Face aux enjeux de la rénovation énergétique des bâtiments tertiaires, trois industriels ont réuni leurs savoir-faire pour un test grandeur nature, mené pendant plus d'un an, dans un bâtiment de Lille. Les études menées montrent que la gestion combinée de l'éclairage et des stores, associée à l'utilisation de stores innovants améliorent l'efficacité énergétique du bâtiment et le confort de travail des occupants.

Alors que le bâtiment représente aujourd'hui le premier poste de consommation énergétique en Europe et pèse en France, près du quart des émissions de gaz à effet de serre, les professionnels de l'immobilier cherchent désormais des solutions. Face à cet enjeu, est-il possible d'améliorer la performance énergétique et le bien-être des occupants d'un bâtiment tertiaire en combinant une gestion automatisé de l'éclairage et de stores innovants ? C'est à cette question que trois industriels : Somfy, Philips et Serge Ferrari ont cherché à répondre. C'est ainsi qu'en 2014, ils ont proposé aux locataires du bâtiment tertiaire ONIX, situé à Lille, d'être les cobayes de cette expérimentation. L'édifice HQE, livré en 2011 par l'architecte Dominique Perrault, est entièrement vitré et procure souvent beaucoup de chaleur à ses occupants. L'idée était donc remédier à cet inconfort et trouver une solution pour l'éclairage tout en répondant aux enjeux de réduction de la consommation d'énergie du bâtiment.

 

Un an d'étude et d'analyse par un cabinet d'experts

 

Philips, pour sa gestion de la lumière artificielle, Somfy pour celle de la lumière naturelle et Serge Ferrari, leader de la membrane composite souple, se sont associés pour mener cette étude, pendant plus d'un an. Les industriels ont sollicité le constructeur et promoteur immobilier Rabot Dutilleul pour mener cette étude dans leurs bureaux lillois. Pour les besoins de l'expérience, un étage a été équipé de la solution Light Balancing (gestion automatisée des lumières) couplée à des stores intérieurs motorisés pourvus de screens basse émissivité, limitant les sources de chaleur et de froid des parois. "Cette solution de rénovation nous a permis d'agir sur le bâtiment sans modifier la façade", nous explique Christelle Granier, Responsable Alliances et Partenariat chez Somfy.

 

C'est au cabinet indépendant IES qu'ont été confiées l'étude et l'analyse du bâtiment de cette expérimentation. Pendant un an, les experts ont ainsi comparé l'étage équipé des stores screens et lumières automatisés à un autre de référence conservant l'équipement d'origine et situé juste au-dessus. L'objectif étant de mesurer et étudier l'impact des nouveaux équipements sur les consommations énergétique des postes d'éclairage, de chauffage, de climatisation mais aussi de rendre compte de l'impact sur le confort thermique et visuel des occupants. "L'idée était ensuite de rendre public les données pour que les bâtiments tertiaires puissent les exploiter et que cela les aide également dans leur démarche de rénovation énergétique", précise Christelle Granier.

 

Quelles économies énergétiques ?


Les résultats révèlent que l'étage équipé par les industriels a réduit, en un an, de 54% sa consommation électrique pour l'éclairage, ce qui représente 29% de la consommation énergétique totale. De la même manière, la gestion automatisée des stores et des lumières a permis de réduire de 10% la consommation électrique de la climatisation, de la ventilation et du chauffage. En effet, "les occupants des bureaux qui ne sont pas équipés du système ont tendance à monter le chauffage en hiver et la climatisation en été parce qu'ils ont un 'resenti' de froid ou de chaud selon les saisons, que n'ont pas les autres salariés", explique Rodolphe Deborre, Directeur du développement chez Rabot-Dutilleul. A l'étage test, le système de lumière et de stores automatisé, relié à une station météorologique en toiture, est en effet programmé pour s'adapter aux conditions climatiques. Ainsi, en été lorsque le soleil arrive au zénith, les stores s'abaissent pour éviter à la chaleur de rentrer et les lumières s'adaptent à la luminosité, afin de varier le moins possible. De la même façon, en hiver, les stores se baissent en fin d'après-midi pour atténuer la sensation de froid. "Ainsi, les températures sont lissées et mieux gérées au sein du bâtiment. L'étude montre en effet que l'amplitude thermique est de 3.4°C sur l'étage non équipé contre 2.3°C pour celui disposant de la solution", détaille Pascal Nordé, le directeur marketing tertiaire de Serge Ferrari.

 

La notion de confort des usagers


Si cette installation participe à la réduction de la consommation énergétique du bâtiment, les résultats notent également son impact sur le bien-être des salariés. L'automatisation des stores limitent les effets d'éblouissement, tout en laissant cependant passer la lumière, note une des salariés de Rabot Dutilleul. Le confort passe aussi par le ressenti thermique des occupants. Par exemple, les utilisateurs situés à l'étage de référence, donc uniquement équipé de stores manuels, ressentent davantage le besoin de chauffer ou de refroidir leur bureau. Alors que la gestion des stores et des lumières en fonction du climat régule ces sensations de froid et de chaud pour les salariés de l'étage test.
Si aujourd'hui ces salariés-testeurs se sont parfaitement adaptés au nouveau système, il a toutefois été nécessaire de les accompagner. "Ils avaient besoin de comprendre comment cela marchait et pourquoi la programmation était ainsi faite", nous indique Rodople Deborre. "Certains ne comprenaient pas, au début, comment nous pouvions faire des économies d'énergie alors que les stores se baissent en été lorsqu'il fait beau et que les lumières doivent alors être allumées", donne-t-il en exemple. "Nous avons dû leur expliquer en quoi ces changements d'habitude favorisait la réduction de consommation". En effet, baisser les stores permet de ne pas laisser entrer la chaleur et donc de ne pas allumer la climatisation. "Bien entendu, des ajustements ont été nécessaires", nous précise-t-il. Par exemple, "le fait que les stores soient programmés pour descendre totalement dès 17 heures en hiver perturbait les salariés, nous avons alors décidé qu'ils soient baissés seulement de moitié à 17 heures, pour limiter les parois froides, puis totalement après 20 heures".
Enfin, outre le confort que cela leur procure, les salariés "sont fiers de contribuer à faire des économies d'énergies", raconte Rodolphe Deborre. "On n'a plus mauvaise conscience d'avoir oublié d'atteindre les lumières", conclut l'une des collaboratrices.

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