RÉGLEMENTATION. Le Cnoa a affirmé, à l'occasion de ses vœux, son soutien à la nouvelle réglementation environnementale, actuellement en consultation. Les architectes s'inquiètent, en revanche, de la "prime à l'électricité" qui résulte des choix gouvernementaux.

Lors des vœux du Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa), le 14 janvier, Valérie Flicoteaux, vice-présidente, a défendu "la première mondiale" que constitue la RE2020, dont le texte est en consultation actuellement. Cette nouvelle réglementation, qui doit entrer en vigueur dans les prochains mois (la date elle-même est un sujet de débat), porte, non seulement sur la performance énergétique des bâtiments, mais aussi, et c'est là l'innovation principale selon le Cnoa, "sur le calcul de son empreinte carbone par l'introduction du calcul de d'ACV (analyse de cycle de vie)".

 

Alors que le gouvernement a fait le choix de l'ACV dynamique plutôt que statique, un arbitrage politique loin de faire l'unanimité au CSCEE (conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique), dont plusieurs membres s'inquiètent de méthodes de calcul encore expérimentales et d'une possible inadéquation avec les normes élaborées au niveau européen, le Cnoa en appelle à un mode de calcul à la fois "simple, pour le rendre accessible aux architectes", et qui permette "une valorisation des matériaux bas carbone (biosourcés, géosourcés ou réemployés)". Le Cnoa restera en revanche "vigilant" sur sa "demande de mise en œuvre d'une méthodologie simplifiée pour le calcul de l'ACV des petits projets", prévient la vice-présidente.

 

 

Pénaliser la climatisation active

 

L'autre première mondiale, d'après Valérie Flicoteaux, est la prise en compte du confort d'été, dont elle juge que c'est "un sujet crucial avec la multiplication des périodes caniculaires". Pour pénaliser la climatisation active, la nouvelle réglementation valorise la conception bioclimatique et des solutions de rafraichissement passives : nombre de logements traversant par opération, hauteur sous plafond permettant la pose de brasseurs d'air, d'occultations adaptées aux façades, recours au végétal, liste-t-elle. "Autant de sujets sur lesquels les architectes sont attendus".

 

Enfin, elle estime que sur le Besoin bioclimatique (Bbio) renforcé (-30% dans la RE2020 selon le texte transmis au secteur), comme sur le "Label bâtiment durable demandé par le gouvernement pour les maîtres d'ouvrage qui souhaitent aller au-delà de la réglementation", les architectes seront invités à faire "des propositions ambitieuses et innovantes pour mener leurs projets au niveau d'ambition attendu au regard des défis climatiques".

 

Prime à l'électricité

 

Pour autant, explique la vice-présidente du Cnoa, puisque "tout n'est pas encore figé sur la RE2020", elle espère que "les inquiétudes exprimées sur la prime à l'électricité au détriment du chauffage au gaz seront prises en compte".

 

"Conscients du défi que représente la RE2020", l'Ordre y voit "une belle opportunité pour les architectes de se positionner comme des acteurs centraux et incontournables de l'acte de bâtir", et juge que "la tentation d'une RE2020 moins ambitieuse ou d'un report de son entrée en vigueur au motif de la crise sanitaire n'est pas souhaitable".

 

Elargir MaPrimeRénov aux prestations de maitrise d'œuvre

 

Valérie Flicoteaux appelle, sur un autre sujet, celui des bâtiments existants, les pouvoirs publics à ouvrir plus largement les subventions pour la rénovation énergétique aux prestations de maîtrise d'œuvre. Elle considère que "l'intervention sur l'existant nécessite un prescripteur indépendant à même de garantir l'efficacité des travaux. Par ailleurs, les études montrent que l'élément déclencheur des travaux pour les ménages est toujours une question d'usage. Les architectes sont donc des acteurs clés de la massification de la rénovation".

 

MaPrimeRénov, qui "permet aujourd'hui la prise en charge des travaux", "intègre peu à peu des prestations d'accompagnement, notamment l'audit énergétique, que les architectes sont habilités à réaliser sous certaines conditions. Mais c'est encore trop limité pour être efficace". L'entrée des prestations de maîtrise d'œuvre dans le dispositif "permettrait aux particuliers d'avoir des rénovations de meilleure qualité avec une conception et un suivi du projet par un professionnel compétent, formé, assuré, garant de l'intérêt de son client", mais aussi "de lutter plus efficacement contre les éco-délinquants qui minent le marché de la rénovation énergétique et sapent la confiance des particuliers".

actionclactionfp