INQUIÉTUDE. Les pénuries de matériaux continuent de poser problème pour les entreprises. La Fédération française du bâtiment (FFB) compte sur le projet de loi de finances pour 2022 pour faire passer des mesures "exceptionnelles" de soutien.

La situation résultant des pénuries de matières est "intenable" : ce sont les propos d'Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui intervenait ce 21 septembre 2021 au salon Equip'baie, à Paris. La profession demande donc à ce que des mesures "exceptionnelles" soient prises, pour 2022, via le projet de loi de finances. "Nous voulons l'indexation des marchés, car personne n'était en capacité d'anticiper la situation actuelle", a-t-il ainsi avancé. "Et nous demandons un crédit d'impôt, sur les augmentations de nos indices BT, pour les contrats signés avant janvier 2021." La FFB compte être entendue, le PLF devant être présenté le 22 septembre.

 

Un trou dans la raquette : les marchés privés et déjà conclus

 

Les professionnels reconnaissent que les mesures déjà actées par les pouvoirs publics - recommandations aux acheteurs publics en vue d'un gel des pénalités, mise en place d'un médiateur pour contrôler les possibles effets d'aubaine et les pratiques peu scrupuleuses - ne sont pas rien. L'organisation se félicite par ailleurs d'avoir signé un accord de principe avec les bailleurs sociaux. "Mais sur les marchés déjà conclus et les marchés privés, rien n'est établi", a regretté Olivier Salleron.

 

 

A l'occasion de son intervention, le président de la FFB a également évoqué un autre frein potentiel à la reprise économique : le manque de main-d'œuvre. "Alors qu'il y a quatre millions de chômeurs dans notre pays, il est insupportable de voir nos entreprises se heurter" à ces difficultés, a regretté Olivier Salleron, et ce "sur tous les métiers et tous les postes". La FFB travaille à une grande campagne de communication nationale, qui devrait être diffusée en février-mars 2022, visant à attirer les jeunes vers le secteur du bâtiment. "La convention que nous avons signée avec Pôle emploi fonctionne très bien, ainsi que l'opération '15.000 bâtisseurs' dans les quartiers prioritaires de la ville : il y a déjà eu 10.000 signatures de contrats", s'est-il félicité. La tenue des finales des Olympiades des métiers, à Lyon en 2024, aura par ailleurs vocation à constituer une vitrine pour ces métiers.

 

L'attractivité des métiers, en lien avec la numérisation ?

 

L'attractivité des métiers est l'un des points qu'avait abordé, quelques minutes avant le président de la FFB, le paléoanthropologue Pascal Picq, invité à Equip'baie en tant que grand témoin. Pour lui, cette donnée est indissociable de la numérisation des métiers, au sein de la "phase d'évolution extrêmement rapide" que nous serions en train de vivre actuellement. Il tient par dessus tout à combattre une idée reçue : celle de dire que l'automatisation et la numérisation des tâches viendraient supprimer des emplois. C'est plutôt l'inverse qui devrait se produire, assure l'expert, dans un contexte de développement de l'écosystème du numérique. "Plus il y a d'acteurs dans un secteur, plus il y a d'innovation, de créativité, et donc plus d'activité." En matière de numérique, le principe de 'jumeau numérique' du bâtiment lui paraît incontournable, offrant la possibilité de s'appuyer sur une maquette numérique tout au long de la vie du projet, jusqu'à l'exploitation. Ce pourquoi il milite pour l'introduction du Bim obligatoire en marchés publics. Pour Pascal Picq, les salariés séniors n'ont aucune inquiétude à se faire, par ailleurs, dans la mesure où l'on est en capacité d'apprendre à chaque âge de la vie.

 

"Nous allons tous devoir réfléchir sur nos tâches", a-t-il continué. "Quelles sont celles que les humaines font le mieux ? Que les machines font le mieux ? Quelles sont celles que nous pouvons hybrider, avec des cobots [robots collaboratifs, NDLR], des drones, des assistants vocaux ?" Un travail qui reste à faire dans le bâtiment, et qui permettrait probablement, à terme, d'attirer davantage de travailleurs, notamment des femmes. "Plus il y a de technologie, plus les métiers peuvent être exercés par tout le monde."

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