En attendant une clarification du dossier avec la future loi d'orientation sur l'énergie, les critiques fusent concernant l'éolien, accusé outre de dénaturer certains paysages, de se développer sans contrôle tout en bénéficiant d'un prix d'achat de l'électricité trop élevé.

Dernière attaque en règle : celle du député UMP Patrick Ollier, président de la Commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire (ex Commission de la production et des échanges) qui a dénoncé devant l'Assemblée Nationale la construction sauvage d'éoliennes.

"Je suis favorable à une vraie politique de soutien aux énergies renouvelables, mais pas à des faux nez qui consistent à donner des avantages exorbitants aux constructeurs d'éoliennes", a-t-il confié, au quotidien le Parisien. "Aujourd'hui n'importe qui peut installer une éolienne dans son jardin sans avoir à se soumettre à une enquête publique ni sans demander de permis de construire" . Et le député de poursuivre "EDF a obligation de racheter au prix fort l'électricité produite (environ trois fois plus cher que celle produite par les centrales nucléaires, ce qui garantit au propriétaire de l'éolienne un revenu net de 20 % après impôt".

Fort du soutien de Roseline Bachelot, la ministre de l'Environnement, et de Nicole Fontaine, secrétaire d'Etat à l'Industrie, le député des Hauts de Seine a annoncé la sortie prochaine de deux décrets rendant obligatoires la demande d'un permis de construire et d'une enquête publique.

Face à ces attaques, la réponse du puissant Syndicat des Energies Renouvelables (SER) ne s'est pas fait attendre. Le bouillonnant leader du lobby pro-éolien, André Antolini, a convoqué la presse pour répondre point par point à ces critiques.

"Il est faux d'affirmer que l'on peut bâtir une éolienne dans son jardin sans autorisation : un permis de construire est nécessaire, de même qu'une autorisation d'exploiter signée par le ministère de l'industrie et un certificat d'obligation d'achat délivré par le préfet" explique-t-il en précisant que les procédures d'enquête publique étaient demandées par son syndicat.

Sur le chapitre financier, l'ancien président de FNPC est revenu sur "l'idée reçue" que qu'éolien coûterait trois fois plus cher que le nucléaire. S'appuyant sur l'édition 2001 de la brochure "Les chiffres clés de l'énergie" éditée par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (Observatoire de l'énergie), André Antolini a expliqué qu'à l'heure actuelle, "le coût du kWh nucléaire d'une centrale fonctionnant en semi-base (4 000 heures par an) est de 5,6 centimes d'euros, alors que le coût actuel du kWh éolien moyen sur 15 ans est de 7 centimes d'euros". Mais, en bon magicien des chiffres, le président du SER a rappelé que l'industrie de l'éolien s'est engagée, au travers du tarif d'achat, à réduire le coût de production de celui-ci de "35 % d'ici 2010, c'est-à-dire en huit ans". Et André Antolini d'en conclure qu'en 2015, "l'éolien sera l'électricité la moins chère (environ 4 centimes d'euros/kWh, contre 4,1 centimes d'euros pour la turbine à gaz, en supposant de surcroît le prix du gaz constant)".

Enfin, André Antolini, qui mise pourtant sur le développement économique et financier de cette nouvelle industrie, a démenti le fait que la rentabilité de l'éolien était de 20% après impôt. Or, pour l'ancien promoteur immobilier, "le critère indiscutable pour juger de la rentabilité d'un projet est le taux de rendement interne du projet (TRI projet) qui se situe autour de 10 % en moyenne pour l'éolien (en variant entre 9 et 10 % pour la plupart des sites français qui vont de 2 200 à 2 600 heures de fonctionnement par an). Ces niveaux de TRI projet n'ont rien d'élevé et suffisent juste à convaincre les investisseurs de réaliser les projets" poursuit-il.

Des arguments qui sont loin de convaincre la Commission de régulation de l'électricité (CRE) qui estime que le système français de subventions à travers les tarifs de rachat conduit à des rentes indues pour les producteurs, et notamment EDF.
Rappelons que l'entreprise publique détient 35% des parts de SIIF Energies, numéro un français de l'éolien, et a accordé l'exclusivité de ses activités en matière d'énergies renouvelables (hors hydraulique) à cette société dirigée par un certain... André Antolini.

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