ASSURANCE. Le numérique prend une place de plus en plus importante dans le monde du bâtiment. Mais si les acteurs peuvent s'assurer d'un grand nombre de risques pour leur chantier, rien ne les protégeait jusqu'à présent de ceux liés au numérique (cyberattaque, pertes de données...).

Le monde du bâtiment opère actuellement une mue importante grâce au numérique. S'il reste encore beaucoup à faire, les données numériques sont toujours plus nombreuses sur les chantiers. Les échanges entre les différents acteurs se font de plus en plus à distance, les plateformes collaboratives se multiplient et l'utilisation de la maquette numérique se développe aussi fortement, encouragé par le Gouvernement et l'ensemble des acteurs du secteur, le Plan de Transition Numérique du bâtiment (PTNB) en tête. Aujourd'hui, un chantier comptabilise en effet de très nombreuses données numériques. Des données précieuses pour les différents acteurs d'un projet qu'il est utile de protéger. Pour répondre à ce besoin, la SMABTP vient de lancer une nouvelle garantie assurant justement tous les acteurs d'un chantier des risques liés à la destruction ou à l'altération de ses données numériques, baptisée TRC Cyber. Car la menace est bien là. Grégory Kron, directeur général adjoint de la SMABTP rappelle que 79% des chefs d'entreprises (interrogés par l'assureur lors d'une enquête), ont déclaré avoir été au moins une fois piraté ou attaqué.

 

Si les grands groupes du BTP sont généralement mieux équipés et préparés que les petites entreprises pour se défendre contre les cyberattaques, les cas de piratage existent malgré tout. Pour mémoire, en juin 2017, Saint-Gobain, comme d'autres grands groupes, avait été piraté (Lire notre article). Personne n'est donc épargné. Et c'est particulièrement le cas pour les petites entreprises. "Aujourd'hui, tout le monde utilise des outils numériques pour communiquer", rappelle Grégory Kron, les possibilités d'être piraté sont donc multiples. Il peut s'agir par exemple de demande de rançon contre le déblocage des données ou le vol de données personnelles pouvant entraîner des usurpations d'identité (comme ce fut le cas pour Vinci en novembre 2016), ou encore le contrôle à distance d'objets connectés. Objets qui sont eux aussi de plus en plus nombreux.

 

Une garantie pour l'ensemble des acteurs et des données d'un chantier

 

Dans une période où les acteurs du bâtiment ont envie de prendre le train du numérique, "il faut leur donner confiance", souligne Bertrand Delcambre, président du PTNB. Selon lui, "cette nouvelle offre d'assurance arrive donc à point nommé", car "il faut prémunir les acteurs du BTP de ce risque". Une garantie saluée également par Pascal Asselin, président de l'Untec, qui confirme la hausse constante des données échangées pour un chantier. Des données qu'il faut protéger pour éviter de perdre du temps et donc de l'argent.

 

Mais que couvre concrètement cette nouvelle assurance, qui est proposée en complément d'une garantie Tous Risques Chantier (TRC) ? Grégory Kron explique que ce nouveau produit assure toutes les données numériques du chantier qui sont mises en commun, les plateformes d'échanges et leurs documents en local ou dans le cloud, ainsi que la maquette numérique (outil, données, Bim). Cela couvre aussi bien les cyber attaques, que l'erreur humaine ou la panne. Le dirigeant de la SMABTP ajoute que cette assurance bénéficie à l'ensemble des acteurs du chantiers (maîtres d'ouvrage, architectes, bureaux d'études, économistes, entreprises, sous-traitants...). "En garantissant tout le monde, cela évite que les uns et les autres se renvoient la balle en cas de problème", fait valoir Pierre Esparbes, directeur général de SMABTP. "Cette garantie prend en charge les frais de décontamination et de reconstruction des données, les frais de gestion de crise, les frais résultants de l'obligation de notification des tiers (imposée par le RGPD), ainsi que les coûts liés aux pertes exploitation et retards de chantier éventuels", précise enfin l'assureur.

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