PRÉVENTION. L'organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) a dressé le bilan de son plan 2020 et présenté sa stratégie à l'horizon 2025. La formation des jeunes, la sécurisation des nouveaux métiers ou encore l'accompagnement des entreprises en situation d'urgence font partie des priorités.

Quels seront les grands objectifs de demain de l'organisme professionnel de prévention du BTP ? Lors d'une conférence de presse ce 25 janvier 2022, l'OPPBTP a fait un état des lieux de son plan Horizon 2020. L'organisme avait pour objectif de mobiliser et d'accompagner les entreprises autour de la prévention, d'améliorer les outils et la situation sur le terrain, et de donner plus d'écho aux messages de prévention. "Nous avons continué à enrichir notre base de cas pratiques", informe Paul Duphil, secrétaire général de l'OPPBTP. Les 310 études de cas "Prévention et performance" ont été consultées 250.000 fois. L'OPPBTP a développé depuis plusieurs années une gamme de produits, comme Prem's, pour faciliter l'évaluation des risques pour les petites entreprises. "40.300 sociétés ont réalisé une évaluation des risques", chiffre le porte-parole, qui affirme que l'organisme a tenu plus régulièrement des réunions d'information et de mobilisation. Celles-ci, au nombre de 5.051, ont rassemblé près de 75.000 participants. Quant aux formations, 6.133 entreprises ont été formées grâce aux modules de formation continue. "Nous mobilisons également les jeunes autour de notre campagne '100 minutes pour la vie', qui a sensibilisé 90.000 apprentis."

 

L'OPPBTP s'est mobilisé pour faire diminuer les accidents graves et mortels, en assistant les entreprises qui sont confrontées à des difficultés de terrain. Près de 2.000 d'entre elles en situation d'urgence ont été aidées et accompagnées. L'accent a aussi été mis sur les grands groupes, "qui représentent entre 15 à 20% de la main d'œuvre du secteur et influent sur près d'un tiers de l'activité de la construction". Ainsi, dix grandes entreprises ont été accompagnées autour du diagnostic "culture sécurité". L'OPPBTP n'a pas oublié les sociétés les plus exposées au risque de travaux en hauteur. Au total, 3.000 entreprises ont été sensibilisées.

 

Le guide de préconisations de sécurité sanitaire ultra téléchargé

 

L'amélioration des conditions de travail passe par le développement de solutions innovantes et performantes pour l'organisme, qui met à disposition des ouvrages, guides, mémos et fiches techniques sur son site. "On a compté 4,3 millions de téléchargements en cinq ans", indique Paul Duphil. Les risques chimiques font partie des thématiques "qui montent dans le secteur". 3.200 entreprises, dont 40% de TPE, ont utilisé l'outil d'évaluation des risques chimiques. Sur l'amiante, le site dédié aux "Règles de l'art amiante", lancé en 2020, a comptabilisé plus de 23.000 visiteurs uniques. L'OPPBTP n'a pas voulu oublier le Bim et le Lean construction, "des méthodes innovantes pour la gestion des chantiers", avec la publication de deux ouvrages pédagogiques.

 

"2020 a été une année exceptionnelle avec le Covid-19, en termes de fréquentation du site", affirme Paul Duphil. Au cours de ces cinq dernières années, le site de l'organisme a cumulé plus de 8 millions de visites. Un tiers des connexions se fait depuis un smartphone ou une tablette. "Une vingtaine de conseillers sont à disposition par téléphone, par chat ou via notre outil de questions-réponses." La crise sanitaire a bousculé le secteur, et a obligé l'OPPBTP a produire un guide de préconisations de sécurité sanitaire. "Nous avons été les premiers à le faire", avance le secrétaire général, qui annonce la publication ce mardi matin de la dix-neuvième version du guide, téléchargé au total plus de 700.000 fois.

 

Les crises sanitaire et climatique comme enjeux d'aujourd'hui et de demain

 

Le nouveau plan Horizon 2025, adopté par le conseil de l'organisme en octobre dernier, s'axe autour de trois ruptures importantes qui touchent le secteur. D'abord, la crise du Covid-19 : "nous ne sommes pas encore sûrs des conséquences de cette crise, ni des modifications que cela va entraîner sur notre rapport au travail mais l'OPPBTP a voulu prendre en compte cette pandémie qui a lourdement impacté le monde du travail", explique Paul Duphil. La transition écologique se traduit également par des bouleversements importants, générant de nouveaux métiers et de nouvelles façons de construire. Tout comme le digital, qui transforme la construction et qui est "vecteur d'opportunités".

 

Le conseil de l'OPPBTP souhaite pour ces prochaines années poursuivre la mobilisation des entreprises et de leurs salariés autour de la prévention, faire baisser les accidents graves et mortels, et relever le défi des conditions de travail et de leur amélioration. "Nous allons maintenir une présence forte de l'organisme sur le terrain, notamment en apportant un soutien direct aux entreprises en difficulté, en développant le retour d'expérience en partageant des solutions au plus grand nombre, et en poursuivant les conventions et les programmes opérationnels adaptés avec nos partenaires, à l'image des organisations professionnelles et de l'État", articule le porte-parole. Les activités de formation professionnelle continue seront "confortées". De plus, des campagnes nationales d'actions ciblées sur sept thématiques prioritaires (les chutes de hauteur, les risques routier professionnel, les risques chimiques, les troubles musculo-squelettiques, les heurts engins-piétons, l'hygiène et l'intérim) vont être organisées.

 

S'adapter aux nouveaux outils

 

À l'horizon 2025, l'OPPBTP annonce offrir une assistance technique et des parcours de prévention à toutes les entreprises grâce au digital, en mettant à disposition une information technique "top niveau" via les canaux de digitalisation de l'organisme et en développant un bouquet d'applications mobiles de service, ainsi que des parcours individualisés d'accompagnement en prévention basés sur son site. "Nous allons voir arriver des matériaux et matériels connectés qui permettent d'avoir un suivi d'exécution des chantiers. Le digital change la donne, c'est un outil remarquable qui permet de mieux accompagner les entreprises en prévention", assure Paul Duphil. Parmi les applications mobiles disponibles, l'idée d'un service pour la réception d'échafaudages est développée.

 

La prévention passe aussi par la sécurité des métiers de demain, qui vont évoluer notamment avec la transition écologique. L'OPPBTP veut accompagner ces métiers du futur et note que la préfabrication et la fabrication en bois s'accroissent dans le secteur. "La technologie est aussi utilisée au service de la prévention et du chantier, et des nouvelles technologiques se développent, comme l'exosquelette", décrypte le représentant de l'organisme, qui reconnaît qu'un travail de veille et de prévention doit être mené pour vérifier que ces outils ne soient pas nocifs pour la santé. La reconnaissance d'images permet aussi d'aider les intervenants sur chantier à identifier des risques potentiels. Dans la même veine que le plan Horizon 2020, l'OPPBTP poursuit ses actions autour des risques chimiques, en identifiant les risques de substances et en "trouvant des solutions de protection collective efficaces".

 

 

Former plus de monde

 

Permettre une prévention maximale sur chantier passe aussi par la formation des jeunes, un point essentiel pour l'organisme. Il propose de s'appuyer sur de nouveaux modes d'animation et de formation, comme les escape games ou la réalité virtuelle. "Nous voulons garantir que tous les nouveaux entrants dans nos métiers ont les niveaux de compétences pour contribuer à la sécurité de tous." Les intérimaires sont également dans la ligne de mire de l'OPPBTP tout comme les nouveaux dirigeants créateurs et repreneurs d'entreprises.

 

Toutes ces actions ne peuvent se faire qu'en complément d'une culture de la prévention, instaurée dans chaque entreprise. "L'objectif est d'arriver à ce que les professionnels aient un réflexe spontané, un désir de prévention, car celle-ci est souvent perçue comme une contrainte", regrette Paul Duphil. "Nous avons besoin de développer notre argumentaire et intégrer le facteur économique. Il ne s'agit pas de mettre la prévention au service du business mais plutôt de concilier ces deux thématiques pour une performance globale", conclue-t-il.

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