JUSTICE. L'impressionnant chantier de la Nouvelle Route du Littoral, sur l'île de la Réunion, pourrait bien prendre du retard : une décision du Conseil d'Etat relative à l'exploitation de plusieurs carrières locales qui approvisionnent les travaux risque de freiner l'avancement de la digue.

Voilà une décision judiciaire qui pourrait bien ralentir le chantier de la Nouvelle Route du Littoral : le 24 juillet dernier, le Conseil d'Etat a rejeté un pourvoi en cassation du ministère de la Transition écologique au sujet de l'exploitation de plusieurs carrières sur l'île de la Réunion. Le Gouvernement réclamait en fait l'annulation d'un arrêté de la cour administrative d'appel de Bordeaux datant de 2018, qui annulait lui-même un arrêté du préfet de la Réunion modifiant le Schéma départemental des carrières (SDC) afin de permettre l'exploitation de quatre sites dédiés à la construction de la Nouvelle Route du Littoral. Mais la cour administrative d'appel avait retenu les arguments de plusieurs plaignants, lesquels dénonçaient l'absence d'évaluation environnementale préalable à l'autorisation d'exploitation des carrières. Le ministère de la Transition écologique avait par conséquent formé un pourvoi en cassation dans l'optique d'annuler cette décision, et par extension de garantir l'exploitation des sites.

 

 

Le Conseil d'Etat a cependant estimé qu'aucun des arguments du Gouvernement n'était "de nature à permettre l'admission du pourvoi", d'après la décision dont l'AFP a obtenu copie. Ce nouveau rebondissement empêche donc l'exploitation de plusieurs sites, dont celui de Bois-blanc, dans l'ouest de l'île ; une carrière dont la production est jugée incontournable pour édifier la partie digue du chantier.

 

"La seule solution pour permettre aux 80.000 usagers de la route de circuler sur un axe sécurisé"

 

 

La région Réunion a réagi par voie de communiqué en indiquant prendre "acte du rejet du Conseil d'Etat", tout en soulignant que la carrière dite Ravine du Trou, dans l'ouest de l'île, n'est pas concernée par l'annulation de la procédure et pourra donc continuer à approvisionner le chantier en matériaux. La collectivité ultra-marine précise aussi que la Nouvelle Route du Littoral représente "la seule solution pour permettre aux 80.000 usagers de la route de circuler sur un axe sécurisé", étant donné que l'infrastructure actuelle, au pied des falaises, expose les automobilistes à des éboulements et autres menaces. Le Conseil régional de la Réunion assure à ce sujet que "près de 80% du chantier, reconnu d'utilité publique en 2012 et autorisé en travaux en 2013, sont en voie d'achèvement".

 

Pour rappel, la Nouvelle Route du Littoral est une infrastructure routière longue de 5,4 km, surplombant la mer et qui doit relier le nord et l'ouest de l'île de la Réunion. Porté par la région éponyme, le projet représente un investissement de presque deux milliards d'euros, financé par le Conseil régional, l'Etat et l'Europe. La partie viaduc de l'ouvrage est achevée depuis mars 2019, et les équipes s'affairent actuellement sur la partie digue, qui doit s'étendre sur 2,7 km.

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