Après la Capeb, au tour de la Fédération française du bâtiment d'être reçue par la secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat. Au menu, loi Macron, RGE, RSI, pénibilité, apprentissage… autant de sujets qui inquiètent et questionnent les artisans. Décryptage avec Henry Brin, président du Conseil de l'Artisanat.

"C'est une femme de conviction, qui connaît bien le terrain des TPE/PME, et même si nous avons des vues différentes parfois, cette rencontre s'est déroulée dans une très bonne ambiance", nous confie d'emblée Henry Brin, président du Conseil de l'Artisanat de la FFB. Au programme de l'entretien avec Carole Delga, ce mardi 3 février 2015, les sempiternels thèmes de l'apprentissage, de la pénibilité, du RGE ou encore du RSI.

 


Loi Macron
"Nous avons abordé la question de la carte professionnelle, une des mesures pour le BTP de la loi Macron. Cette mesure, si elle facilitera la lutte contre le travail illégal, demande d'être renforcée en termes de moyens humains supplémentaires pour faire les vérifications d'usage sur les chantiers. D'ailleurs Jacques Chanut a fait une proposition à Michel Sapin, celle d'utiliser les douaniers. A suivre".

 

Apprentissage
"Rappelons que 50% de nos artisans sont issus de l'apprentissage", insiste Henry Brin. Le secteur est d'autant plus inquiet par la baisse chronique de l'apprentissage que les mesures prises sont insuffisantes. "C'est la transmission de nos entreprises qui est mise à mal, souligne le président du Conseil de l'Artisanat. Il faut aller plus loin, les attentes ont évolué et ne correspondent plus à l'ère du temps". Une solution évoquée : prévoir un accompagnement auprès des jeunes et des entreprises.

 

Pénibilité
La mission Sirugue est très attendue. "Mais je n'aime pas le terme de 'pénibilité', je préfère dire que les conditions sont difficiles mais que le secteur a des atouts", explique Henry Brin. Il reste confiant pour l'avenir de cette mesure : "la ministre a compris la légitimité de nos demandes et le fait que la mesure est inapplicable dans nos métiers".

 

Dialogue social
"Pour nous le dialogue social se fait au quotidien. On n'a pas besoin d'une personne extérieure à nos entreprises pour gérer cela", s'insurge Henry Brin. Qui s'étonne des voix dissonantes de ses collègues de la Capeb et de l'UPA qui ont soutenu cette mesure…

 

FFB : chanut/delga/brin
FFB : chanut/delga/brin © H. Gottschalk
Délais de paiement et relations avec les banques
"Les relations avec les banques se sont fortement dégradées, elles ne jouent pas le jeu, c'est une réalité. Même avec les entreprises qui fonctionnent bien, elles ne suivent pas sous prétexte que le BTP est un secteur à risque", analyse Henry Brin. Quid de l'éternel problème des délais envers les clients finaux ? "Nous avons fait des propositions, comme l'instauration d'une médiation. Mais je crois qu'il faut vraiment une impulsion législative pour faire évoluer les choses".

 

RSI
"Il ne faut pas tomber dans le populisme", indique Henry Brin, qui se dit opposé aux manifestations annoncées ces jours-ci contre le RSI. "Certes, il y a un problème de gouvernance, mais aussi de communication. Il est trop facile de nier l'évidence. Il y a des difficultés, il faut les accompagner. Je suis plutôt pour œuvrer à l'intérieur du RSI que de l'attaquer".

 

 

RGE
"C'est une bonne mesure, nos entreprises sont prêtes", affirme le président du Conseil de l'Artisanat. Qui a rappelé à la ministre l'aberration de l'instruction fiscale en faveur des GSB, qui pourraient être labellisées RGE. "C'est contre-productif, et cette erreur sera sûrement corrigée".

 

Et de conclure : "Nous avons apporté notre contribution, en restant pragmatiques. L'objectif n'est pas d'allumer des feux, mais de faire en sorte que notre pays se remette en marche. Et surtout d'encourager nos entreprises".

actionclactionfp