Deux jours de négociations entre syndicats et fédération des magasins de bricolage n'ont pas encore suffi à trouver un accord sur les ouvertures du dimanche.

En publiant un décret le 31 décembre dernier afin d'autoriser, provisoirement, l'ouverture dominicale aux enseignes de bricolage, le gouvernement souhaitait apporter une réponse à ce dossier. Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille : les partenaires sociaux, opposés dans l'ensemble au travail le dimanche, étaient consultés depuis le jeudi 9 janvier pour deux jours de négociations et l'obtention d'un accord de branche sous l'égide de la Fédération des magasins de bricolage (FMB). Cette dernière proposait diverses contreparties pour les salariés concernés : volontariat, doublement de la rémunération au minimum, attribution d'un repos compensateur, engagements en termes d'emploi et de formation.

 

Mais les syndicats demandent plus. La CFDT réclame par exemple que le volontariat puisse être réversible et que les frais inhérents au travail dominical (transport, garde d'enfant) soient pris en compte. Le désaccord entre patronat et représentants du personnel bloquent également sur la liste des magasins autorisés à ouvrir leurs portes. Aujourd'hui, 178 points de vente seraient concernés, des enseignes Brico Dépôt, Bricomarché, Bricorama, Castorama, Leroy-Merlin, Les Briconautes, Mr. Bricolage et Weldom. Or tous n'avaient pas vocation à être ouverts le dimanche, surtout en zone rurale. "Aujourd'hui, liste ou pas liste, avec le décret n'importe qui peut se sentir autorisé à ouvrir son magasin, même au fin fond de la campagne", a affirmé Axel Barboteau de la CFTC à l'AFP.

 

Pas d'accord collégial avant le 20 janvier
Afin d'obtenir un accord, la signature de plusieurs syndicats est obligatoire car dans le secteur du bricolage, la répartition de leurs influences respectives est éclatée. En 2013, la CGT représentait environ 27 % des voix, la CFTC 25 %, la CFDT 24 %, FO 20 % et la CFE-CGC 4 %. Si CGT et FO se montrent opposées au projet, les CFTC, CFDT et CFE-CGC restent favorables aux négociations. Une nouvelle réunion devrait donc se tenir le 20 janvier prochain au ministère du Travail, afin que toutes les parties revoient leurs propositions.

 

Rappelons qu'une nouvelle législation est attendue en 2014, suivant les recommandations du rapport Bailly. La dérogation décidée par le gouvernement court jusqu'à l'application hypothétique de ce nouveau texte, attendue au plus tard pour le mois de juillet 2015.

 

La FNBM opposée :
La Fédération du négoce de bois et des matériaux de construction (FNBM) estimait, au lendemain de la publication du décret gouvernemental, que la mesure était "incohérente et contradictoire", constituant même "un reniement des engagements arrêtés dans le rapport Bailly". La FNBM déplorait la non limitation géographique pour les ouvertures, s'inquiétant pour les négoces, bien implantés dans les zones rurales, qui souffriraient alors d'une concurrence déloyale. "De surcroît, le décret ne s'arrête pas aux magasins de bricolage mais élargit le travail le dimanche au commerce de détail de quincaillerie, de peinture et de matériaux de construction !", s'insurgeait Géraud Spire, le président de la fédération, qui va suivre avec attention l'évolution des négociations.

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