REACTIONS. Les ministres Nicolas Hulot et Jacques Mézard ont dévoilé ce vendredi la feuille de route pour la rénovation énergétique, très attendue par les professionnels du bâtiment. Réforme du CITE, de la RGE, pilotage de la concertation... Qu'en pensent ces derniers ?

Fin du suspens. Attendue depuis plusieurs semaines déjà par les professionnels du bâtiment, la feuille de route pour la rénovation énergétique a enfin été dévoilée ce vendredi 24 novembre 2017 par les ministres de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des territoires, Nicolas Hulot et Jacques Mézard. (Lire notre article sur le contenu des annonces)
Découvrez les réactions de quelques grands acteurs du bâtiment :

 

Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable

 

"Nous sommes heureux de l'annonce de cette feuille. Voilà quelques mois que nous l'attendions", a réagi le Président du Plan Bâtiment Durable. "Nous allons être partie prenante de la consultation qui s'ouvre jusqu'à janvier et nous avons déjà décidé de tenir une assemble générale exceptionnelle en janvier, où nous rassemblerons 300 personnes pour réfléchir avec elles aux éventuels ajustements qu'il faut apporter à cette feuille de route. Mais je crois que la tonalité principale, c'est de favoriser une appropriation rapide de cette feuille de route par les acteurs", a-t-il déclaré.

 

Philippe Pelletier a toutefois tenu à rappeler : "nous avons déjà anticipé notre activité et notre rôle de lieu de concertation en prenant deux initiatives sur les deux priorités que le ministre a annoncé. Sur les passoires énergétiques, nous avons lancé un grand recensement de toutes les actions qui, à côté de celles de l'agence nationale de l'habitat, prétendantes intervenir sur ce sujet. Sur la rénovation des écoles […] nous avons récemment lancé un groupe de travail avec la caisse des dépôts pour essayer d'inventé le modèle économique qui permettra aux collectivités de rénover les écoles".
Pour coordonner ces actions, il faut des chefs de file. Lorsque nous lui avons demandé s'il espérait en être un, Philippe Pelletier nous a confié qu'il "l'espérait bien".

Découvrez la réaction de Philippe Pelletier en vidéo :

 

Catherine Jacquot, Présidente du Conseil National de l'Ordre des Architectes


"Nous nous réjouissons de la mobilisation de deux ministères sur cette question", a réagi Catherine Jacquot, présidente du Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa), auprès de Batiactu. "C'est une tâche considérable, un enjeu de société. Cela ne se fera pas si les citoyens n'ont pas le désir de s'investir ; il faut qu'ils y voient une amélioration de leur confort, de l'usage de leur logement et la valorisation de leur patrimoine. C'est ce que les architectes proposent. Nous nous réjouissons que le diagnostic global avant une rénovation thermique puisse être éligible au Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) qui va se transformer en prime en 2019. La rénovation thermique n'est pas seulement une problématique technique, mais aussi culturelle et sociale. Les architectes se sentent bien sûr totalement investis dans cette grande transformation du cadre de vie."

 

Patrick Liébus, Président de la Capeb

 

La fédération des artisans entend bien relever le défi de la rénovation énergétique des bâtiments et continuer de se mobiliser. Concernant la réforme de la qualification RGE, Patrick Liébus a déclaré : "redonner une dynamique c'est une bonne chose". "La qualité de la mise en œuvre est la réussite de la performance. Vous avez notre soutien sur ce sujet", a-t-il dit lors de la table ronde organisé ce 24 novembre avec les ministres Nicolas Hulot et Jacques Mézard. "La montée en compétence doit être reconnue", a ajouté le président de la Capeb qui a fait valoir les investissements et les formations déjà suivis. Il tient toutefois a alerté sur un point : "il est impératif que la massification ne se traduise pas par un processus "d'industrialisation" qui amènerait les TPE à devenir des sous-traitants, cantonnés à des tâches d'exécution standardisées. L'intervention sur le bâti existant, pour être efficace, appelle une expertise et un savoir-faire difficilement standardisable".

 


 

Fédération Française du Bâtiment


La FFB "salue ce plan de rénovation énergétique" dont elle dit partager l'ambition et les grands objectifs". Pour la fédération, les mesures présentées "correspondent bien à une priorité nationale". Cependant, elle demande que deux incertitudes "soient levées au plus vite". Tout d'abord, elle souhaite des précisions sur la prise en compte des chaudières fioul à haute performance énergétique et des fenêtres dans la future prime (CITE réformé). La FFB attire aussi l'attention sur le fait que "Rénover 500.000 logements suppose une action d'envergure auprès de l'ensemble de la population et pas seulement auprès des ménages modestes". Elle ajoute : "De même, s'il est important et nécessaire de réfléchir à un champ réglementaire plus efficace, il serait hautement contreproductif de s'inscrire dans une dynamique, même ciblée, d'écologie punitive qui n'est rien d'autre qu'une inflation normative et fiscale". Ainsi, le président de la FFB, Jacques Chanut, déclare :" La FFB appelle à une cohérence d'approche et espère que les décisions seront prises après une évaluation minutieuse des impacts".

 


 

 


Joël Vormus, directeur du Cler, réseau pour la transition énergétique

 

"Avec ce projet de plan, nous franchissons un palier supérieur dans l'identification des obstacles à la rénovation énergétique du parc existant. Il a le mérite de regrouper en un seul document des dispositifs qui étaient éparpillés, même s'il nous manque encore le calendrier. Il faut effectivement un pilotage étatique de ce vaste chantier, et pour cela il faut améliorer les données et l'accès aux données. Il faudrait faire un point régulier sur la situation pour savoir si l'on tient la trajectoire indiquée. Il nous faut aussi des données comparables d'une année sur l'autre. Car aujourd'hui, nous n'avons aucune visibilité sur le marché de la rénovation énergétique, il n'y a pas d'outils. Je note toutefois que ce plan a deux angles morts : la qualité, puisque nous aimerions par exemple que le RGE soit donné de manière plus exigeante, tire la profession vers le haut, en mettant par exemple en avant les professionnels qui proposent une garantie d'économies d'énergie. Il y a également un problème au niveau de l'ambition de ce projet de plan. Il semble en effet que les petits travaux de rénovation soient surtout ciblés ; mais il faudrait aussi massifier les rénovations globales. Quant à l'idée de lancer une concertation : est-ce vraiment nécessaire ? Nous avons déjà beaucoup échangé au moment du Grenelle de l'environnement, puis avant la loi de transition énergétique… Deux idées nous plaisent, quoi qu'il en soit : celle de rénover le diagnostic de performance énergétique, et d'instaurer un bonus/malus écologique sur les logements. "

 

Frédéric Utzmann, Président du groupe Effy


"Nous notons la volonté du Gouvernement en matière de communication, de simplification et d'industrialisation des travaux pour les particuliers. Notamment, la transformation du CITE en prime et l'articulation avec le dispositif des CEE. Pour autant, nous déplorons le manque de mesures concrètes sur l'utilisation des Diagnostiques de Performance Energétique et des audits pour initier des parcours de rénovation".

 


Jacques Pestre, membre du Comité directeur de la FNBM* et du Conseil Supérieur de la Construction et de l'efficacité énergétique


Dans un communiqué, Jacques Pestre a rappelé le rôle essentiel du négoce dans le déploiement des mesures annoncées par les Ministres, "Par sa fonction centrale au sein de la filière, le négoce est un acteur incontournable dans la réussite de ce plan ambitieux, il jouera pleinement son rôle d'intermédiaire notamment par le biais de l'accompagnement de la formation et de l'information.

 

*FNBM : Fédération du Négoce de bois et des matériaux de construction

 


Dimitri Molle, administrateur de Cinov Construction

 

"Nous soutenons totalement le Gouvernement dans sa volonté d'actions. Notre filière est en première ligne de la rénovation énergétique des bâtiments puisque c'est nous qui devons convaincre, copropriété par copropriété, les propriétaires d'engager une rénovation exemplaire. Dans la concertation, nous allons encourager le Gouvernement à aller au bout de son projet de bonus/malus écologique des logements car cet outil renforcera la notion de valeur verte qui est un argument très important pour mettre en mouvement les copropriétés. Nous sommes convaincu que cet outil permettra de massifier la rénovation énergétique des logements et d'être à la hauteur des ambitions de la loi de transition énergétique."

 


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