Le plus grand chantier de la capitale, la ZAC Paris Rive gauche, qui ambitionne de devenir le Quartier Latin du XXIème siècle avec ses universités, logements et bureaux, est revenu en débat mardi à l'Hôtel de Ville où devaient être adoptés ses nouveaux axes d'aménagement.

Il s'agissait, pour les élus de la capitale, d'entériner les inflexions voulues par Bertrand Delanoë pour ces 130 hectares en bord de Seine, dans le XIIIème arrondissement, afin de concilier "modernité et aménité de la vie urbaine", selon les termes de Jean-Pierre Caffet, adjoint (PS) à l'Urbanisme.

C'est la troisième fois en douze ans que le Conseil de Paris planche sur le plan d'urbanisation de cet espace complexe qui comprend le plus grand hôpital d'Europe -la Pitié-Salpétrière-, un faisceau dense de 17 voies ferrées aboutissant gare d'Austerlitz, des entrepôts reconvertis (frigos devenus ateliers d'artistes, silos à farine), un entrelacs d'échangeurs routiers.

Alors qu'émergeait la nouvelle Bibliothèque nationale, ce morceau délaissé de Paris a commencé sa mutation en 1991, sous l'impulsion de Jacques Toubon, alors maire RPR du XIIIème, qui voulait y créer un bassin d'emplois.

Mais la crise de l'immobilier professionnel, qui a diminué de moitié les ressources tirées par l'aménageur de la vente des droits à construire, et les contentieux introduits en rafales par des associations obligent à repenser à la baisse le plan, qui projetait 900.000 m2 de bureaux.
D'où une deuxième mouture rééquilibrant activités et logements, préservant davantage de bâtiments anciens, réduisant la voirie, multipliant les m2 réservés à l'Université. Elle est adoptée en 1997, sous le feu des critiques de la gauche qui dénonce un urbanisme à mono-activité, "inhumain".

Cependant, quand M. Delanoë arrive au pouvoir en 2001, il ne lui est guère possible de bouleverser le chantier, revitalisé d'ailleurs par une reprise de l'immobilier de bureau.
Le maire PS imprime sa marque en dédensifiant et en rééquilibrant les surfaces de bureaux (- 200.000 m2,), PME (+ 153.000 m2), université (+ 80.000 m2), espaces verts (+ 18.000 m2).

Ces amendements devaient être adoptés mardi soir par les élus parisiens. L'UMP n'y fera pas obstacle. "L'actuel pouvoir municipal est sur la lancée du précédent", affirme M. Toubon inquiet cepedant de l'équilibre financier d'une opération qui représentera à son terme (repoussé de 2011 à 2015) plus de 3 milliards d'euros.

Cette étape est indispensable pour délivrer les permis de construire pour Paris VII (qui ne s'y installera pas avant 2006) ou l'INALCO (ex-Langues O).
Mais elle ne boucle pas le dossier avec notamment le "canyon" séparant, à 15 mètres de profondeur, la Bibliothèque François-Mitterrand et le vieux XIIIème. M. Toubon voulait couvrir les voies ferrées par une dalle; Verts et associations réclament des solutions légères (passerelles...)

Epineux problème urbain, admettent M. Caffet et Serge Blisko, maire (PS) du XIIIème qui ont un regret pour cette ZAC: "le coup était déjà parti. Nous sommes arrivés trop tard".

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