FERROVIAIRE. SNCF Réseau a remis le 9 octobre 2020 au ministre délégué en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, son rapport sur la mise en œuvre de service express métropolitains, type RER. Des transports du quotidien dont la loi d'orientation des mobilités prévoit le déploiement.

Le ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, était à Strasbourg le 9 octobre 2020. Un déplacement dans le Grand Est au cours duquel il a beaucoup été question de ferroviaire et de mobilité du quotidien.

 

C'est à cette occasion que SNCF Réseau, représenté par son directeur général délégué Matthieu Chabanel, a remis au ministre un document attendu pour lancer ou étayer les discussions dans certaines métropoles : le schéma directeur des services express métropolitains, que le gestionnaire de réseau devait initialement rendre avant le 1er janvier 2020, pose ainsi les premiers jalons de la mise en œuvre de RER dans ces aires urbaines.

 

Rappelons au préalable que la loi d'orientation des mobilités (LOM), promulguée fin 2019, établit clairement la volonté de "favoriser la réalisation de projets de RER métropolitains", dans le but d'aider à doubler la part modale du transport ferroviaire dans les déplacements du quotidien. Pour cela, l'ex-ministre des Transports, Elisabeth Borne avait demandé à SNCF Réseau de réaliser un premier rapport pour commencer à dessiner la stratégie à adopter. Ce schéma directeur propose ainsi "une identification des besoins des territoires métropolitains en matière de mobilité et la vision de SNCF Réseau sur les caractéristiques d'un nouveau service ferroviaire pouvant satisfaire tout ou partie de ces besoins", indique le groupe.

 

Une enveloppe de 30M€ dans le cadre de France relance


Il ne s'agit donc pas ici de proposer une programmation, ni de trancher la question des financements qui devra faire l'objet d'un travail partenarial entre l'Etat, SNCF Réseau et les collectivités locales. Même si l'Etat, à la remise du rapport, s'est enorgueilli de mobiliser une enveloppe spécifique 30M€ dans le cadre du plan de relance pour accélérer la mise en œuvre de ces services. Une somme qui doit aussi aider les collectivités à "réaliser de premières améliorations sur les infrastructures et à lancer la programmation d'opérations dans les futures contractualisations avec l'Etat sur les infrastructures", dans l'optique des discussions sur le volet transport des contrats de plan Etat-Régions, qui a été décalé de deux ans (le prochain sera donc pour 2023).

 

Ce schéma directeur couvre en réalité trois objectifs : "définir les clés de succès du développement des services express métropolitains (SEM) dans les étoiles ferroviaires et esquisser les pistes de leur bonne intégration dans le réseau existant" ; "expliciter la diversité des situations territoriales en matière de besoins de mobilité en identifiant les territoires à potentiel de développement de ces services et les zones saturées ou en voie de l'être" ; "proposer un état des lieux d'investissements qui permettent le développement des services visés à moyen et long terme".

 

Déploiement progressif


L'une des clés du succès, à la lecture du rapport de SNCF Réseau, est de ne pas se précipiter. "Cette offre peut faire l'objet d'un déploiement progressif dans le temps, car l'ambition de doublement de la part du ferroviaire dans le transport peut s'inscrire dans une temporalité plus ou moins longue, liée à plusieurs facteurs", explique le gestionnaire d'infrastructure dans son rapport. Car faire évoluer l'offre déjà existante nécessitera des "transformations nombreuses", et il faut que les nouveaux services s'articulent bien avec les autres modes déjà à disposition, sans les perturber. Dans le ferroviaire, cela contraint à revoir les modalités d'exploitation et de maintenance par exemple.

 

Par ailleurs, il faut prendre en compte le "rythme de contractualisations entre acteurs publics sur la question des mobilités", souligne SNCF Réseau. Sans compter que les investissements à réaliser pour adapter l'infrastructure ferroviaire peuvent être longs, avec des travaux à effectuer dans des contextes contraints. Leur impact n'est donc pas à négliger pour éviter une dégradation des services en place, qui tournent déjà parfois à flux tendus.

 

Optimiser l'existant

 

La question des potentiels conflits d'usages ne doit pas se limiter aux travaux. Le développement de ces services express métropolitains doit ainsi "prendre en compte l'ensemble des circulations (TGV, Intercités, fret…) et de dégager une réponse globale pour les satisfaire". Aussi, la réflexion doit mener notamment sur "l'agencement des circulations, au plus près des possibilités de l'infrastructure qui permet de maximiser l'utilisation de la capacité". En gare principale, les principes d'exploitation devront être de leur côté strictement appliqués.

 

Avant de se lancer dans des projets de construction d'ouvrages neufs, ou de "modification significatives des infrastructures existantes", SNCF Réseau insiste sur la nécessité d'étudier comment optimiser le potentiel des infrastructures en déployant des solutions technologiques innovantes, les horaires pour "développer de nouveaux sillons", et l'exploitation en identifiant les "goulots d'étranglements matériels et donc les investissements à consentir". Parfois, cependant, la création de voies, de quais supplémentaires, d'ouvrages spécifiques est indispensable pour désaturer ces nœuds ferroviaires.

 

Dix métropoles à fort potentiel

 

 

Dans son rapport, SNCF Réseau a déjà établi une liste des métropoles dans lesquelles ces nouveaux services de RER seraient les plus pertinents. Elles sont 10 : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Nantes, Nice (Côte d'Azur), Rennes, Strasbourg, Toulouse. Dans certains cas, des réflexions voire des projets sont déjà en cours. C'est le cas à Bordeaux, Strasbourg, Aix-Marseille et Nice (deux métropoles pour lesquelles le projet de ligne nouvelle Provence-Côte d'Azur facilitera la mise en œuvre de services du quotidien), ou encore Grenoble. "A Lyon, de nombreux acteurs se sont prononcés pour la mise en place d'un RER à la lyonnaise, lors du débat public de 2019 sur le nœud ferroviaire lyonnais. Les études post débat public intégrant un volet service express métropolitains sont en cours", note SNCF Réseau, tandis qu'à Rennes et Nantes des études sont en cours.

 

A moyen terme, le gestionnaire d'infrastructures relève également que la création de RER métropolitain pourrait être pertinent sur d'autres territoires. C'est le cas des métropoles de Dijon, Montpellier, Rouen, Toulon et Tours. Mais aussi, au-delà des métropoles, de villes comme Angers et Le Mans, ou dans certaines zones frontalières comme l'aire urbaine de Metz-Nancy, en relation avec le Luxembourg, de l'axe Mulhouse-Bâle, du projet de RER Béarn-Pays Basque-San Sebastian vers l'Espagne, ou de la liaison Annemasse-Genève. Dans ce dernier cas, une étape est déjà à l'œuvre puisque le Léman Express a été inauguré en décembre 2019.

 

Définir rapidement une stratégie d'investissement

 

Avancer progressivement dans la mise en œuvre ne signifie pas pour autant reculer le début des travaux et des réflexions. Tout au contraire. Créer ces services, améliorer la mobilité du quotidien tout en renforçant les infrastructures pour augmenter la capacité du réseau demandera des investissements, souvent lourds. La qualité des services passera aussi par une adaptation des modes d'exploitation, de surveillance et de maintenance qui ne s'improvise pas.

 

Alors, "pour concrétiser cette ambition à dix ans, une stratégie d'investissement cohérente, combinant déploiement de solutions technologiques et aménagement d'infrastructures pour prendre en compte les besoins de services" doit être définie dès maintenant, dans les deux ans, en engageant les études. Ce qui permettra, pour chaque étoile ferroviaire, de "de dégager une vision à long terme, une trajectoire et des évolutions accessibles à court terme en s'assurant de la soutenabilité économique globale tant pour l'exploitation que pour les investissements nécessaires", fait valoir SNCF Réseau. Ainsi, les programmes pourraient trouver une traduction dans les futurs contrats établis entre l'Etat, le gestionnaire et les régions pour 2023-2027, ou pour ceux à établir pour 2028-2032. A noter que la part de l'Etat à certains projets est déjà définie dans la programmation des infrastructures de la LOM.

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