Le ministère de la Culture et de la Communication n’est pas un terrain inconnu pour Renaud Donnedieu de Vabres, député de l’Indre-et-Loire. Entre 1987 et 1988, il était chargé de mission auprès du ministre de l’époque François Léotard. Mais en 2004, d’épineux dossiers l’attendent.

Nommé mercredi Ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, 50 ans, est né au sein d'une famille de grands commis de l'Etat le 13 Mars 1954 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Licencié ès sciences économiques, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, et énarque, il entre en politique en 1986 avec un premier mandat de Conseiller régional du Centre. Entre 1987 et1988, il est chargé de mission auprès de François Léotard, ministre de la culture et de la communication. Depuis 1997, il est député (UDF puis UMP) de l’Indre-et-Loire, conseiller municipal de Tours depuis 2001, et vice-président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale depuis 2002. Porte parole et secrétaire général adjoint de l'UMP, Renaud Donnedieu de Vabres figurait déjà dans le premier gouvernement de Jean-Pierre Raffarin où il était ministre délégué aux Affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie. Mais au bout de cinq semaines, en juin 2002, il avait du être congédié pour cause de mise en examen dans l'affaire du financement illicite du Parti républicain (PR). Affaire qui s’est conclue le 16 février dernier au tribunal correctionnel de Paris, avec une amende de 15.000 euros pour "blanchiment".

L'un des premiers dossiers du nouveau ministre sera celui des intermittents. Et la fédération CGT du spectacle appelle déjà les intermittents à une journée d'actions dans toute la France, le 19 avril, à l'occasion de la première réunion du Conseil national des professions du spectacle présidée par Renaud Donnedieu de Vabres. Les syndicats d'intermittents et leur coordination nationale réclament toujours l'abrogation de la réforme du régime d'assurance-chômage des artistes et techniciens du spectacle, du cinéma et de l'audiovisuel. Le ministre a assuré jeudi matin sur LCI : «je viens dans un esprit d'écoute et de dialogue pour essayer de trouver une solution». Il ajoute, «je vais tout faire pour renouer les fils du dialogue et mettre un terme à cette méprise qui a séparé injustement la volonté de réforme et puis la situation des artistes». Il promet de tout faire pour avoir les moyens d'agir mais précise qu’il n’est pas un magicien. Et de terminer en disant que «la période n'est pas la plus facile et la plus propice qui soit».

A la tête d'un ministère de la Culture et de la Communication hyper médiatisé mais sous-argenté, le successeur de Jean-Jacques Aillagon n’aura pas beaucoup de marge budgétaire pour les grands chantiers qui ne sont pas encore achevés : Cité de l'Architecture et du Patrimoine, Maison du Cinéma à Bercy, Grand Palais, Musée du Quai Branly. De même pour plusieurs projets où l'Etat devrait verser sa contribution : Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille, Centre Pompidou bis à Metz, antenne du Louvre dans le Nord, Cité des Archives en Seine-Saint-Denis.

En musique, la question reste encore sans réponse concernant la construction d'un grand auditorium liée à des accords possibles avec la Ville de Paris et la Région Ile-de-France, tout comme le problème des enseignements spécialisés de la musique où les professeurs sont toujours sans statut. Dans les domaines de la danse et du théâtre, le ministère doit repenser son rôle ainsi que les missions des centres chorégraphiques et dramatiques nationaux en fonction des nouvelles donnes de la décentralisation et des crédits déconcentrés.
La baisse de la TVA sur le disque n'est toujours pas acquise et la filière musicale est aussi en butte au piratage numérique. Il faut également transposer les directives européennes sur le commerce électronique et sur les droits d'auteur dans la société de l'information.

En matière de communication, des dossiers complexes, liés à la modernisation du paysage audiovisuel français, attendent le nouveau ministre. Il devra s'atteler à la tâche du déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT), distribuée par voie hertzienne selon le mode numérique. Le gouvernement a notamment la tâche de positionner les chaînes du service public sur les différents multiplexes qui serviront à la distribution de la TNT.

En sa qualité de ministre de tutelle des télévisions publiques, M. Donnedieu de Vabres devrait également être impliqué dans le déploiement de la chaîne française internationale d'information (CII), dont le président Jacques Chirac a souhaité la création. Cette chaîne, destinée à l'étranger, sera en effet contrôlée à part égale par le groupe privée TF1 et par France Télévisions, elle-même placée sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Selon les premiers projets, la création de la chaîne nécessite un financement public de l'ordre de 60 à 65 millions d'euros par an.

Reste à savoir si parmi tout ces dossiers, le nouveau ministre de la Culture trouvera un peu de temps à accorder à la réforme de l'architecture et de son enseignement.

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