L'architecte franco-hongrois, mort il y a tout juste un an, était le sujet d'une table-ronde animée par François Chaslin à l'Institut hongrois à Paris.

Pierre Vago, architecte français d'origine hongroise, né en 1910 est mort le dimanche 27 janvier 2002 à Noisy-sur-Ecole. Son oeuvre et sa " vie intense ", titre qu'il donna à ses mémoires, en ont fait un architecte emblématique des années 30, un avant-gardiste qui décela en Le Corbusier un être moins brillant que charismatique. Surtout, Pierre Vago représente un grand réformateur de l'organisation de la profession.

Cosmopolite, car originaire de Budapest, étudiant à Rome puis à Paris, et de nationalité française, dès l'âge de 23 ans, il a porté sur l'architecture un regard universalisant. Cherchant l'union d'une profession, il a " construit l'ouverture à l'international d'Architecture d'Aujourd'hui grâce à un réseau formidable ", selon l'architecte et historienne Hélène Jannière.

En effet, c'est à 21 ans que Pierre Vago devient le premier rédacteur en chef de cette revue, dans les pas de Pierre Bloc, fondée par E.M. Cahen. L'année d'après, en 1932, il fonde les Rencontres internationales d'architecture, dans l'objectif avoué de contrer le caractère exclusif du Cénacle que représentent les Congrès internationaux d'architecture modernes (CIAM), inféodé au Corbusier.

" Des centaines d'architectes, souvent de valeurs, admettent sans discuter les révélations et les ordres du Chef ", a-t-il écrit dans le numéro spécial d'Architecture d'Aujourd'hui (AA) consacré au Corbusier. C'est toujours dans cet esprit de refus du dogmatisme qu'il fonde l'Union internationale des architectes (UIA) en 1948, Union qui va englober au passage les CIAM et dont il restera président d'honneur jusqu'à sa mort.

Pour Maurice Culot, architecte, responsable du programme Histoire à l'IFA et co-organisateur de cette table ronde, Pierre Vago était un être " extrêmement jeune, extrêmement dynamique, toujours en voyage, toujours en conférence à l'autre bout du monde ".

De ses voyages et de ses rencontres, il aura gardé un regard cosmopolite sur l'art de construire. Et des traces brillantes de ce regard se retrouvent dans son ?uvre, immense, dont on peut ne mentionner que l'aménagement de la grotte Saint Thérèse de Lisieux, à Lourdes, la Basilique souterraine dédiée à Pie X, des églises à Marseille, Arles, Le Mans, Saint-Cyr ou Salies-du-Sabat.

En dehors de son oeuvre religieuse, importante chez celui qui fit son éducation à Rome, il a travaillé à Tarascon, à Beaucaire, en Algérie et en Tunisie, en Allemagne, où il a notamment construit la bibliothèque universitaire de Bonn et transformer le quartier de Hansa à Berlin.

A la fin de cette table ronde commémorative, l'Institut hongrois avait organisé le vernissage d'une exposition, dans ses locaux du 92, rue Bonaparte à Paris, consacrée à l'oeuvre de l'architecte. Ouverte désormais au public, du 15 janvier au 4 février, tous les jours de la semaine de 9h à 13h et de 15h à 20h, sauf le vendredi où elle ferme à 18h, elle expose des photographies et des documents originaux en provenance de l'Institut français d'architecture.

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