En pleine rentrée scolaire, l'enquête publiée, ce mercredi 4 septembre, par le CCCA-BTP dévoile que les apprentis sont satisfaits de leur CFA et que la mobilité est une solution qu'ils envisagent de plus en plus. Néanmoins, l'organisme de formation enregistre un net recul et constate que l'apprentissage fait aussi les frais de la conjoncture morose du BTP. Décryptage.

Pour son premier "Baromètre de la vie de l'apprenti"*, le CCCA-BTP, qui regroupe 63.000 apprentis, conclut principalement que "80 % des apprentis se disent satisfaits de leur formation CFA" . "Au total, plus de 100 questions ont été posées portant sur l'orientation, l'information, la vie la formation et l'accompagnement au CFA et en entreprise, le projet professionnel", nous signale Daniel Munoz, secrétaire général adjoint et directeur de la formation du CCCA-BTP.

 

 

Et d'ajouter : "Au final, les conclusions de cette étude sont d'autant plus précieuses que la recherche dans ce domaine est quasi inexistante, alors que l'apprentissage rassemble près de 430.000 jeunes (Ndlr : fin 2012) tous secteurs confondus et que la volonté de l'Etat est toujours de le faire évoluer à 500.000 à l'horizon 2017."

 

Si l'apprentissage demeure bien à la peine, comme l'ont révélé les derniers chiffres du ministère du Travail, cette étude comporte de riches enseignements. Les apprentis du BTP - caractérisés par 97,5% de jeunes hommes - font en effet état de difficultés dans leur recherche d'un maître d'apprentissage en entreprise.

 

"Des grosses difficultés pour trouver un patron"
Autre chiffre alarmant : plus d'un tiers (37,8%) d'entre eux affirment ainsi que la recherche s'est avérée "difficile", une proportion qui amène le réseau de l'apprentissage dans le BTP à souligner un "durcissement dans la recherche" depuis le début de la crise.

 

"C'est d'autant plus difficile, que majoritairement dans le bâtiment artisanal, les entreprises n'ont pas une visibilité des carnets de commandes à court terme, poursuit Daniel Munoz, le directeur de la formation du CCCA-BTP. La difficulté est là. Au passage les dernières annonces gouvernementales de la dernière suppression de l'aide à l'entreprise du 17 juillet (Ndlr : l'Indemnité compensatrice de formation (ICF) versée aux employeurs d'apprentis) ne sont pas forcément un élément favorable pour encourager les entreprises à trouver des jeunes. Même s'il faut aussi à notre avis réformer les aides pour mieux les cibler…"

 

Pour rappel : si les services du ministre du Travail maintiennent bel et bien la suppression de l'aide à l'apprentissage, ils nous ont confirmé juillet dernier qu'un dispositif spécifique aux entreprises de moins de 10 salariés sera mis en œuvre dans le projet de loi de finances pour 2014. A suivre.

 

CCCABTP dévoile les chiffres de l\'apprentissage
CCCABTP dévoile les chiffres de l'apprentissage © S.C. Batiactu
Un constat supplémentaire ? Les difficultés croissent avec l'élévation du diplôme, révélatrices en cela des besoins limités des entreprises, souligne l'étude. Ainsi, les apprentis ont trouvé leur entreprise d'accueil par eux-mêmes à 66 % ou par l'intermédiaire de proches à 47 %, explique Daniel Munoz.

 

"80 % des apprentis s'estiment satisfaits"
Fortement plébiscité par exemple dans le BTP, notamment entre 1998 et 2008 en raison d'un cycle économique prospère, l'apprentissage semble encore tenir ses promesses. Plus de 80 % des apprentis s'estiment satisfaits de leur formation en CFA, tandis que l'accueil en entreprise a été de bonne qualité pour 94 % d'entre eux. Que ce soit au niveau des relations avec le personnel du CFA ou de celles en entreprise, l'écrasante majorité des jeunes en apprentissage dans le bâtiment exprime de la satisfaction.

 

Autre fait encourageant cette fois-ci : 65,3% des apprentis ont un membre de leur famille qui travaille ou a travaillé dans le bâtiment ou les travaux publics. Concernant leurs motivations, plus de trois quarts des interrogés affirment qu'ils se sont orientés vers l'apprentissage pour toucher un salaire. De plus, huit sur dix habitent chez leurs parents. "Il y a un renouvellement du profil social type de l'apprenti, résume à son tour Gilles Moreau, sociologue spécialiste des questions de formation professionnelle. Ce n'est plus un mode de formation réservé aux fils d'artisans ou aux jeunes qui ont des difficultés à l'école."

 

La mobilité, un facteur clé
"Aujourd'hui, et c'est un fait nouveau, notre enquête révèle que la mobilité est une solution envisagée pour accroître les chances d'insertion", ajoute Daniel Munoz. En effet, plus d'un jeune sur deux, et ce dès le CAP, intègre l'idée de la mobilité dans la réalisation de son projet professionnel. Cette mobilité s'accroît bien sûr avec le diplôme préparé. 57 % d'apprentis sont prêts à partir dans une autre région pour y trouver du travail et 46,7 % sont prêts à partir à l'étranger, s'ils sont certains d'y trouver des perspectives intéressantes.

 

Enfin, deux tiers d'entre eux disent avoir choisi leur métier par goût personnel. Seuls moins de 2% disent avoir opté pour cette voie car ils n'avaient pas d'autres choix. Et finalement, près de neuf apprentis sur 10 déclarent que l'apprentissage "a répondu à leurs attentes".

 

 

Au final, pour enrayer la baisse des apprentis, les CFA disposent de personnel chargé de démarcher les entreprises, assure également Daniel Munoz "Mis en place il y a trois ans, ces 'développeurs d'apprentissage' ont ainsi réussi à attirer 20.000 nouvelles structures", détaille-t-il. Le BTP mise également sur une reprise de l'activité économique, prévue en 2015, pour inverser la tendance, avance Daniel Munoz. Et remplir l'incontournable objectif fixé par François Hollande au cours de la dernière conférence sociale…

 

*Le baromètre de la vie de l'apprenti, une première du réseau des CFA du BTP
Pour ce "Baromètre de la vie de l'apprenti", 63.772 jeunes ont été interrogés en ligne, avec un taux de réponse de 70%. Une grande majorité (46.808) sont en CAP.

actionclactionfp