L'urbanisation est pointée du doigt comme facteur aggravant des incendies du Var, à la fois parce qu'elle multiplie les risques de départ de feux et parce qu'elle contraint les pompiers à protéger les maisons au détriment de la lutte contre les foyers.

"On doit s'interroger sur l'urbanisation dans certains massifs, qui complique considérablement la tâche des pompiers", soulignait mardi le préfet de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) Christian Frémont.

"Vous allez avoir des hectares et des hectares qui vont brûler parce que les pompiers sont allés sauver une habitation cernée par les flammes", a remarqué mercredi Pascal Douard, sous-directeur en charge des Risques majeurs au ministère de l'Ecologie, interrogé par l'AFP.

La pression de la construction ne s'est nullement relâchée sur le littoral méditerrannéen déjà densément peuplé, en dépit du vote en 1986 de la loi Littoral, qui visait à protéger les espaces naturels côtiers, selon une étude de l'Institut français de l'environnement (IFEN).

La loi Littoral interdit théoriquement la construction dans les zones non urbanisées sur une bande de 100 mètres à partir du rivage, et la limite dans les espaces proches du rivage.

La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur arrive pourtant en tête des constructions de logements de 1980 à 1996. La façade méditerrannéenne a absorbé à elle seule 40% des constructions de 1980 à 1996, dont 27% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, selon l'IFEN.

Nice, Cannes, Antibes, Fréjus, Saint-Raphaël et Agde ont accueilli le plus de logements nouveaux sur cette période. La densité de population sur le littoral des Alpes-Maritimes est de 2.500 habitants par km2, contre 108 hab/km2 pour la moyenne nationale et 60 hab/km2 dans les Landes et la Gironde.

La densité de population sur la côte a poussé à construire villas et lotissements dans l'arrière pays, en lisière de la forêt. Comme la forêt gagne elle aussi du terrain, du fait de l'abandon de terres agricoles, les zones tampons entre habitations et forêts se réduisent.

Le "mitage" de la forêt par des habitations "multiplie les points potentiels de départ d'incendies accidentels", souligne le ministère de l'Ecologie.

Selon la base de données Prométhée, qui recense les feux sur les 15 départements méditerrannéens, 80% des incendies ont une cause humaine (dont 14% dus à la malveillance en 2000, 19% à l'imprudence, 18% aux travaux agricoles, 22% aux travaux en forêt, notamment).

Les préfets peuvent restreindre, voire interdire la construction dans les zones à risque d'incendie, à travers les "Plans de prévention des risques d'incendies de forêt" ou PPRIF.

Selon le ministère de l'Ecologie, seulement 30 communes disposent d'un PPRIF à ce jour, et aucune dans le Var. On en compte 9 dans les Alpes-Maritimes, 2 en Ariège, 9 dans les Hautes-Pyrénées et 10 en Charente-Maritime.74 PPRIF sont en cours d'élaboration. Aucune commune du Var n'est concernée.

"Les communes se sont davantage mobilisées sur le risque inondation, le premier Plan touchant le risque incendie date de 2000", relève Pascal Douard.
Concrètement, pour que les PPRIF voient le jour, il faut que les communes soient candidates, et que les maires résistent aux pressions pour décrocher des permis de construire dans les zones à risque.
"Les incendies actuels vont accélérer l'élaboration des Plans de prévention des risques incendies", espère le responsable du ministère de l'Ecologie.

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