Le p-dg de Saint-Gobain, qui souhaite prendre le contrôle de Sika avec le soutien de la famille héritière, et en dépit de l'opposition de la direction et du conseil d'administration, ne lancera pas d'OPA pour parvenir à ses fins. Il l'a réaffirmé à un quotidien économique.

Pierre-André de Chalendar, président-directeur général de Saint-Gobain, a une nouvelle fois annoncé que la prise de contrôle du groupe suisse de chimie de spécialité Sika se ferait sans recours à une offre publique d'achat. "La transaction est faite !", a-t-il déclaré dans les colonnes de l'Agefi, un quotidien financier, poursuivant, "sur le fond, rien n'a changé depuis le 8 décembre". A cette date, le groupe français avait proposé environ 2,3 Mrds € à la famille Burkard, héritière du fondateur et détentrice de 52,4 % des droits de vote (mais de seulement 16,1 % du capital). Une manœuvre qui permettait à Saint-Gobain de rafler la mise pour un coût mesuré, mais qui n'avait pas été du goût de la direction, ni du conseil d'administration de Sika, qui n'avaient pas été consultés. Certains actionnaires minoritaires avaient même apporté leur soutien à la direction, à l'image de la fondation Bill & Melinda Gates ou de la société Cascade Investment LLC.

Sika inquiet pour son indépendance

"Il est clair par ailleurs que des actionnaires veuillent obtenir la même prime que la famille Burkard. Mais nous ne ferons pas d'OPA", a martelé Pierre-André de Chalendar. Le groupe suisse estime que le rapprochement se fera au détriment de son indépendance ou de sa santé financière, des arguments que réfute le p-dg de Saint-Gobain : "Mon message est que Sika n'a rien à craindre pour l'emploi et que l'entreprise continuera à avoir une grande autonomie". Selon lui, le groupe français aurait été forcé de faire une proposition après avoir été approché par la holding Schenker-Winkler, qui représente les intérêts des héritiers, en octobre 2014 "dans le cadre d'un processus de vente compétitif - Saint-Gobain n'étant pas le seul en lice - et secret".

 

Le feuilleton ne devrait pas cesser immédiatement, puisque les dirigeants de Sika, qui avaient tenté de limiter les droits de vote de la famille Burkard à seulement 5 % des actions nominatives, ont été assignés en justice par la holding qui entend faire respecter ses droits. Le tribunal du canton de Zoug (Suisse) devrait entendre les deux parties prochainement avant de rendre sa décision.

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