CONFORT. Au cours de la quatrième édition d'EnerJ-Meeting, Corinne Mandin, responsable expologie à la direction santé confort au CSTB, et Cécile Oechsner, cheffe de projet architecture et développement durable du groupe 3F, se sont interrogées sur la question du confort et de la qualité sanitaire dans le cadre d'une rénovation énergétique.

Comme son nom l'indique, l'objectif principal d'une rénovation énergétique et de réduire les besoins en énergie du bâtiment. Cependant, les travaux entraînent des changements au niveau du confort et de la qualité sanitaire. C'est sur ce point que Corinne Mandin, responsable expologie à la direction santé confort du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), et Cécile Oechsner, cheffe de projet architecture et développement durable du groupe 3F, ont travaillé. Lors de la quatrième édition d'EnerJ-Meeting, qui s'est déroulée le 6 février 2020 au Palais Brongniart, elles sont venues présenter leurs travaux.

 

"On peut penser que les rénovations énergétiques peuvent être défavorables à la qualité sanitaire. Par exemple, si on améliore l'étanchéité du bâtiment, on diminue le renouvellement d'air et, donc, on dégrade la qualité de l'air intérieur", explique Corinne Mandin. Dans le cadre du programme Bâtiments performants en énergie de l'Observatoire de l'air intérieur, une étude démontre que 47 % des logements rénovés développent des moisissures, contre 37 % pour l'ensemble du parc français. Autre constat : près de Concarneau (Finistère), une étude montre que les biens récemment rénovés présentent une plus forte concentration de gaz radon. "Vigilance donc, mais il y a aussi des bénéfices", complète Corinne Mandin. Tout d'abord d'un point de vue thermique, et également au niveau de la santé des habitants, "notamment ceux en situation de précarité énergétique", précise-t-elle.

 

Des outils pour accompagner les propriétaires

 

"Nous n'avons que trop peu de connaissances sur le sujet. Dans le monde, seules cinq études ont intégré des mesures avant et après la rénovation", déplore Corinne Mandin, avant d'introduire Cécile Oechsner du groupe 3F. La filiale d'Action Logement a réalisé une étude lors de l'appel à projets de la région Île-de-France pour améliorer la qualité de l'air des Franciliens. Au total, dix résidences de quatre à cinq logements ont été analysées avant et après la rénovation. "A ce jour, les résultats ne sont pas complets mais nous avons d'ores et déjà constaté une amélioration globale du confort, que ce soit la qualité de l'air intérieure, la température ou l'hygrométrie. De même pour la concentration de dioxyde d'azote qui diminue après les travaux. Concernant les particules, elles aussi sont moins nombreuses, mais le taux d'exposition reste supérieur aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé", détaille Cécile Oechsner.

 

Face aux bénéfices potentiels de la rénovation, le CSTB pilote le projet européen Aldren ("Alliance for deep renovation in buildings"). Il vise à donner "aux gestionnaires de bâtiments, notamment des bureaux ou des hôtels, des outils pour faciliter leur engagement dans la rénovation énergétique". Le premier d'entre eux a été baptisé Tail (thermique, acoustique, qualité de l'air intérieur et lumière). Il s'agit d'un indicateur qui donne une note au bâtiment, avant les travaux, pour définir les points à améliorer en priorité, et après, pour voir l'évolution. Enfin, le CSTB a pour projet d'instrumenter un peu plus d'une centaine de bâtiments afin d'obtenir des mesures précises de la qualité de l'air intérieure.

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