Dans un entretien accordé à Paris Match cette semaine, le président d'EDF demande une hausse de 20% sur trois ans des tarifs de l'électricité, pour faire face aux investissements nécessaires à la modernisation du parc nucléaire. Une annonce qui suscite de nombreuses réactions.

Presque concomitante à l'annonce du succès de son emprunt obligataire ayant rapporté à EDF 3,2 milliards d'euros, alors même que l'entreprise n'en espérait qu'un milliard, la sortie de son président Pierre Gadonneix à l'hebdomadaire Paris Match mercredi, et réitérée à la radio RTL jeudi, demandant une hausse des tarifs de l'électricité de 20% sur trois ans, fait des remous. Jusque dans l'hémicycle du Sénat jeudi, où la ministre de l'Economie Christine Lagarde, a dû s'exprimer sur ce sujet surprise, lors des questions d'actualité.

 

Car EDF, dont l'Etat est actionnaire majoritaire, est soumis à des tarifs réglementés : une telle hausse doit être acceptée par les pouvoirs publics. Pour l'instant, la ministre a choisi de calmer le jeu : d'un côté regrette-t-elle d'avoir appris cette volonté avec "surprise" et "par voie de presse", la commission de régulation de l'énergie n'ayant été saisie d'aucune demande. De l'autre, reconnaît-elle devant les Sénateurs qu' "EDF devra investir pour répondre aux exigences du Grenelle de l'environnement et pour renouveler le parc électronucléaire dans des conditions de sécurité absolue. Or pour financer l'investissement, il y a les hausses tarifaires, mais il y a aussi les gains de productivité." Et d'ajouter : "Tout se passera dans la clarté et la vérité des prix".

 

Endettement, Grenelle et investissement...
Pourquoi une telle hausse est-elle réclamée par Pierre Gadonneix ? Interrogé par le groupe de l'énergie du Sénat, le président d'EDF avait rappelé l'endettement de l'entreprise (24,5 milliards d'euros en 2008), constatant que le prix de l'électricité est 30 à 40 % moins cher en France que celui de ses voisins européens. Sans oublier la nécessité d'importants investissements pour rénover son parc nucléaire, en prolongeant la durée de vie des centrales et en en construisant des nouvelles. Autre point important : le contrat obligeant l'entreprise à ne pas augmenter plus vite que l'inflation ses tarifs, prend fin en 2010.

 

Les réactions à la déclaration du PDG d'EDF ne se sont pas faites attendre. L'UFC-Que choisir dénonce ainsi "une provocation". Son président s'exprimant dans le Parisien de jeudi, a déclaré en effet que "la demande d'une hausse des prix de 20% ne peut être lancée de la sorte, sans explications, ni données chiffrées." Pour la CLCV, cette hausse est "totalement disproportionnée". Syndicats, politiques... Nombreux se sont exprimés contre cette hausse.

 

Reste que seul le Gouvernement pourra trancher : EDF doit lui en faire officiellement la demande, dite demande qui devra être transmise ensuite pour avis à la Commission de régulation de l'Energie.

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