VISITE. En mission depuis le 2 avril 2019 en France, la rapporteuse spéciale de l'Onu pour le droit au logement convenable, a dressé une première analyse à chaud de la situation du logement et du mal-logement avant un rapport plus approfondi à paraître en 2020.

Du 2 au 11 avril 2019, Leilani Farha, juriste de formation et rapporteuse spéciale des Nations-unies sur les questions du logement convenable a traversé les quatre coins du pays dans le cadre d'une mission d'étude.

 

Des migrants vivant dans les campements de Calais, aux délogés de Marseille, en passant par les acteurs du logement social, Leilani Farha clôture un déplacement "dense", dit-elle, qui a débouché ce 12 avril 2019 sur de premières pistes d'analyse. D'ici un an, un rapport plus détaillé, assorti de préconisations sera présenté par la rapporteuse spéciale de l'ONU.

 

"Je ne sais pas si c'est parce que c'est ma dernière année en tant que rapporteuse, mais cette mission a été la plus éprouvante à mes yeux", confie, gorge serrée, celle qui s'est penchée sur les conditions d'habitat en Inde, au Kenya, en Serbie ou en Égypte.

 

Les "contradictions" de la politique du logement

 

Après deux semaines de mission, la juriste d'origine canadienne a dressé un premier bilan cinglant de la politique d'hébergement et de logement pérenne dont elle a pointé l'insuffisance. Leilani Farha a tenu à justifier la sévérité de son propos, considérant la France comme "6e puissance économique mondiale", plutôt qu'en comparaison avec d'autres pays qu'elle a eu à traiter. Face à la presse, la juriste a témoigné de son "effroi" quant aux conditions d'habitat de migrants, de la communauté rom ou des sans-abris en période hivernale.

 

Citant un pays "très en avance" sur la question du droit au logement, la rapporteuse a néanmoins regretté "les contradictions" qui animent les politiques menées pour l'accès à un habitat pérenne et décent. Elle a ainsi opposé "la loi du droit au logement opposable qui n'existe nulle part ailleurs", aux "dix ans d'attente pour bénéficier d'un logement social". Tout comme "l'impressionnant outil du 115 mais qui décroche rarement, ou ne trouve pas de solution d'hébergement".

 

La France devrait "protéger son parc de logements sociaux"

 

Sur la question de l'habitat indigne, et après une visite à Marseille où a été abordé le drame du 5 novembre avec des délogés, Leilani Farha a dit regretter que des signalements avaient été émis sur l'un des bâtiments effondrés, et que des solutions de logement pérenne pour les sinistrés tardaient à être mises en place.

 

Dans de premières recommandations au gouvernement, la rapporteuse spéciale a appelé celui-ci à "protéger son parc de logements sociaux en interdisant sa vente à des entreprises à but lucratif (...) notamment dans les zones dites tendues". A l'issue d'une visite de copropriétés à Clichy-sous-Bois, Leilani Farha a également estimé qu'il fallait "garder un œil" sur les opérations de renouvellement urbain, "qui ne doivent pas déplacer les habitants, pour faire venir des classes plus aisées".

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