Quatre jours avant la fin du mandat de Daniel Lebègue, DG du groupe, les appétits de la Caisse d'Epargne sur la filiale commune Eulia inquiètent les défenseurs de la mission originelle de la CDC.

La Caisse des dépôts et Consignations (CDC) est menacée par les appétits de la Caisse d'Epargne visant la compagnie financière Eulia, estiment les syndicats qui réclament de toute urgence un " débat parlementaire " sur les missions d'intérêt général du dernier groupe financier public.

Eulia, détenue pour 50,1% par la CDC et à 49,9% par le groupe Caisse d'Epargne, regroupe depuis sa création fin 2001 les activités concurrentielles des deux groupes dans le domaine financier (CDC-Ixis, activité immobilières et d'assurance).

La volonté des directions de la Caisse nationale des Caisses d'épargne (CNCE) de contrôler Eulia, troisième pôle financier français, s'est exprimée alors que le mandat de Daniel Lebègue arrive à échéance le 17 décembre. Au début du mois, le président du directoire de l'Ecureuil, Charles Milhaud, a mis le feu aux poudres en déclarant que " du point de vue de la croissance externe, le statut public d'Eulia pose problème ". La CDC a aussitôt répliqué par une autre salve, en mettant en avant le fait que " la structure du capital d'Eulia ne constitue pas un obstacle au développement ".

Hier, les syndicats CFDT, CGT et FO sont montés au créneau. " Alors que Daniel Lebègue met en avant les partenariats " que la CDC peut nouer avec d'autres établissements, Charles Milhaud est " dans une logique de gros groupe privé ", a ainsi jugé Daniel Bonté, de la CFDT de la CDC, reçu mardi 10 décembre à Bercy. Selon ce dernier, si l'on privatise les filiales de la CDC, qui interviennent pour 50% dans les résultats annuels du groupe, " que deviendront les missions de la CDC et son aide à la réalisation de nombreux projets, ses interventions là où le marché ne sait pas ou ne veut pas agir ? "

La CDC intervient financièrement, au nom de l'Etat, dans des missions d'aménagement du territoire, pour les retraites, l'économie sociale, mais aussi le développement de l'emploi et des PME, et pour le logement social.

Pour la CGT, " depuis sa création en 1816, la CDC n'a jamais floué ni les épargnants, ni les retraités ni les assurés ni les collectivités locales tout en apportant des compléments budgétaires important à l'Etat ". Pour le cégétiste Jean-Philippe Gasparotto, rien ne justifie de remettre en cause cet " équilibre " et que la CDC devienne un " établissement croupion ".

" Nous veilleront à ce que le gouvernement ne règle pas en catimini l'avenir du dernier établissement économique et financier de la République ", qui gère les fonds des livrets d'épargne et en particulier ceux du Livret A pour le logement social, ont prévenu FO et la CGT.

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