RENOUVELABLES. Non contentes de fournir de la viande et des céréales, les exploitations agricoles françaises participent activement à la transition énergétique. Selon l'Ademe, le monde paysan a produit, en 2015, un cinquième des EnR nationales, et cette part devrait progresser dans les années qui viennent. Explications.

Autoconsommation électrique, production de biocarburants, vente de biomasse ou mise à disposition de surfaces pour l'installation d'éoliennes… Les liens entre énergies renouvelables et monde agricole sont multiples. Au point que plus de 50.000 exploitations agricoles (soit 15 % du total) participaient, en 2015, à la production d'EnR selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Elles ont même fourni l'équivalent de 4,5 millions de tonnes de pétrole (Mtep) soit 20 % de la production renouvelable nationale.

 

Alors que doit s'ouvrir le 55e salon de l'Agriculture, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire déclare : "(…) la transition énergétique est une réalité et une opportunité pour les agriculteurs". Pour lui, les renouvelables représentent un geste pour la planète, des emplois dans les territoires ainsi qu'une source de revenus complémentaires pour les exploitants. Dans certains cas, les montants peuvent être importants : de quelques milliers d'euros de réduction sur la facture énergétique jusqu'à plus de 15.000 € annuels sont évoqués par le ministère de la Transition écologique. Un chiffre à mettre en perspective avec le revenu agricole moyen qui était, en 2015, de 25.400 € annuels…

 

Développer l'autoconsommation, d'une appropriation plus efficace

 

C'est pourquoi la tendance sera encouragée, afin d'aider le monde agricole et de poursuivre l'augmentation de la part des renouvelables dans le mix énergétique français. L'Ademe soutient que la contribution du monde agricole à la production énergétique pourrait être multipliée par deux en 2030 (9 Mtep) et même par trois et demi en 2050 (15,8 Mtep). Economiquement, l'activité renouvelable représentait 1,4 Mrd € de chiffre d'affaires en 2015 (soit 2 % du CA de toute l'agriculture). Un montant essentiellement porté par les biocarburants (1 Mrd €). Le photovoltaïque (109 M€), la méthanisation (88 M€) et la biomasse chaleur (85 M€) n'arrivaient qu'ensuite, tandis que la mise à disposition d'espaces permettant l'installation d'éoliennes générait 34 M€. Des chiffres "encore limités au regard du potentiel de l'ensemble du secteur agricole, [qui] génèrent néanmoins un impact significatif pour les agriculteurs engagés dans ces projets", note le ministère.

 

 

Selon la région, la filière agricole et la taille de l'exploitation (grande culture, polyculture et polyélevage, bovins laitiers ou bovins pour la viande, ovins, maraîchage et horticulture, fruits et cultures permanentes), l'Ademe a identifié de nombreuses opportunités différentes. Quatre modèles d'affaires principaux sont mis en avant : autoconsommation d'énergie renouvelable (chaleur, électricité, gaz) afin de réduire la facture de l'exploitation ; production et vente de biomasse pour la production d'énergies (biocarburants, méthanisation, bois énergie) ; vente d'électricité ou de gaz directement sur les réseaux ; mise à disposition de surfaces (éolien, photovoltaïque). L'agence formule plusieurs recommandations : "En premier lieu, l'efficacité énergétique des exploitations agricoles doit être améliorée". Ensuite, "renforcer l'animation du déploiement des énergies renouvelables dans le secteur agricole", car les différentes solutions d'EnR souffrent encore d'un manque de connaissances. L'Ademe propose que des dispositifs de financement adaptés soient mis à la disposition des agriculteurs, à l'image de ce qu'il se fait en Allemagne (Rentenbank). Et, comme souvent, il est également recommandé que les démarches administratives soient facilitées pour les projets qui nécessitent de multiples autorisations (méthaniseur, éolien, photovoltaïque). L'étude note qu'un renforcement des animations locales, axées sur les conseils techniques et financiers, permettant de mieux accompagner le montage d'opérations permettront d'accélérer la diffusion des EnR dans le monde rural.

 

Impact des énergies renouvelables sur les sols :
L'installation des EnR dans les exploitations agricoles peut nécessiter la mobilisation de terres ou entraîner une substitution de la production d'origine et modifier la qualité des sols. Solaire thermique, pompes à chaleur, photovoltaïque de toiture ou chaudières biomasse ne consomment pas de sols. En revanche, la production de biocarburant de 1re génération en est très grosse consommatrice avec 769.000 hectares. La surface des cultures dédiées à la méthanisation est, elle, relativement restreinte (14.850 hectares). Quant à l'impact des éoliennes sur les surfaces agricoles, il est considéré comme négligeable (583 hectares). Les centrales photovoltaïques au sol concernaient, en 2015, seulement 450 hectares de foncier productif. Les cahiers des charges des appels d'offres PV autorisent des installations sur des zones avec maintien du pâturage ou production sous serres.

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