La transition énergétique passera par une mobilisation des territoires, c'est en quelque sorte le message envoyé par le président de la République et la ministre de l'Ecologie, aux élus présents ce lundi matin à l'Elysée. L'occasion de revenir sur les domaines à exploiter. Détail.

Après les jeunes ce dimanche, François Hollande poursuit son opération séduction. Cette fois, il s'est adressé aux élus engagés dans la croissance verte. L'idée "est de faire que notre planète soit plus vivable (…) les décisions que nous prenons pour 2030, voire 2050 vont déterminer notre futur tant au niveau national que territorial", a-t-il lancé aux maires présents à l'Elysée ce lundi, dans le cadre d'une réunion sur la transition énergétique pour la croissance verte.

 

Pas de doute, le président de la République a décidé de porter la grande cause de l'écologie au cours de cette année 2015. Il faut dire que le pays accueillera au mois de décembre prochain la Grande conférence internationale sur le Climat, baptisé Cop21. Et l'aboutissement à un accord n'est pas gagné. Une confession lâchée par le président lui-même : "Je ne pense pas que l'on trouvera facilement un accord. Si l'Europe a bien avancé et les Etats-Unis aussi, les pays émergents, grands émetteurs de CO2, ne veulent pas être entravés dans leur développement. Il faudra donc leur démontrer leur intérêt. En outre, les pays les plus pauvres souhaitent s'engager que s'il y a un fonds de soutien", a analysé François Hollande. Contribution de chacun et financement seront donc à l'ordre du jour.

La France veut être un exemple

Dans ce contexte, la France compte bien montrer l'exemple. En ce sens, elle s'appuiera sur la loi de transition énergétique qui devrait être adoptée d'ici à cet été. Mais c'est sur le terrain que le Gouvernement aimerait transformer l'essai. C'est pourquoi il mobilise et encourage les collectivités à lancer des actions : "La France sera forte si les territoires sont puissamment ancrés dans la transition", a rappelé Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, porteuse de la loi. Un appel à projets "Territoires à énergie positive pour la croissance verte" va permettre de déployer les 212 projets lauréats répartis dans six catégories : le bâtiment, les transports, les déchets, les énergies renouvelables, la biodiversité, l'écocitoyenneté. Un fonds spécial pour la transition énergétique, doté de 1,5 milliard d'euros sur trois ans soutiendra ces initiatives. Il est alimenté notamment par les dividendes des énergéticiens, les CEE, la caisse de dépôt. "Chaque territoire disposera de 500.000 euros et ce dès la semaine prochaine", selon Ségolène Royal.

Le bâtiment, un pilier de la croissance verte

Outre l'aspect financier, la ministre a annoncé qu'un compteur serait créé afin de recenser l'ensemble des actions ainsi qu'une fiche détaillant chaque projet. "Il faut identifier les contributions pour qu'elles participent à l'œuvre collective", a-t-elle précisé. Dans le bâtiment, les ambitions sont affichées avec, entre autres, le remplacement des convecteurs électriques, l'isolation des toitures, le remplacement des chaudières, mais aussi le déploiement des compteurs intelligents, la modernisation de l'éclairage public ou le développement des audits énergétiques des bâtiments publics pour favoriser les travaux. Pour parvenir à des résultats, plusieurs dispositifs existent parmi lesquels le crédit d'impôt transition énergétique (CITE), soit 30% du montant des travaux dans la limite de 8.000 euros de travaux pour une personne seule et 16.000 euros pour un couple, l'éco-prêt à taux zéro pour des travaux de rénovation énergétique ou encore l'obligation de réaliser des chantiers d'énergie lors de travaux de ravalement de façade, réfection de toiture ou transformation de combles. "Nous avons besoin que les élus connaissent le sujet", a noté Patrick Liébus, président de la Capeb, présent aussi ce lundi. De même les artisans ont besoin de bien connaître les dispositifs pour les expliquer. Et derrière, il pourra y avoir de la création d'emplois". En ce sens, le Gouvernement a confirmé la prolongation du CITE jusqu'à fin 2016.

Intégrer les citoyens aux projets

Parmi les autres leviers pour les communes, on peut citer les énergies renouvelables avec le déploiement de réseaux de chaleur biomasse, méthaniseurs, parcs éoliens et photovoltaïques, etc. "La revalorisation du tarif T4 pour le photovoltaïque intégré au bâti est une bonne nouvelle", a indiqué Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables.

 

Concrètement, comment cela pourrait se traduire sur le terrain ? A titre d'exemple, à Clamecy(58), un parc éolien de six machines a été réalisé grâce au financement participatif : "La population est réellement associée au projet. D'ailleurs, une de mes concitoyennes me confiait : 'J'ai l'impression d'avoir un petit boulon à moi dans ces éoliennes", témoigne la maire Claudine Boisorieux. Reste à savoir si cette réussite se retrouvera dans d'autres communes. En tout cas, le Gouvernement n'envisage pas d'autres solutions puisqu'il a d'ores et déjà invité les territoires à participer à la conférence climat afin de présenter leurs opérations.

 

Les objectifs chiffrés de la loi de transition énergétique

 

Réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990
Réduire de 30% les consommations d'énergies fossiles en 2030 par rapport à 2012
32% d'énergies renouvelables dans la consommation d'énergies finales en 2030 et 40% de production d'électricité
Réduire la consommation énergétique de 50% en 2050 par rapport à 2012
Réduire de 50% les déchets mis en décharge d'ici à 2025
Diversifier la production d'électricité et baisser de 50% la part du nucléaire d'ici à 2025

 

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