Créé en 2001, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) fête ses dix ans cette année. L'occasion de revenir sur une décennie de recherches et d'analyses, qui ont abouti à la création de valeurs-guides, d'un étiquetage des matériaux de construction, et d'une véritable prise de conscience du public et des professionnels.

"Il y a dix ans, on ne savait pas grand-chose. Aujourd'hui, la qualité de l'air intérieur est un sujet dont tout le monde parle", se félicite Andrée Buchmann. La présidente de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI), entourée des acteurs de l'organisme, a fêté dignement les dix ans de la structure. Dix ans de recherches, de découvertes, d'information et de sensibilisation du public, mais aussi des professionnels de la construction.

 

Si l'on commence à parler du concept d'air intérieur dans les années 70 aux Etats-Unis, la réflexion met une petite décennie à traverser l'Atlantique. "La prise de conscience a été progressive en France. Lorsque l'on a réalisé le lien entre matériaux, pollution de l'air intérieur et santé, on a compris la nécessité de créer quelque chose", se souvient Andrée Buchmann.

 

Un outil unique pour surveiller l'air intérieur
Entre temps, la France a rattrapé son retard. "L'OQAI est un outil unique" insiste Francis Allard, président du Conseil scientifique de l'OQAI, "il n'a pas d'autre exemple de pays doté d'une telle structure". Né en 2001 d'une convention entre les Ministères du logement, de la santé, de l'environnement, ainsi que l'Ademe, l'Anah et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), l'Observatoire a depuis créé une véritable base de données sur les polluants de l'air intérieur et leurs origines.

 

"La première mission de l'OQAI était d'acquérir des connaissances fiables sur cette problématique méconnue à l'époque", explique Andrée Buchmann. Depuis, plusieurs campagnes ont été menées, dans les logements, mais aussi dans les bureaux, crèches, écoles, lieux de loisirs, afin de définir quelles substances "hantaient" l'air intérieur, et à quelles concentrations. "On s'invite littéralement chez les gens pour réaliser les mesures", renchérit Séverine Kirchner, coordinatrice scientifique de l'OQAI et membre du CSTB.

 

Hiérarchiser les substances
567 logements testés, 4691 pièces inspectées, la campagne dans les habitations a duré deux ans de 2003 à 2005. Les résultats ont permis, dans un premier temps, de hiérarchiser les substances (en tête, celles présentes le plus souvent et aux plus grandes concentrations), dans un deuxième temps, de s'intéresser à l'origine de ces produits et aux moyens de s'en débarrasser.

 

"Nous étudions aussi les paramètres qui varient d'un lieu à un autre, pour comprendre pourquoi les substances sont présentes à des concentrations très différentes", ajoute Séverine Kirchner. Ces recherches ont notamment abouti à la création de valeurs-guides pour chaque molécule (concentrations en-dessous desquelles on considère qu'il n'y a aucun risque pour la santé). Une véritable bible des composés de l'air intérieur.

 

Le rôle crucial des professionnels du BTP
Formaldéhydes, benzène, radon, monoxyde de carbone, et beaucoup d'autres molécules se retrouvent dans l'air intérieur. En cause, les habitudes de vie des occupants et leurs loisirs, mais aussi leur mobilier et les matériaux de construction du logement. Pour informer aussi bien le public que les professionnels du secteur, l'OQAI a initié la mise en place dès le 1er janvier 2012 d'un étiquetage des produits, qui indique le degré d'émission dans l'air intérieur.

 

"Sur ce point, le monde du bâtiment est en avance sur les autres, et c'est tout à son honneur", souligne Jean-Pierre Bardy, du ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Andrée Buchmann, qui rappelle la méconnaissance totale du sujet il y a dix ans, salue "la détermination des professionnels du secteur du bâtiment, qui a aidé à la réussite de l'OQAI".

 

Les projets de l'OQAI
Non content de ses succès, l'Observatoire a encore quelques projets sous le coude. Outre l'instauration de l'étiquetage des produits de construction, l'OQAI test le Lum'Air, un boîtier lumineux qui mesure le monoxyde de carbone dans les salles de classe, et signale lorsqu'il est nécessaire d'aérer la pièce. "A terme, il est aussi prévu de retourner dans les maisons observées entre 2003 et 2005, afin d'étudier l'évolution de l'air intérieur", conclut Séverine Kirchner.

 

Un livre pour marquer les 10 ans

 

A l'occasion de ses dix ans, l'OQAI sort un livre, intitulé Qualité de l'air intérieur, qualité de vie, aux éditions du CSTB. L'ouvrage se veut une bible de l'air intérieur, un résumé de dix années de recherches et d'analyse.
210 pages, 39 euros.

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