Le temps glacial, qui sévit sur l'Hexagone depuis quelques jours, contraint les téméraires qui travaillent malgré tout à prendre les bonnes précautions. Hommes et matériaux sont de fait impactés, mais dans quelles mesures ? Décryptage.

Les bulletins météorologiques de ces derniers jours, qui se succèdent et se ressemblent, n'ont pas été des plus cléments. L'institut national de recherche et de sécurité (INRS) rappelle que la vigilance s'impose dès que la température ambiante est inférieure à 5 °C. En extérieur, l'organisme rappelle que l'intensité du froid ressenti est accentuée notamment par le vent et l'humidité. Ainsi, sous un vent de 45 km/h, une température de -5 °C peut produire alors le même refroidissement corporel qu'une température de - 15 °C sans vent.
La meilleure solution ? Utiliser des gants et porter des sous-gants en dessous. Ne pas négliger non plus la tête et le cou, car près de 30% de la chaleur corporelle est évacuée par le crâne et par la bouche.

 

Précautions de base
Dans ces conditions, les autres solutions de « protection individuelles adaptées » les plus connues sont: abris, vêtements chauds, gants, bottes fourrées, bonnet. Prendre régulièrement des « boissons chaudes » à l'intérieur d'un abri est fortement conseillé. Ce sont autant d'éléments qui doivent être pris en compte dans la planification des tâches et l'organisation générale du travail. Et le petit coup de «gnole» sur le chantier est à éviter… « L'alcool déshydrate et donne une fausse sensation de chaleur et incite à se découvrir et donc à se refroidir encore plus », signale l'OPPBTP, le conseil de la branche du BTP en matière de prévention et de sécurité au travail, santé et amélioration des conditions de travail.

 

Aucune règle juridique
« Pour rappel, un décret impose aux entreprises de prévoir un local ou des aménagements de chantier pour protéger leurs travailleurs contre des conditions climatiques menaçant leur santé ou leur sécurité, nous explique aussi une journaliste juridique aux Editions Tissot. L'employeur doit inscrire dans le document unique les risques liés aux ambiances thermiques (froid, chaud, vent...) et prévoir des solutions préventives. »

 

Impossible de travailler l'enrobé en dessous de 0°C
Charge au coordonnateur de la sécurité et de la protection de la santé (SPS) de s'assurer du respect de ces obligations. Alors, la question incontournable se répète à chaque grand froid : A quelle température précise, arrête-t-on un chantier ? « Au cours de cette semaine particulièrement froide, nous n'avons pas pu, par exemple, travailler les enrobés sur les travaux de voirie à l'hôpital Cochin, nous raconte un ouvrier de chez Colas, au chômage technique depuis quatre jours. Pour rappel, l'application des enrobés devient critique entre zéro et cinq degrés. En dessous de zéro, il est impossible de travailler l'enrobé sur les travaux publics ! En revanche, en maçonnerie, on peut tout de même effectuer le terrassement ou se lancer dans une tranchée… » Et de confier : « Sur un gros chantier, l'interruption dépend de l'appréciation du conducteur de travaux… Et n'oublions pas que sur les chantiers importants, il n'y a pas de règles juridiques pour les sociétés sous-traitantes. Une seule règle existe pour elles : C'est marche ou crève ! »

 

Par ailleurs, tandis que le gel devrait perdurer encore cette semaine, « les conditions de mise en œuvre sont arrêtées sur tous les chantiers actuels où les entreprises y travaillent le béton », nous précise un porte-parole de la Fédération française du bâtiment (FFB). Et d'ajouter : « Sont concernés avant tout les utilisateurs d'enduits extérieurs, les salariés des filières humides, des peintures et du plâtre également. »

 


Quatre règles pour se prémunir du froid sur un chantier
1)Éviter les activités physiques trop intenses par jour de pollution ainsi que par grand froid. Un effort important amène à inspirer de manière vigoureuse, ce qui refroidit l'organisme de l'intérieur et favorise les spasmes bronchiques.
2)Boire régulièrement (boissons chaudes de type thé ou chocolat chaud). Manger suffisamment. Savoir reconnaître les premiers signes du refroidissement.
3)S'habiller chaudement, sans oublier la tête, la gorge, la nuque et les extrémités (gants, chaussettes en laine). Le bonnet est de rigueur. Préférer le col roulé ou l'écharpe tube à l'écharpe qui peut provoquer des accidents si elle est happée par un outil rotatif.
4)Se prévenir grâce à la météo
Suivre les prévisions météorologiques au jour le jour est important pour les responsables de chantier afin d'adapter ce dernier aux intempéries ou même de cesser l'activité si les risques encourus par les salariés sont trop importants (vent violent, orages…). Le site www.meteoconsult.fr propose aux entreprises à travers son service Meteo Consult Pro de donner accès à une tendance à 14 jours, à l'échelle locale, heure par heure.
Source: OPPBTP, le conseil de la branche du BTP en matière de prévention et de sécurité au travail, santé et amélioration des conditions de travail.

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