INDUSTRIE. Forts de leurs propositions aux candidats à l'élection présidentielle, les gaziers entendent peser sur les débats autour de la transition écologique en insistant encore et toujours sur la nécessaire complémentarité des énergies. À la tête de l'Association française du gaz, Jean-Marc Leroy analyse pour Batiactu le fonctionnement du marché énergétique, et revient également sur la question de l'approvisionnement en gaz dans un contexte géopolitique très sensible.


La situation est pour le moins compliquée pour le gaz. L'entrée en vigueur de la Réglementation environnementale 2020 le 1er janvier dernier consacre l'électrification des usages dans la construction neuve, et les annonces d'Emmanuel Macron sur la commande par l'État de 6 EPR2 (réacteurs nucléaires à eau pressurisée de nouvelle génération) et de 50 parcs éoliens maritimes laissent peu de place au gaz pour exister - du moins pour se faire entendre - sur la scène des énergies.

 

 

Enjeux de développement autour des gaz verts

 

Dans la foulée de la publication par l'Association française du gaz (AFG) d'un manifeste recensant des propositions destinées aux candidats à l'élection présidentielle, Batiactu s'est entretenu avec le président de l'organisation, Jean-Marc Leroy, pour mieux comprendre le positionnement de la filière dans le contexte national et international actuel. Accompagné du président de la commission efficacité énergétique de l'AFG, Benjamin Hass, le représentant des gaziers a pu revenir sur les atouts de cette énergie et les enjeux de développement autour des gaz renouvelables.

 

L'occasion aussi de savoir comment la filière tricolore réagit aux tensions géopolitiques qui ont franchi un nouveau palier avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, dont l'Europe dépend fortement pour son approvisionnement en gaz. Alors que la décarbonation de l'économie et de la société est sur toutes les lèvres, l'AFG a également analysé les mécanismes et dispositifs à actionner pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment. Entretien.

 


Batiactu : Votre association a publié son "manifeste du gaz" pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur les enjeux de la transition énergétique. Quels messages souhaitiez-vous faire passer à cette occasion ?

 

Jean-Marc Leroy : Le manifeste constitue en quelque sorte le premier étage de la fusée censée marquer les engagements des candidats. Nous sommes en train d'achever le deuxième étage, à savoir la vision des systèmes énergétiques aux horizons de 2030 et 2050, en insistant particulièrement sur les vecteurs moléculaires. Ce sujet sera complété à partir de la fin mars par l'organisation d'"afterworks", de microconférences et d'ateliers thématiques focalisés sur différentes sujets : les technologies actuelles et celles à développer, la transition énergétique au sens large - qui ne devra pas opposer les technologies entre elles - en englobant l'industrie et la mobilité, le rendement des électrolyseurs pour l'hydrogène, ainsi que d'autres modes de production comme les plasmas ou la pyrogazéification…

 

Ces évènements seront aussi l'occasion de parler du potentiel des gaz renouvelables et bas-carbone, pour lesquels nous ne risquons pas de subir une pénurie étant donné que tous ceux que l'on a identifié jusqu'à présent affichent des prévisions largement supérieures à nos besoins. Pour atteindre nos objectifs européens "Fit for 55", il a été décidé d'accélérer le programme électronucléaire, mais nous ne verrons pas ses effets avant 2030/2035. Il faut donc jouer la carte de la complémentarité entre l'électricité et d'autres énergies comme le gaz.

 


Comment la filière gazière se positionne-t-elle sur le marché de la rénovation énergétique ?

 

J.-M. L. : Avec ce qui est actuellement mis en place, on commencera à voir les effets sur l'efficacité énergétique des bâtiments à partir de 2030, mais ces effets ne seront pas massifs. Il faudra donc accélérer les vecteurs, l'électricité renouvelable comme l'éolien offshore ainsi que toutes les technologies de gaz vert, et pas simplement la méthanisation. Encore une fois, il y a suffisamment de gaz renouvelables et les solutions qu'ils nous apportent peuvent s'appliquer dans une myriade de domaines, comme le traitement des déchets plastiques ou l'agroalimentaire…

 

Les projets sont déjà là et se mettent en place, ce n'est pas de la science-fiction ! La France est d'ailleurs plutôt dans le wagon de tête en Europe, et il est important pour notre industrie d'y rester.
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