MÉTIERS. Bercy et la Fondation du patrimoine viennent de lancer un fonds de soutien aux métiers d'art doté d'un million d'euros. Il a pour but de soutenir et d'accompagner des projets sauvegardant et transmettant l'artisanat d'art dans les régions.
Les savoir-faire des métiers d'art peuvent compter sur un nouveau dispositif visant à sauvegarder et transmettre leur héritage. Bercy et la Fondation du patrimoine viennent de lancer un fonds de soutien doté d'un million d'euros et dont la mission consistera, d'une part à identifier des projets de restauration patrimoniale faisant appel à des métiers d'art, et d'autre part à participer à leur financement pour valoriser les compétences qu'ils mobiliseront.
"Les métiers d'art préservent et entretiennent la beauté de notre patrimoine, et par extension la richesse de nos territoires", a insisté la ministre des entreprises, Olivia Grégoire, à cette occasion. L'une des locataires de Bercy considère ce fonds comme "un outil essentiel à destination de nos petites communes et des territoires ruraux", car l'intérêt ne serait pas seulement patrimonial, mais aussi économique et social.
"Préserver le patrimoine de nos communes, ce n'est pas seulement entretenir un édifice historique, présent depuis plusieurs générations, c'est aussi faire vivre un atout touristique patrimonial pour nombre de nos territoires et un levier d'attractivité majeure, à l'heure où de plus en plus de Français cherchent à renouer avec un tourisme plus rural", développe Olivia Grégoire.
Priorité aux projets accueillant stagiaires et apprentis
L'accent devrait être mis sur les projets accueillant des stagiaires et apprentis en formation, ou qui mettent en place des actions spécifiques pour communiquer sur leurs savoir-faire auprès du grand public. Une "triple bonne nouvelle" pour le directeur général de la Fondation du patrimoine, Alexandre Giuglaris, qui se félicite de l'impact positif de ce fonds sur "la transmission des savoir-faire", "le développement économique des territoires ruraux" et "la valorisation des métiers d'art". Le responsable ajoute que la fondation "souhaite mobiliser de nouveaux financements à cet effet", tels que la collecte de dons et le mécénat d'entreprise.
Une quinzaine de premiers projets, soutenus par le fonds, ont été dévoilés. On y trouve notamment le chantier de restauration des toitures traditionnelles en lauze de la ferme "La Roujarie", à Saint-André-de-Vézines (Aveyron), qui a reçu une dotation de 50.000 €, ainsi que la sauvegarde de la charpente (du XIVe siècle) et des décors en pierre (XVIe) du château de la Forêt-Grailly, à Saint-Christophe-le-Chaudry (Cher), qui perçoit quant à lui une enveloppe de 20.000 €.
Des chantiers en métropole comme en outre-mer
Le fonds soutiendra également, à hauteur de 30.000 €, la modernisation de la Maison du vigneron de Wettolsheim (Haut-Rhin), ou encore la réhabilitation des vitraux de l'église de Saint-Jacques-le-Majeur, à Montgeron (Essonne), pour 20.000 €. Outre-mer, la couverture en bardeaux de bois de tamarin, typique du bâti créole, de la case située au 11, rue du commerce à l'Entre-Deux, à La Réunion, sera aussi restaurée grâce à une enveloppe de 30.000 €.
De retour en métropole, les peintures murales du XIIe siècle de la chapelle Sainte-Cécile de Flée, dans la Sarthe, feront l'objet d'une sauvegarde à laquelle le fonds contribuera à hauteur de 20.000 €. La maison-atelier du peintre Blasco Mentor, sur la commune varoise de Solliès-Toucas, sera également réhabilitée, en se basant sur une dotation de 30.000 €.
Critères d'attribution
L'appel à projets pour la deuxième sélection de projets est ouvert jusqu'à la mi-septembre 2024. "Sont éligibles à ce fonds tout projet de restauration du patrimoine faisant appel à des métiers d'art, situé dans des communes de moins de 10.000 habitants", précise Bercy. Les dépôts de dossiers se font directement auprès des délégations régionales de la Fondation du patrimoine.
Les dotations sont attribuées en tenant compte du calendrier des travaux, de la "maturité du projet de transmission" (les partenariats avec des organismes de formation, par exemple), de la diversité des métiers d'art mobilisés et des tensions qu'ils connaissent (voir encadré), de la variété des biens à restaurer et de la localisation des projets.
Manque de structuration
D'après ce même communiqué, le secteur des métiers d'art compte actuellement 60.000 entreprises et 150.000 professionnels, exerçant quelque 198 métiers et 83 spécialités, pour un chiffre d'affaires de 19 milliards d'euros en 2019, dont 8 milliards ont été réalisés à l'export. "Ce secteur souffre de son manque de structuration et de visibilité puisqu'il est en grande partie porté par de très petites entreprises hétérogènes", relèvent néanmoins Bercy et la Fondation du patrimoine.
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Quels métiers d'art du bâtiment interviennent sur les premiers projets lauréats ?
D'après un communiqué conjoint du ministère des entreprises et de la Fondation du patrimoine, de nombreux métiers d'art du bâtiment interviennent sur les premiers projets lauréats du fonds de soutien.
On y trouve ainsi des charpentiers, des couvreurs (dont des lauziers), des ébénistes, des fabricants de bardeaux, de lattes et de serrures, des ferronniers-forgerons, des maçons (dont des muraillers), des maîtres-verriers, des marbriers, des marqueteurs, des menuisiers ou encore des parqueteurs.
Sont également mis à l'honneur des peintres en décors, des poêliers, des restaurateurs de peintures (notamment murales) et de vitraux, ainsi que des tailleurs de pierres et des tourneurs sur bois.