RISQUES PROFESSIONNELS. D'après une note de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de nouveaux éléments scientifiques viennent attester l'idée d'un lien entre exposition professionnelle à l'amiante et développement de cancers digestifs.

Le cancer du colon et le cancer colorectal seront-ils un jour reconnus comme maladie professionnelle à la suite de l'exposition d'un travailleur à l'amiante ? L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) précise en tout cas que plusieurs études récentes semblent apporter des éléments nouveaux dans l'établissement d'un lien entre les deux faits.

 

"Les études les plus récentes apportent des preuves supplémentaires de l'existence d'une relation entre exposition professionnelle à l'amiante et la survenue de cancers digestifs, particulièrement s'agissant du cancer colorectal avec des cohortes de grande taille, et la mise en évidence d'une relation dose-réponse", affirme ainsi l'Agence dans uen récente note. "Des relations sont également rapportées pour le cancer de l'estomac et celui de l'oesophage, mais demandent à être confirmées."

 

Deux études récentes mises en avant par l'Anses

 

Des observations qui pourraient, à terme, amener les pouvoirs publics à se pencher sur le sujet. Deux études récentes sont mises en avant par l'Anses. L'une d'entre elles date de 2015, et a été réalisée sur l'observation de 2.024 individus. "Des excès significatifs de cancers de l'oesophage et du foie ont été observés, ainsi qu'un excès de cancer colorectal chez les hommes exposés depuis plus de 25 ans", observe l'Agence. L'autre étude date de 2017, et se base sur l'observation de 14.515 hommes ayant été exposés à l'amiante. "Les résultats mettent en évidence une association positive significative entre exposition cumulée à l'amiante et le risque de cancer du côlon."


L'eau potable "amiantée" est-elle dangereuse ?

 

Ces observations sont contenues dans un avis de l'Anses plus général qui concerne le risque de contamination par ingestion d'eau contaminée à l'amiante. Un sujet préoccupant, puisqu'en France, 36.000 kilomètres de canalisations sont en amiante-ciment (soit 4% des installations totales), d'après une étude de 2002. Mais, au sujet des risques de contamination par cette voie-là, l'Anses se montre beaucoup plus prudente que dans le cas précédemment évoqué. "En l'état, les analyses réalisées sur les études expérimentales ne permettent pas de conclure sur le lien entre l'ingestion d'amiante, en particulier via l'eau destinée à la consommation humaine, et le développement de cancers du tractus gastro-intertinal."

 

Pour autant, l'Anses annonce qu'elle va s'auto-saisir sur le sujet, et formule quelques recommendations. Il s'agira bien sûr d'étudier de plus près la question du lien entre cancer et ingestion d'eau "amiantée", mais également de procéder à des campagnes d'analyse ciblées d'eau potable susceptible de contenir des fibres d'amiante.

actionclactionfp