La Confédération helvétique qui souhaite sortir progressivement de l'énergie nucléaire dans les 20 ans, a adopté un texte visant au remplacement de tous les chauffages électriques d'ici à 2025.

Suite à la catastrophe de Fukushima en mars 2011, le Conseil fédéral helvétique a annoncé, le 25 mai dernier, la décision de sortir progressivement de l'énergie nucléaire, d'ici à 2034. Afin d'accompagner cette mesure forte, la réduction drastique de la consommation électrique est engagée et elle débute par l'abandon progressif du chauffage électrique.

 

La chambre basse du Parlement suisse a donc adopté une motion de sa Commission de l'Environnement qui propose de remplacer tous les convecteurs d'ici à 2025. Selon les chiffres de l'Office fédéral de l'énergie, 230.000 chauffages électriques fixes à accumulation installés chez les particuliers (6 % des ménages) représenteraient un total de 3.000 GWh de consommation annuelle. En ajoutant les appareils de chauffage électrique mobiles (1,5 million d'appareils consommant près de 600 GWh/an) et les installations utilisées dans le tertiaire, l'agriculture, l'industrie et les transports, la consommation monterait même à 5.500 GWh, soit les besoins moyens en électricité de 1,4 million de ménages. En hiver, les chauffages électriques monopoliseraient entre 15 et 20 % de la production électrique suisse.

 

Energie nucléaire et tout électrique
La Suisse a considéré que le bilan énergétique était très défavorable à ce type de chauffage : à première vue très efficace, puisque plus de 90 % du courant électrique est effectivement transformé en chaleur, il faut nuancer la performance. Les deux tiers de l'énergie primaire d'une centrale nucléaire sont par exemple dissipés sous forme de chaleur et seul un tiers est converti en énergie électrique. De l'électricité se perd ensuite tout au long de son transport (6 % environ). D'où une efficacité réelle estimé à 25 %, nettement inférieure à celle des pompes à chaleur à sonde géothermique ou sur nappe phréatique (rendement global 3-4 fois plus élevé). Selon les chiffres avancés par Greenpeace, les chauffages électriques suisses génèreraient indirectement 3 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit 6 % des émissions du pays.

 

Le texte proposé doit encore recevoir l'aval du conseil des Etats, la chambre haute du parlement helvétique. Un cadre légal sera ensuite établi. Rappelons que la Suisse dispose de cinq réacteurs nucléaires situés dans quatre centrales différentes (Beznau, Mühleberg, Gösgen et Leibstadt) qui ont été mises en service entre 1969 et 1984. La suppression totale du chauffage électrique permettrait de se passer d'au moins un réacteur (Mühleberg ou Beznau 2). Entre 1980 et 1990, du fait d'importantes surcapacités, les chauffages électriques ont été subventionnés et leur nombre a triplé, augmentant encore de 25 % entre 1990 et 2000.

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