ANNONCE. Le remaniement ministériel vient finalement d'être annoncé ce 16 octobre 2018 au matin. Et il rebat les cartes en matières de logement, de cohésion des territoires et d'architecture. Les professionnels du BTP et de l'immobilier ont réagi, saluant dans l'ensemble cette nouvelle équipe gouvernementale. Détails.

Le remaniement attendu vient d'être annoncé, ce 16 octobre. Premiers enseignements pour le secteur de la construction, Jacques Mézard, anciennement ministre de la Cohésion des territoires, et Françoise Nyssen (Culture), empêtrée dans une affaire de justice, sont démis de leurs fonctions. Ils sont respectivement remplacés par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, et Franck Riester, ministre de la Culture.

 

En première ligne sur le thème du logement depuis de nombreux mois, Julien Denormandie est logiquement maintenu en poste, et passe du statut de secrétaire d'État à la Cohésion des territoires à celui de ministre auprès de Jacqueline Gourault, chargé de la ville et du logement. Cette modification signe ainsi le grand retour du Logement dans les attributions ministérielles. On se souvient que cette absence, lors de la nomination du premier Gouvernement d'Emmanuel Macron, avait interrogé les acteurs du secteur.

 

L'idée d'un "super-ministère", regroupant les domaines de la construction et de la transition écologique, n'a donc pas été choisie, alors qu'elle avait ses partisans issus du monde de la construction.

 

Du changement en matière d'énergies renouvelables

 

Quant à Sébastien Lecornu, qui était secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, il est nommé ministre auprès de la ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, chargé des collectivités territoriales. Il est remplacé par Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès de François de Rugy - bien sûr maintenu au poste auquel il vient d'être nommé à la suite de la démission de Nicolas Hulot, c'est-à-dire ministre de la Transition écologique et solidaire.

 

 

A noter également, le retrait de Delphine Geny-Stephann, ancienne de Saint-Gobain, au poste de secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie. Elle sera remplacée par Agnès Pannier-Runacher. Enfin, Mounir Mahjoubi, qui était secrétaire d'État en charge du Numérique, devient tout simplement secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, sans plus de précisions, mais il semblerait qu'il conserve ses attributions sur le numérique.

 

Les passations de pouvoir

 

Les passations de pouvoir ont été rapidement organisées. Françoise Nyssen s'est dite "heureuse et fière du travail accompli."

 


 

Jacques Mézard, qui a déclaré reprendre son rôle de sénateur, a laissé sa place à Jacqueline Gourault, lui transmettant "les clefs d'un Ministère dont les grandes réformes, sur tous les sujets, sont sur les rails", la loi Elan devant être définitivement approuvée dans l'après-midi par les Sages. Saluant, à l'image de son prédécesseur, la réunion de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, la nouvelle ministre a souligné le travail réalisé et s'est inscrite dans la continuité des actions lancées. Elle est également revenue sur le dialogue actuellement difficile avec les collectivités territoriales : "Nous avons peut-être à recoudre le tissu des collectivités territoriales. Pour recoudre, il faut évidemment un fil et une aiguille, mais il faut aussi rapprocher les deux morceaux du tissu et il faut toujours être deux, c'est-à-dire, je le dis très simplement et très sincèrement, il faudra que les associations d'élus aussi entendent cette volonté, dans ce grand ministère qu'ils ont appelé de leurs voeux. Qu'ils entendent l'ouverture, le dialogue que nous voulons poursuivre ou reprendre avec certains d'entre eux."

 

 

Passation de pouvoir entre J.Gourauld et J. Mézard
Jacqueline Gourauld (au centre), la nouvelle ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, entourée de Sébastien Lecornu (à g.) et de Jacques Mézard et Julien Denormandie (à d.) lors de la passation de pouvoirs, le 16 octobre 2018 © PP - Batiactu

 

Les Assises du Logement : un nouveau rendez-vous pour faire avancer le logement au XXIe siècle
15 novembre 2018, Conseil économique social et environnemental, Palais d'Iéna, Paris

 

Pour en savoir plus sur le programme et s'inscrire : www.assisesdulogement.com

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Des professionnels globalement satisfaits

 

Les professionnels du bâtiment, des travaux publics et de l'immobilier ont évidemment réagi, par le biais de leurs fédérations et organisations représentatives, à la nomination du gouvernement Philippe III, censé redonner un nouveau souffle au quinquennat d'Emmanuel Macron, qui attaque sa deuxième année de mandature.

 

Tout d'abord, la Fédération française du bâtiment (FFB) se "félicite du double message" véhiculé par ce nouvel exécutif : "D'une part, le logement est bien confirmé comme un pôle important de l'action publique, avec la nomination de Julien Denormandie comme ministre chargé de la Ville et du Logement. [...] Cette continuité va dans le bon sens, alors que le décrochage du logement neuf se fait ressentir depuis le début 2018. [...] D'autre part, le maintien du champ du logement au sein d'un ministère de la Cohésion des territoires élargi aux Relations avec les collectivités territoriales et piloté par Jacqueline Gourault illustre l'importance du logement et des métiers qui en découlent dans ce qui constitue une priorité d'avenir". Et Jacques Chanut, le président de la FFB, d'ajouter : "Je souhaite rencontrer au plus vite Jacqueline Gourault, afin d'évoquer les moyens de sortir de la nouvelle crise du logement qui se dessine hors métropoles".

 

Nombre de professionnels saluent le bilan du désormais ex-ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, et se réjouissent que son ex-secrétaire d'Etat, Julien Denormandie, ait pris du galon pour assumer dorénavant le maroquin de la Ville et du Logement. "Au moment où le secteur du logement neuf, et notamment la maison individuelle neuve, ne peut répondre aux attentes des ménages et donc voit son activité très nettement orientée à la baisse, nous sommes heureux de pouvoir compter sur un interlocuteur dédié", a indiqué le président de FFC (Fédération française des constructeurs de maisons individuelles), Gérard Lebesgue, dans un communiqué. "C'est important de pouvoir faire comprendre aux pouvoirs publics l'intérêt partagé de maintenir le PTZ au-delà du 1er janvier 2020 pour les zones B2 et C qui sont les oubliées de la politique du logement."

 

Même satisfecit du côté de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui se félicite "de pouvoir poursuivre le travail entamé avec celui-ci [...] sur le projet de loi Elan comme sur les lois de Finances". De plus, l'organisation approuve "la grande innovation que constitue le nouveau périmètre du ministère de la Cohésion des territoires, élargi aux relations avec les collectivités territoriales", considérant que cette restructuration "pourrait créer les conditions d'un meilleur dialogue entre les collectivités locales et les maîtres d'ouvrage, et libérer ainsi la construction".

 

Le retour sur le devant de la scène de la thématique du logement, et l'attention particulière accordée aux collectivités territoriales, en première ligne sur de nombreux dossiers, sont des décisions acclamées par le secteur. L'Unis (Union des syndicats de l'immobilier) s'en fait également l'écho, mais reste toutefois prudente : elle rappelle que, "pour être efficace, une politique du logement adaptée aux besoins de chaque Français se doit de prendre en compte également des considérations sociales, écologiques, environnementales et urbanistiques". L'organisation assure par ailleurs rester vigilante sur l'entrée en vigueur prochaine de la loi Elan, et espère que "la prochaine loi de Finances saura rectifier les 'rafistolages surprises' de dernière minute auxquels nous avons assisté ces derniers jours en matière de taxes locales".

 

Pour sa part, le Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA) prend acte de la nomination de Franck Riester au ministère de la Culture, et se dit prêt à travailler avec lui : "Il est évident que nous avons beaucoup d'attente suite au renouvellement qui a eu lieu au sein du ministère de la Culture", assure Denis Dessus, président de l'ordre, contacté par Batiactu. "Depuis plus d'un an, notre ministère de tutelle a perdu toute lisibilité et a été absent de tous les arbitrages, ce qui a été extrêmement dommageable concernant la loi Elan. Nous travaillons en bonne intelligence avec les services du ministère, qui sont compétents et efficaces, comme ils l'ont démontré sur la loi LCAP [projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, NDLR] et ses décrets d'application, ainsi que sur la Stratégie nationale de l'architecture. Néanmoins, nous attendons du nouveau ministre qu'il ait un véritable poids politique, car il a des dossiers importants qui l'attendent sur son bureau."

 

Dans le détail, le CNOA insiste sur la transversalité inhérente à certains sujets : "Il est nécessaire dans l'intérêt général de permettre aux architectes d'exercer pleinement leur métier et d'apporter des réponses à de véritables enjeux - économiques, sociaux, environnementaux… La Culture doit être en synergie avec d'autres ministères pour une approche globale de certains sujets", poursuit Denis Dessus. "Il faut ainsi une approche interministérielle sur des problématiques de fond comme le logement, l'urbanisme durable ou la rénovation qui ne doit pas être abordée que par le seul volet énergétique. Les architectes sont présents sur tout le territoire, c'est une profession d'excellence qui peut et doit être le relais des politiques publiques ambitieuses. Nous aiderons notre nouveau ministre et nous serons des partenaires exigeants, disponibles et constructifs pour améliorer et imaginer notre cadre de vie."

 

Chez les bailleurs sociaux, on accueille positivement la "promotion" de Julien Denormandie : "Nous sommes satisfaits que le logement soit enfin reconnu en faisant l'objet d'un ministère dédié", confie Marianne Louis, directrice générale de l'USH (Union sociale pour l'habitat), à Batiactu. "On a retrouvé une voie de dialogue avec Julien Denormandie suite au congrès HLM [organisé du 9 au 11 octobre à Marseille, NDLR], nous avons donc l'espoir d'avoir des échanges constructifs avec lui. Et avoir un ministre dédié à notre secteur peut aussi compter contre les arbitrages budgétaires et les coups bas de Bercy. Pour le reste, la notion de 'pôle' regroupé sous la responsabilité de Jacqueline Gourault est intéressante, avec la Cohésion des territoires mais également les Relations avec les collectivités territoriales." Marianne Louis a toutefois attiré l'attention sur un autre point : le discours de Jacques Mézard lors de la passation de pouvoir. "Quand on écoute ses mots, on se dit qu'il a 100% raison. Ses propos auront été utiles jusqu'au bout, et constituent des pistes de réflexion pour le projet de loi de Finances 2019."

 


 


 

Du côté des associations d'élus, France Urbaine a réagi ce mardi soir dans un communiqué : "La nomination de deux ministres auprès de Jacqueline Gourault ne peut être perçue que comme un renforcement du dialogue entre l'Etat et les collectivités. Cela contribuera à apaiser les relations entre le gouvernement et l'ensemble des élus locaux. Apaisement que nous appelions de nos vœux depuis cet été. Je tiens également à saluer le travail mené avec Jacques Mézard, un homme de dialogue, attentif aux territoires, qui aura mis en place les bases nécessaires pour avoir une solidarité entre l'urbain et le rural", a déclaré Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. France urbaine ajoute cependant demeurer "vigilante aux contours administratifs de ce nouveau ministère afin que celui-ci dispose de l'expertise et de l'autorité nécessaire pour faire vivre au quotidien la République des Territoires."

 

 


Composition du nouveau Gouvernement

 


François de RUGY, ministre d'État, ministre de la Transition Écologique et Solidaire ;

 

Nicole BELLOUBET, Garde des Sceaux, ministre de la Justice ;

 

Jean-Yves LE DRIAN, ministre de l'Europe et des Affaires Étrangères ;

 

Florence PARLY, ministre des Armées ;

 

Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé ;

 

Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie et des Finances ;

 

Muriel PÉNICAUD, ministre du Travail ;

 

Jean-Michel BLANQUER, ministre de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse ;

 

Gérald DARMANIN, ministre de l'Action et des Comptes Publics ;

 

Christophe CASTANER, ministre de l'Intérieur ;

 

Frédérique VIDAL, ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation ;

 

Jacqueline GOURAULT, ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales ;

 

Annick GIRARDIN, ministre des Outre-Mer ;

 

Franck RIESTER, ministre de la Culture ;

 

Didier GUILLAUME, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation ;

 

Roxana MARACINEANU, ministre des Sports ;

 

Marc FESNEAU, ministre auprès du Premier Ministre, chargé des Relations avec le Parlement ;

 

Élisabeth BORNE, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la Transition Écologique et Solidaire, chargée des Transports ;

 

Nathalie LOISEAU, ministre auprès du ministre de l'Europe et des Affaires Étrangères, chargée des Affaires Européennes ;

 

Sébastien LECORNU, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, chargé des Collectivités Territoriales ;

 

Julien DENORMANDIE, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, chargé de la Ville et du Logement ;

 

Benjamin GRIVEAUX, secrétaire d'État auprès du Premier Ministre, porte-parole du Gouvernement ;

 

Marlène SCHIAPPA, secrétaire d'État auprès du Premier Ministre, chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ;

 

Sophie CLUZEL, secrétaire d'État auprès du Premier Ministre, chargée des Personnes handicapées ;

 

Brune POIRSON, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la Transition Écologique et Solidaire ;

 

Emmanuelle WARGON, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la Transition Écologique et Solidaire ;

 

Jean-Baptiste LEMOYNE, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires Étrangères ;

 

Geneviève DARRIEUSSECQ, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées ;

 

Christelle DUBOS, secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé ;

 

Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie et des Finances et du ministre de l'Action et des Comptes publics ;

 

Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances ;

 

Gabriel ATTAL, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse ;

 

Olivier DUSSOPT, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes Publics ;

 

Laurent NUNEZ, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur.

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