Une attaque en règle lancée par le puissant maire de Moscou Iouri Loujkov contre l'un de ses adjoints chargés de la construction a mis à jour le phénomène de corruption chronique du BTP russe.

L'affaire a éclaté lors d'une réunion municipale mardi où le maire a violemment attaqué son adjoint chargé du BTP, Vladimir Ressine, en déplorant la qualité de la majorité des immeubles construits par la ville via des entreprises mandatées. Cette altercation a fait la Une de la majorité des journaux russes mercredi a constaté l'AFP.

En brandissant une liasse de lettres de Moscovites mécontents et de photographies de fissures béantes et de murs moisissant dans des immeubles neufs, le maire a déclaré "vous vous fichez des contrôles (de la qualité des logements), tout ce que vous voulez c'est encaisser l'argent et livrer des mètres carrés".

M. Ressine s'est défendu en dénonçant des photos "truquées" et en accusant son rival, l'autre maire adjoint Valeri Chantsev d'être derrière ces accusations. Car comme l'a souligné le quotidien des affaires Kommersant, ce dernier "a pris un rôle de plus en plus important dans le BTP", notamment en prenant la tête en mars 2002 de la commission chargée de l'attribution des chantiers aux entreprises.

Doit-on y voir un signe d'assainissement ? Pas sûr, lors que l'on connaît les méthodes de maire de la capitale russe qui n'hésite pas à monnayer ses simples rendez-vous. Par ailleurs, Iouri Loujkov "est obligé d'assurer un certain équilibre entre les clans, car il est aussi dépendant" de ses alliés à la mairie qui ont beaucoup de "dossiers compromettants" les uns sur les autres, fait remarquer le politologue Iouri Korgouniouk.

Une chose est sûre, et la presse russe n'a pas manqué de le souligner, pour la première fois les luttes d'intérêts au sein de la mairie pour le contrôle de cette manne financière sortent sur la place publique.

L'enjeu est de taille. Après des années de stagnation, le secteur de la construction connaît un boom à Moscou, comparable à celui des années 1960 sous le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, mais la qualité des immeubles en blocs préfabriqués rappelle aussi aux Moscovites celle des "Khrouchtchevki" de l'URSS qu'ils sont censés remplacer.

Plus de 4,5 millions de m2 de logements ont été livrés à la mairie en 2002, pour un budget total de construction (englobant routes, écoles, etc) de près de 135 milliards de roubles (plus de 4 milliards de dollars).

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