Du design industriel à l'architecture en passant même par la promotion immobilière, ce touche à tout génial a largement contribué à révolutionner notre cadre de vie. Une rétrospective lui rend hommage jusqu'au 12 mai au Centre Georges Pompidou, à Paris.

Pour cette première rétrospective, du 26 févier au 12 mai, "Starck se met à nu, non pas pour provoquer mais dans une idée de subversion" explique le communiqué du Centre Georges Pompidou.
De fait, pour cette exposition, le designer a pris le parti de dépouiller le musée de ses oeuvres. Non point pour accrocher les siennes à la place mais pour remplir les quelques 800 mètres carrés d'exposition de vide.
"Venez, venez il n'y a rien à voir, il y a tout à recevoir !" Dès l'entrée, un bateleur accueille le visiteur dans l'exposition et annonce là le propos. Effectivement, le visiteur qui souhaite visiter cette expo comme on va chez Colette ou chez Conran Shop à toutes les chances d'être déçu.

Les chaises, canapés, lampes, téléviseurs et autres tabourets en nains de jardin qui ont fait le succès du créateur laissent la place à une unique oeuvre : une sculpture énigmatique en bronze longue de 5 mètres dénommée L'Ombre.
Tout autour de cet objet censé matérialiser l'inconscient du créateur, 11 zèles parlantes à son effigie et des écrans plasma où défilent ses principales créations. Ponctuellement des acteurs, élèves du cours Florent, se glissent au milieu des visiteurs. Le public pourra ainsi croiser un camelot, un exhibitionniste au grand manteau montrant les dessous des objets ou encore une amoureuse cherchant à faire partager son émotion.

Bref, plus qu'un spectacle, plus qu'une exposition, le véritable objectif de cette rétrospective est de nous dévoiler la conception que Philippe Starck se fait du métier de designer. Comme il aime à le déclamer, "derrière le design, il y a de la sueur, de l'amour et une bonne dose de délire inconscient".
Mais il y a également, et surtout, une bonne dose de pragmatisme et de professionnalisme derrière chaque création : de la chambre à coucher de Danielle Mitterrand à l'Elysée (1983), à l'usine de couteau Laguiole (1987) en passant par la chaise La Marie pour Kartell (1998) et les nombreux aménagements d'hôtels qu'il a conçu avec son compère Strager.
D'ailleurs, les carnets de commande de son agence Ubik sont archi pleins. Une cinquantaine de commandes est actuellement à l'étude dans ce temple de la création dont le chiffre d'affaires est passé de 2,5 millions d'euros en 2001 à 4,6 millions en 2002.

Fini les projets plus ou moins fumeux comme la fameuse maison sur plan vendue par les 3 Suisses et qui fut un véritable flop commercial mais un coup de pub de génie. Aujourd'hui, le bataillon de designers d'Ubik s'attaque en priorité à de gros projets et si possible fortement rémunérateurs. En architecture, les Starck's boys planchent sur les boutiques Jean-Paul Gautier, l'hôtel Miramar de Santa Barbara ou encore le nouveau siège de Baccarat qui, outre des bureaux, accueillera un musée, un restaurant et une boutique-concept store.

Depuis Londres, Philippe Stack s'est même improvisé promoteur immobilier. Avec la complicité de John Hitchcox, il a créé la société Yoo et propose aux bobos du monde entier des lofts clé en mains aménagés par les créateurs selon quatre styles : classique, minimaliste, naturel ou culturel. Le concept semble se développer dans toutes les grandes métropoles (Londres, New-York, Tel Aviv, Madrid, Hong-Kong, Melbourne...) à l'exception toutefois de Paris où un projet a été abandonné.

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