POINT D'ETAPE. L'association Expérience P2E dresse un premier bilan des expérimentations menées depuis deux ans pour favoriser la massification de la rénovation énergétique des logements.

Créée en mai 2016, l'association Expérience P2E (pour Passeport Efficacité Energie) a lancé une vaste campagne d'expérimentation visant à accompagner les particuliers dans leurs projets d'amélioration du logement (lire notre article). L'idée étant de renforcer le diagnostique de performance énergétique et de se confronter à la réalité terrain, nous explique Benoit Montels, l'un des pilotes d'Expérience P2E. Ce jeudi 8 février, l'association dresse les résultats de la première phase de cette expérimentation. Guillaume Piaton, autre pilote de l'Expérience P2E, annonce que sur plus de 120 propriétaires, occupant leur logement (maison individuelle construite avant 1990) qui se sont portés volontaires, près de 100 ont participé à l'expérimentation du passeport. Mais les territoires sont aussi la cible de ce dispositif, ajoute Benoît Montels, car l'association cherche à les associer et à trouver une place complémentaire avec les dispositifs existants.

 

Franck Hovorka, président à titre personnel d'Expérience P2E, rappelle que l'objectif de cette expérimentation était de « définir le parcours client ». Un parcours qui peut être très « onéreux en termes d'audits, d'audit technique, de recherche de saisie d'information avec de multiples conseillers ou/et plateformes… », nous explique-t-il. Ainsi, l'expérimentation a souhaité comprendre la chaîne des coûts qui est aujourd'hui portée par de multiples acteurs : Etat, les régions, les territoires, les entreprises… et que personne n'avait encore calculé. L'association a ainsi constaté que « mis bout à bout, les coûts d'information dans le parcours pouvaient varier de 2.000 à 8.000 euros ». « Donc, l'objectif de l'Expérience P2E est de montrer qu'avec un coût faible au départ, de l'ordre de 300 à 400 euros, on peut donner envie au gens et leur montrer le potentiel de leur bien mais aussi transmettre des informations aux acteurs du bâtiment qui feront les audits », poursuit Franck Hovorka.

 

Il précise également que cette réflexion est « menée collégialement avec toutes les initiatives du Plan bâtiment durable, du plan de rénovation piloté par Alain Magard et Marjolaine Meynier-Millefert ou encore celles du club de l'amélioration de l'habitat ». « Nous travaillons main dans la main et nous échangeons nos informations », fait-il valoir.


Premiers retours encourageants

 

Quels sont les premiers résultats ? Globalement, «en terme de vision, nos clients ont pu percevoir le potentiel de confort d'amélioration de leur logement », répond Franck Hovorka. Benoît Montels détaille: « des questionnaires envoyés à l'ensemble des participants, il ressort que le passeport agit comme un tremplin vers les travaux au niveau des particuliers. Il permet d'accélérer le processus et le projet de travaux, tout en embarquant la performance énergétique ». Ainsi, « deux tiers des répondants ont déclaré avoir enclenché de nouvelles phases dans leur projet, et notamment des études plus poussées (audit détaillé sur des spécificité technique par exemple) », poursuit le pilote de l'Expérience. Il est ravie de constater aussi que pour un tiers des personnes, le passeport les a incités à tenir compte de l'aspect énergétique dans leurs travaux. Benoît Montels rapporte aussi que près d'une personne sur 5 a même revu la performance de ce qui avait été prévu à l'origine, et qu'une personne sur cinq a introduit de nouveaux travaux en augmentant son budget et ses travaux à l'issue du passage de l'expert.


La bonne information au bon moment

 

« Cela confirme l'intuition que nous avions au départ qui est de dire que lorsque nous donnons la bonne information aux clients et au bon moment, ils intègrent cela dans leur choix », commente Franck Hovorka constatant aussi que ces clients bien informés « vont très vite au BBC » et ce « sans problème ». Le rôle du passeport est donc de permettre une vision plus globale de la rénovation et pour le client de mieux appréhender la globalité de l'amélioration de son patrimoine. Pour le président de l'association, « l'audit est un bon point d'entrée pour avoir cette vision globale et le potentiel d'une maison ». « Le terme porte d'entrée a été apprécié par les clients et les artisans », renchérit d'ailleurs Guillaume Piaton expliquant que « ce qui a été apprécié aussi c'est cet aspect simplification des informations pour le propriétaire, qui est une vraie valeur ajoutée ».

 

La valeur ajoutée du passeport, est de proposer « un potentiel d'amélioration, un parcours de rénovation qui soit étalé dans le temps », ajoute Benoît Montels. Pour ce dernier : « le fait d'avoir une garantie de performances équivalentes au BBC et qui soit compatible avec la stratégie bas carbone à l'horion 2050, qui permet de découper le projet de rénovation et en même temps le coût global à mettre en œuvre. » Cela permet aussi aux particuliers de mieux se projeter puisque la découpe des travaux permet d'optimiser les financements associés.

 

Désormais, l'association va lancer une deuxième vague d'expérimentation à la fin du premier trimestre 2018 afin de faire évoluer la démarche du passeport efficacité énergétique. L'idée est aussi de partager les résultats et de faire des propositions. Et 2018 « nous offre un certain nombre d'opportunité pour positionner le passeport dans le cadre de la réforme du diagnostic de performances énergétique, mais aussi en lien avec le carnet numérique de suivi et d'entretien du logement », conclut Benoît Montels.

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