A la suite de ces annonces de la ministre de l'Artisanat, les réactions n'ont pas manqué.

Du côté de la Capeb, c'est la déception : "C'est un stade où la politique politicienne l'a emportée !", s'est indigné Patrick Liébus, le président. Et de nous confier : "Nous ne sommes pas à l'ère de la résignation. On va redresser la tête et se faire entendre. C'est du sérieux. Tous l'artisanat en a ras-le-bol". Dans le détail, la Capeb est perplexe par rapport à la limitation de deux ans, jugée trop longue et indique qu'elle "ne sera acceptable que si le contrôle des obligations légales et réglementaires applicables aux professionnels du bâtiment est rigoureusement effectué, y compris dans l'exercice pour un revenu d'appoint". Quant à la troisième année de "lissage" des charges sociales et fiscales, la confédération pointe du doigt un "cadeau supplémentaire fait au régime" : "C'est du grand n'importe quoi, du grand guignol", dénonce Patrick Liébus. Et d'ajouter : "Il y en a qui vont se balader dans ce système. C'est de la concurrence déloyale hyper légalisée ! Et dans ce contexte, on se demande jamais comment on va payer les chiffres du chômage, comment on fait rentrer l'argent dans les caisses sociales, comment on va payer les retraites… C'est sûr avec ce système, on met une option sur la précarité du futur". La Capeb qui réclamait un seuil de 10.000 euros pour sa branche est également déçu du seuil retenu de 19.000 euros : "L'auto-entrepreneur du 'week-end', le chômeur s'installeront durablement dans ce système flou et favorable à toutes les dissimulations pour ne pas dépasser le plafond", indique Patrick Liébus. Enfin, il craint une recrudescence d'accidents "chez les salariés ayant travaillé toute la semaine et qui poursuivront pour leur compte, tout le week-end, en dehors de toute règle de sécurité".

 

Pour la FFB, ces annonces sont "mi-figue, mi-raisin. La limitation existe de manière conditionnelle et cela nous convient", note Didier Ridoret, le président. La FFB est également satisfaite des obligations de qualification et d'assurance à faire paraître sur le devis ainsi que de la déclaration dans le bilan social des entreprises principales ayant recours aux auto-entrepreneurs. Reste que le président de la FFB indique : "Si nous avions eu le choix, nous aurions préféré avoir la limitation dans le temps. Certains vont tout faire pour ne pas atteindre le seuil intermédiaire et se statufier dans le régime. Peux mieux faire donc…".

 

La Fédération des Auto-Entrepreneurs accueille les annonces "comme une douche écossaise". "Sur la forme, la grogne ne va pas s'adoucir tant la réforme a connu des errements et revirements à n'en plus finir. Sur le fond, la réforme ampute le régime de l'auto-entreprise de sa simplicité et de sa souplesse au profit des lobbies notamment", explique la Fédération. Concernant le seuil, le président de la Fédération, Grégoire Leclercq, déclare : " C'est tout de même incroyable que l'on encadre les revenus de ceux qui n'arrivent pas à en avoir et que l'on recule pour encadrer les salaires des grands patrons." En résumé, Grégoire Leclercq, Président de la FEDAE et Ludovic Badeau, PDG Evo'Portail, spécialisé dans l'accompagnement des auto-entrepreneurs, "qualifient les mesures du Gouvernement comme 'un coup de rabot qui laissera des traces' sur le plan social et humain".

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