réglementation. Autres propositions, la favorisation des solutions intégrant la récupération d'énergies fatales (eaux grises, air extrait), ou l'instauration de l'entretien annuel de l'ensemble des équipements de chauffage (chaudières, PAC) "afin de maintenir, dans le temps, un haut niveau de performance (…) et l'intégrer dans le carnet numérique du logement". Enfin, ils souhaitent qu'un service public de l'efficacité énergétique employant des conseillers soit financé, à hauteur de 50 %, par un fond de l'Ademe. Les industriels voudraient également pouvoir procéder facilement à des expérimentations de démonstrateurs technologiques. Quant à la montée en compétence de la filière et des collectivités, ils recommandent la mise en place de MOOCs.

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