ÉCONOMIE. Bien qu'elles restent à un niveau inférieur à celui de 2019, les défaillances d'entreprises continuent inexorablement de remonter depuis le deuxième semestre 2021. Si la construction ne fait pas partie des secteurs enregistrant les plus fortes hausses, elle est en revanche l'un de ceux comptabilisant le plus de procédures.

Répétée pendant des mois, la mise en garde des spécialistes sur le niveau anormalement bas des défaillances d'entreprises depuis la pandémie de Covid, prend chaque mois une réalité supplémentaire. Les dispositifs de soutien mis en place pendant la crise sanitaire, et plus largement la politique du "quoi qu'il en coûte", ont donné de l'oxygène à des sociétés dont la trésorerie a aujourd'hui de plus en plus de difficultés à tenir la route. Et la hausse des coûts et des prix, la crise énergétique ainsi que le contexte économique incertain ne préparent pas le terrain à une nouvelle amélioration.

 

 

Tous secteurs d'activité confondus, la Banque de France a recensé 42.948 faillites d'entreprises entre janvier 2022 et janvier 2023. Une progression préoccupante de 52,6% qui n'épargne aucun secteur, bien que le nombre de dossiers reste globalement "à un niveau sensiblement inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019" précise l'institution monétaire, soit avant le déclenchement de la pandémie.

 

Les défaillances dans l'immobilier rattrapent leur niveau pré-Covid

 

Si la construction ne fait pas partie des secteurs connaissant les plus fortes hausses, elle est en revanche l'un de ceux comptabilisant le plus de procédures. Avec 8.685 défaillances dénombrées en janvier 2023, elle subit un bond de 42,3% par rapport à février 2022 (6.320 dossiers).

 

Mais elle dépasse malgré tout la barre des 8.500 cessations de paiements, là où la plupart des autres secteurs de l'économie française restent sous la barre des 6.000, voire des 2.000 procédures. Ceci dit, bâtiment et travaux publics enregistrent toujours quasiment 22% de défaillances en moins qu'en 2019, où 11.089 dossiers avaient été ouverts.

 

L'immobilier s'en sort beaucoup mieux, avec environ 1.400 dépôts de bilans en janvier 2023, presque 14% de plus qu'à la même époque un an plus tôt. Le rythme s'accélère toutefois nettement et rattrape rapidement le niveau pré-Covid : 1.631 redressements judicaires avaient été comptabilisés en 2019, ce qui représente une hausse de plus de 14% en comparaison au niveau actuel.

 

La situation s'aggrave franchement pour les TPE

 

Comme souvent, les PME (petites et moyennes entreprises, employant moins de 250 personnes) sont les sociétés les plus impactées par les faillites en ce début d'année 2023. Quasiment 43.000 (dont 39.800 micro-entreprises employant moins de 10 salariés) d'entre elles ont été en cessation de paiement en janvier dernier, soit une envolée de 52,6% en un an. Ce niveau reste toutefois inférieur d'un peu plus de 16% à l'exercice 2019 (51.119).

 

 

La situation s'aggrave néanmoins franchement pour les autres catégories. Les TPE (très petites entreprises, employant moins de 20 personnes) ont enregistré 1.900 défaillances en janvier 2023, un chiffre qui s'envole de 93% en comparaison à janvier 2022, et même d'environ 30% par rapport à janvier 2019 (1.478). Pour ces structures, la détérioration est donc colossale, non seulement en 12 mois, mais aussi depuis la période pré-Covid, alors que celle-ci est généralement présentée comme plus difficile encore.

 

Enfin, les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes (ETI-GE), qui emploient respectivement moins de 5.000 et plus de 5.000 salariés, sont logés à la même enseigne : 34 faillites en janvier 2023, 41,7% de plus qu'en janvier 2022, mais aussi presque 31% de plus en comparaison à 2019 (26 dossiers). Le retournement de situation concerne donc tout le monde.

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