La Commission suisse des OPA a confirmé que Saint-Gobain n'avait pas besoin de lancer une offre publique afin de prendre le contrôle du chimiste de spécialité Sika. Une décision qui conforte le groupe français mais dont la fondation Bill & Melinda Gates et le fonds Cascade Investment vont faire appel.

L'affrontement autour du groupe de chimie helvétique Sika se poursuit entre Saint-Gobain et la holding Schenker-Winkler d'un côté, et la direction de Sika soutenue par certains actionnaires de poids, de l'autre. Le géant français des matériaux de construction vient pourtant de marquer un point avec la confirmation, par la Commission suisse des OPA (COPA), des statuts de l'entreprise suisse, qui autorise donc Saint-Gobain à acquérir la participation de 16,5 % des héritiers du fondateur, ainsi que les 52,4 % de droits de vote qui y sont attachés, sans passer par une coûteuse offre publique. Précisément, la COPA explique : "La décision confirme que la clause d'opting out s'applique au projet d'acquisition de Schenker-Winkler Holding par Saint-Gobain. (Elle) s'applique conformément à l'article 5 des statuts de Sika AG. (…) la compagnie Saint-Gobain, ainsi que toute personne agissant en accord avec elle, ne sont par conséquent pas tenues de soumettre une OPA aux actionnaires".

 

Une décision déjà contestée par les opposants

Aussitôt, le groupe français s'est félicité de cette nouvelle qui "clos le sujet d'un prétendu abus de droit que soulevait Sika". Dans un communiqué, Pierre-André de Chalendar, le p-dg de Saint-Gobain, déclare : "Une partie de la direction et du conseil d'administration d'une société cotée ne peuvent pas décider quand, et à qui, les actionnaires peuvent céder leurs titres, ni interpréter différemment les statuts de la société selon les événements ou l'identité des propriétaires d'un de ses actionnaires en vue de le priver de ses droits".

 

De leur côté, les opposants au rapprochement entre les deux industriels ont décidé de faire appel de la décision de la COPA. La fondation Bill & Melinda Gates et le fonds d'investissements Cascade, deux actionnaires, expliquent ne pas être d'accord "avec le raisonnement et la conclusion de la Commission des OPA". Ils vont donc faire appel à la Finma, l'autorité de surveillance des marchés financiers suisses. Dans une note séparée, la Banque Cantonale de Zurich précise que la décision de la COPA ne règle "qu'une partie du litige juridique" et que l'annonce n'était que "légèrement négative" pour Sika. D'autres procédures sont en effet en cours dans le canton de Zoug, où siège la société. Le bras de fer n'est donc toujours pas terminé.

 

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